S’ils ne connaissent peut-être pas leurs noms, les fans de l’univers d’Harry Potter connaissent pourtant bien leurs innombrables créations : Miraphora Mina et Eduardo Lima sont les graphistes attitrés de la saga magique depuis les premiers films au début des années 2000.
Surnommé MinaLima, le duo a aussi travaillé sur les trois volets des Animaux fantastiques, dont le dernier, Les Secrets de Dumbledore, actuellement à l'affiche, qu’ils ont évoqué au micro d’AlloCiné.
Quelle est la chose que vous avez préféré créer pour Les Animaux fantastiques 3 ?
Miraphora Mina : On avait beaucoup de nouveaux mondes à imaginer, mais je pense qu’aller à Bhoutan - et avoir cet environnement complètement nouveau qui était très local, très primitif d’une certaine façon dans son style et parce que c’était si loin et séparé des villes, mais aussi de tous ces dogmes auxquels on était habitués dans le monde d'Harry Potter - c’était une opportunité de réimaginer certains des symboles, figures, formes et styles qui pourraient être dans cette destination magique et sacrée, que l’on n’avait encore jamais vue.
Et évidemment, la première fois qu’on le fait, c’est à travers le portoloin. Créer le design de l’esprit de cet objet qui est dans la Salle sur Demande était une tâche amusante. L’idée est toujours de faire sentir aux gens que c’est magique plutôt que de leur montrer. On voulait apporter un esprit de magie, c’était une joie à faire.
Eduardo Lima : Une autre grosse partie de notre travail sur ce film, c’était les élections. Nous avons dû créer tout le matériel pour les partisans de Santos, Tao et Grindelwald. Et pour moi, spécifiquement, avoir un petit peu de Brésil dans ce film me tient vraiment à cœur puisque j’en viens. Donc créer l’insigne pour le Ministère de la Magie et tous les autres supports de Vicência, c’était fantastique.
Et quel a été le design qui vous a donné le plus de mal ?
Miraphora Mina : Lorsque nous allions dans les mondes moldus dans Harry Potter, c'était un peu ennuyeux parce que c'était contemporain. Mais dans la saga des Animaux fantastiques, c'est toujours génial parce que nous devons donner vie aux rues des années 30 assez souvent. On l’a fait pour New York, Paris et maintenant Berlin. Mais en raison de la façon fantastique dont ces films sont réalisés, tout est fait presque entièrement en studio.
Ainsi, les rues sont toutes construites en studio. Pour créer de très nombreuses rues qui donnent l'impression de faire partie d'une ville entière, nous devons condenser le tout dans un espace plus petit, mais utiliser des graphiques pour faire en sorte que cet espace unique donnent l'impression d'être trois ou quatre lieux différents. C'est un véritable défi, car cela devient une sorte de logistique organisationnelle.
Eduardo Lima : C’est la magie du cinéma !
Miraphora Mina : Je suis sûre que les gens, lorsqu'ils verront le film, se diront que c'est le même coin de rue avec un magasin différent. Il faut tout le temps essayer de remodeler les pièces que l'on a sur le plateau et suggérer au public qu'il s'agit d'une partie complètement différente de Berlin. C'est un véritable défi, car il s'agit en fait de quelque chose de très organisationnel, plutôt que d'être libre d'imaginer.
Vous avez conçu d'innombrables designs pour l'univers d'Harry Potter. Quelle est la création dont vous êtes les plus fiers ?
Miraphora Mina : Cela peut sembler un peu général, mais je pense qu'après 20 ans d'implication créative, chaque fois que nous parlons à des fans et qu'ils nous disent très gentiment que nous avons aidé à donner vie à ce monde, c'est en fait ce qui vous rend vraiment fier. Parce que vous pensez en quelque sorte, “Mon Dieu, nous avons aidé à façonner ce monde fictif pour tant de gens” et nous ne savions pas vraiment que ça allait être le cas !
Lorsque nous avons commencé, on a travaillé sur un film et ensuite sur le film suivant et vous essayez juste de travailler pour chaque projet. Mais la somme de toutes les parties à la fin, quand vous avez fait 11 films pour la franchise, c'est ce qui vous rend fier, quand vous rencontrez des fans, et c'est l'expression de leur plaisir et de leur joie d'avoir grandi avec ça.
Eduardo Lima : Et aussi de savoir que d'une manière ou d'une autre nous avons inspiré des gens à devenir des graphistes ou à avoir une passion pour la réalisation de films. C'est aussi le meilleur paiement !
Parmi vos créations les plus iconiques, on trouve la fameuse Carte du Maraudeur. Pouvez-vous nous parler de son élaboration ?
Eduardo Lima : C’est l’un de nos designs préférés.
Miraphora Mina : Oui, je pense que c'est probablement l'un de nos préférés. Lorsque nous créons ces pièces, si elles sont très présentes dans l'histoire en faisant partie d'une scène ou en faisant avancer l'intrigue, pour nous, elles deviennent en quelque sorte un personnage en soi. C'est presque comme si vous aviez les acteurs, les personnages, et puis vous avez parfois une pièce très spéciale qui fait partie de cette situation.
Pour nous, c'était une chose très vivante, la carte du Maraudeur. Et le plus important, c'est que nous devions trouver la clé du style, parce que personne n'a dit comment devait être cette carte et dans les livres, elle est très générale et décrite comme un morceau de papier, je crois, un morceau de parchemin. Mais pour y arriver, il faut comprendre qui a fait cette carte.
Et donc, dès le début, nous devions nous assurer que ce n'était pas nous qui dessinions la carte, mais ces quatres Maraudeurs et nous en savons un peu plus sur eux grâce à la fiction. Et je pense que si vous comprenez la personnalité de la personne derrière la pièce, alors vous pouvez commencer à trouver des indices visuels pour vous aider. Donc dans ce cas, ils étaient un peu rusés et créatifs et un peu effrontés et vilains.
(...) [La carte] reflète aussi l'architecture de l'école et le fait que les étudiants ne savent pas toujours où ils sont avec les escaliers qui bougent et c'est une sorte de caverne sans fin de couloirs. Donc nous voulions qu'il y ait ce mystère tridimensionnel aussi.
Notre interview avec les acteurs des Animaux fantastiques 3 :