Il aura fallu près de trois ans d’attente pour découvrir la saison 2 de Gentleman Jack, en diffusion US+24 sur OCS City à partir de ce mardi 26 avril. Adaptée des ouvrages autobiographiques de l’autrice Anne Lister, la série suit l’histoire d’amour entre deux femmes dans l’Amérique rurale des années 1830.
Afin de mieux comprendre les enjeux de cette seconde saison, nous sommes allés à la rencontre de la créatrice et showrunner du programme Sally Wainwright (Happy Valley), accompagnée des deux actrices principales, Suranne Jones et Sophie Rundle.
Comment êtes-vous entrées dans la peau des personnages ?
Suranne Jones (“Anne Lister”) : Sally est une scénariste incroyablement talentueuse et les personnages sont très bien écrits. Anne Lister a écrit plus de cinq millions de mots dans son journal intime. Son journal fut donc une grande source d’inspiration pour mieux la comprendre et la cerner. Elle décrit tout avec une précision saisissante; l’heure à laquelle elle se lève, ce qu’elle mange, à quelle heure elle va à l’église, quel temps il fait, etc...
Il y avait tout cet univers sur papier qui a guidé chacun de nos pas. Nous avons également une équipe de costumiers, maquilleurs, et de coiffeurs fantastiques pour nous aider à rentrer dans la peau de nos personnages
Quel est le thème principal de cette seconde saison ?
Sally Wainwright (créatrice / showrunner) : Cette saison est vraiment focalisée sur la relation entre Anne Lister et Ann Walker. Comment leur relation va faire face à une société hostile. Elles vont ressentir la pression de cette société qui les juge sans cesse et aussi de leurs familles qui n’acceptent pas cette union. Ann Walker doit apprendre à faire vivre cette relation envers et contre tout. Elle va donc devoir trouver un moyen de vivre en harmonie avec Anne Lister, ce qui n’est pas toujours simple.
Sophie Rundle (“Ann Walker”) : Oui, cette saison explore davantage la relation de mon personnage avec Anne Lister. Je pense que la première saison était une fable sur le début de la romance entre ces deux femmes. Leur “nuit de noce” est passée et elles doivent désormais faire face à de nouveaux obstacles. La saison 2 explore la difficulté rencontrée par ces deux femmes à afficher publiquement leur amour.
Suranne Jones : Je suis entièrement d’accord avec Sophie. Dans cette saison, Anne Lister s'interroge sur ce que signifie vraiment de vivre avec une autre femme. C’est incroyable de voir à quel point il était impensable au XIXe siècle pour bon nombre de gens d’accepter le mariage pour tous ! Cette saison nous permet de rendre hommage au courage et à la réussite de ces femmes qui étaient en avance sur leur époque.
En quoi cette série aborde-t-elle un sujet contemporain ?
Sally Wainwright : Je sais que c’est une histoire moderne car je reçois énormément d’e-mails écrits par femmes venues du monde entier. Cette série montre toute la richesse que les histoires d’amour entre deux femmes peuvent avoir.
Cette histoire se déroule il y a deux siècles et c’est fabuleux de voir comment vivaient ces femmes à l’époque. Je pense qu’elles sont un exemple pour les femmes d’aujourd’hui. Ce qui est moderne c’est également la manière dont nous filmons cette série, notamment avec le personnage d’Anne qui s’adresse directement à la caméra. Cette idée m'est venue à la lecture du journal intime car en le lisant j’avais vraiment l’impression qu’Anne s'adressait directement à moi. C'est pour cette raison que nous avons voulu créer une connexion directe entre le personnage et les téléspectateurs de la série.
Suranne Jones : Pour moi cette série est vraiment un drame punk-rock des temps modernes ! La série n’est pas un simple portrait des femmes du 19ème siècle, elles nous sont montrées telles qu'elles étaient réellement : elles laissent tomber leur corset, elles jurent, elles pètent, elles sont à la fois authentiques et modernes. Tous les thèmes abordés par cette série comme la question de l’identité sexuelle, le rôle de la femme dans la société, sont des sujets qui concernent également notre époque. Il est intéressant de constater qu’il s’agissait déjà de sujets d’actualité au 19ème siècle.
Sophie Rundle : La quête d'identité, qui est le thème principal de cette série, est vraiment un sujet qui parle à notre époque. Plus que jamais, chacun se cherche, se trouve et s’affirme dans une société qui fait davantage preuve d’ouverture d’esprit, de tolérance et d’inclusion.