Sous une chaleur écrasante, une poignée de soldats traversent le désert du Mali. Ils ne le savent pas encore, mais en une fraction de secondes, leurs vies vont basculer après une embuscade. Avec Sentinelles, les créateurs Frédéric Krivine (Un Village français) et Thibault Valetoux (Totems) s’intéressent à l’opération antijihadiste Barkhane menée par les troupes françaises dans l’État africain. Bien que le président de la République Emmanuel Macron annonçait, le 17 février dernier, le retrait militaire au Mali, le sujet est encore d’actualité.
Composée de sept épisodes, la série dresse le portrait de ces hommes et femmes sur le terrain. Il ne s’agit pas là d’une histoire sur la guerre, mais sur les cicatrices, les complexités et les questionnements de ceux qui combattent. “Avec ce projet, j’avais envie de démystifier cette grande muette qu’est l’armée, lance Louis Peres (Germinal), qui tient l’un des rôles principaux. Sentinelles va au plus près des personnes qui sont derrière l’uniforme.”
Après quelques jours de formation avec des professionnels, le tournage commence en France pour les scènes dans la caserne et les fourgons blindés. “On était dans un studio, assis dans une boîte en carton. Le décorateur s’asseyait dessus pour la faire bouger, se rappelle l’actrice Pauline Parigot. On a commencé dans des conditions faciles, puis après la réalité nous a rattrapés.” Après une dizaine de jours dans l’Hexagone, l’équipe s’est envolée au Maroc pour tourner les séquences situées au Mali.
En plein été, pendant deux mois et demi, l’expérience a été extrême. “Même les locaux nous disaient qu’on était fous, s’amuse Louis Peres. La température est montée jusqu’à 58 degrés. D’ailleurs, les caméras se sont arrêtés à plusieurs moments.” Pour supporter l’équipement, les acteurs ont fourni un important travail corporel, mais pas seulement. “Contrairement aux Américains, qui misent beaucoup sur la préparation physique, on a surtout eu une approche à la française, à savoir intellectuelle”, précise Pauline Parigot.
J’ai pris du plaisir à être sapée comme les hommes.
Dans Sentinelles, l’actrice incarne une lieutenant qui peine à imposer son autorité face aux soldats. En réalité, il existe très peu de femmes lieutenants dans l’armée. “Les hauts gradées occupent plutôt des postes dans la communication, explique-t-elle. Quand on me voyait avoir des difficultés à porter le costume, on me rappelait que c’était pour ça qu’il n’y avait pas de lieutenant, mais l’aspect physique, ça se travaille.”
Pour composer son personnage, Pauline Parigot a rencontré une sergent-chef en section de combat : “Elle m’a livré les épreuves qu’elle avait pu vivre en tant que femme. L’armée est est un milieu violent, mais paradoxal. Les différences entre les genres sont à la fois exacerbées et annihilées. J’ai pris du plaisir à être sapée comme les hommes.”
Sous les traits de Julien, Louis Peres joue un homme en proie à la culpabilité après un terrible accident. “C’était déjà très écrit, il y avait juste à s’imprégner de ce qu’il y avait noir sur blanc, fait-il savoir. En tant qu’acteur, il faut se demander pourquoi. Pourquoi il réagit comme ça et en essayant d’y répondre, on trouve des arches et sous ces arches, on va essayer de construire notre personnage et c’est là qu’on en parle au réalisateur, Jean-Philippe Amar. De cette discussion, émerge encore un autre personnage. Ensuite, on met tout à l’épreuve du tournage et on réagit simplement avec ce que les collègues nous renvoient. Tout est une question de confiance.”
Propos recueillis par Thomas Desroches, à Lille, le 22 mars 2022.
Sentinelles est disponible sur OCS dès le 5 avril.
Retrouvez le numéro de notre podcast Rencontres avec Samy Sedhir, à l'affiche de la série "Sentinelles" :