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    Trek to Yomi, superbe hommage aux films de samouraïs d'Akira Kurosawa
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Disponible ce 5 mai, Trek to Yomi, développé par le studio polonais Flying Wild Hog et édité par le label indé Devolver Digital, est un très bel hommage aux films de Chanbara d'Akira Kurosawa, nimbé d'une direction artistique absolument splendide.

    Devolver Digital / Flying Wild Hog

    Cela fait déjà de nombreuses années que la Pologne est devenue une terre d'élection, sinon de prédilection, pour la création de jeux vidéo. Le studio CD Projekt Red évidemment, géniteur de la saga vidéoludique The Witcher, en constitue le fer de lance et le symbole le plus évident. Mais de nombreux autres studios ont su se ménager une certaine visibilité, comme Flying Wild Hog.

    Fondé en 2009 et basé à Varsovie, il est surtout connu pour son savoureux reboot d'une licence culte, le FPS Shadow Warrior, sorti en 2013, qui connaîtra deux suites; la dernière venant tout juste de sortir d'ailleurs. Si le studio a quand même soufflé le chaud et le froid dans ses productions passées, il effectue un virage surprenant en livrant un jeu disponible depuis ce 5 mai et édité par le label indé Devolver Digital : Trek to Yomi.

    Les toutes premières images du jeu, présentées il y a quelques mois, avaient à juste titre beaucoup fait parler d'elles. Visuellement splendide, en noir et blanc présentant un grain cinéma lui conférant la patine des films anciens, le jeu se veut être un hommage aux films de Chanbara (films de sabres), en particulier ceux d'Akira Kurosawa, dans sa période SanjuroYojimbo et Les 7 samouraïs.

    Ci-dessous, la bande-annonce du jeu...

    Créé par Leonard Menchiari, ce dernier avait ébauché l'idée de ce jeu au tout début des années 2000, déjà. Son credo : un hommage aux films de samouraïs des années 50 et 60, dans un souci d'authenticité absolu. "L'authenticité est quelque chose de fondamental pour nous, et tout ce que nous avons fait a été soigneusement conçu en gardant à l'esprit la culture japonaise ancienne, les croyances religieuses, la façon dont une épée est censée être accroché au mur, la façon dont un kimono est censé être noué...." explique le Game Director.

    "Trek to Yomi est une expérience cinématographique sur la vie et la mort qui se déroule durant l'ère Edo à travers les yeux d'Hiroki, un jeune épéiste qui a juré de protéger sa ville et les gens qu'il aime contre toutes les menaces. Confronté à la tragédie et tenu au devoir, le samouraï solitaire doit voyager au-delà de la vie et de la mort pour se confronter et décider de sa voie à suivre" raconte Menchiari, qui avait commencé à travailler sur le jeu dans son coin, avant de venir chez Devolver présenter une première ébauche, en 2013.

    Le jeu est un voyage sanglant, initiatique, au fin fond du Yomi. Dans la mythologie shintoïste, l'univers se partage entre trois royaumes principaux : celui du ciel, celui de la Terre, et le monde souterrain, qui est en réalité le royaume des morts. Le Yomi no kuni ou Yomi, le monde de l'impur.

    Une somptueuse direction artistique

    La très grande force de Trek to Yomi, qui déroule son récit tout au long de 7 chapitres se parcourant en environ 5/6 h de jeu, c'est incontestablement sa direction artistique, absolument sublime. Loin d'être un simple gimmick ou effet de style, le choix du noir et blanc donne une profondeur de champ souvent stupéfiante à ce jeu qui est en 2D avec un zest de 3D, offrant un souci du détail impressionnant, et des contrastes magnifiés par de splendides effets d'éclairage et d'ombres chinoises.

    Pour tout dire, d'un point de vue purement esthétique, le noir et blanc de Trek to Yomi et son rendu n'a rien à envier au mode Kurosawa proposé dans le jeu Ghost of Tsushima, sorti en 2020. Un jeu dont le budget de développement fut très, très au-dessus des moyens de Flying Wild Hog; même s'il était, il est vrai, un Open World.

    Dans des tableaux épurés qui se succèdent, à la zénitude toute relative, Hiroki avance sabre à la main pour se frayer un passage entre les vivants et les morts, face à des ennemis pas forcément très variés, mais occis avec une fluidité et une gestuelle des combats à laquelle le studio a apporté un grand soin.

    Flying Wild Hog

    Si le jeu est emballé dans un superbe écrin, il n'est pas exempt non plus de défauts. Des choix de cadrages pas toujours heureux par exemple, où l'on peine à voir et détacher le personnage de son environnement, parfois écrasant, pour trouver la suite du chemin. Et, peut-être le plus important, au bout du compte, une répétitivité dans le Gameplay; le but n'étant finalement que d'avancer en faisant passer de vie à trépas ses ennemis, fantômes ou non.

    A ce titre d'ailleurs, on vous conseille fortement de ne pas faire le jeu en niveau de difficulté le plus bas, soit "Kabuki", mais de commencer au moins en "Bushido", qui correspond à une difficulté normale et saura vous donner un minimum de challenge dans les combats sans donner l'impression de rouler sur le jeu. Le niveau de difficulté ultime, baptisé "Kensei", ne se déverrouillera qu'une fois le jeu terminé une première fois. Autant vous dire qu'il est impitoyable et punitif au possible : si vous êtes touché, vous êtes mort.

    En dépit des quelques réserves émises plus haut, Trek to Yomi mérite vraiment le détour. Pour la modestie de son prix, déjà, entre 18-20 €. Pour son histoire qui se suit avec intérêt et ne se contente pas d'être un simple prétexte, même si on reste sur un sentier très balisé. Pour sa direction artistique somptueuse. Et parce que, in fine, permettre à ce jeu d'être un vrai succès est aussi une manière de dire aux éditeurs que, non, il n'y a pas que les suites, remakes et autres franchises rincées depuis des années qui fonctionnent. La prime à l'originalité et à la prise de risques est tout aussi, sinon bien plus, valorisante.

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