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    Mise à nu : "J'avais mes limites"... Julie de Bona évoque la nudité dans le téléfilm glaçant de France 2
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Bercé dès l’enfance au rythme de Sous le soleil, de P.J., ou des sagas de l’été, il se passionne de plus en plus pour les séries françaises au fil du temps. Et les dévore aujourd’hui (presque) toutes, de Balthazar à Scènes de ménages, en passant par Hippocrate, Candice Renoir, Ici tout commence.

    Le téléfilm "Mise à nu", inspiré de faits réels, est diffusé ce soir sur France 2. Julie de Bona, qui joue une femme victime de revenge porn et de cyberharcèlement, nous a parlé de cet unitaire très fort, de ses scènes de nudité, et de ses projets.

    Après Plan B, Service volé, ou encore la comédie romantique Je l'aime à mentir l'an dernier, Julie de Bona endosse ce soir le rôle de Sophie Parlier, une femme victime de revenge porn, dans le téléfilm coup de poing Mise à nu, diffusé à 21h10 sur France 2.

    Inspiré de faits réels, cet unitaire réalisé par Didier Bivel (Emma Bovary) raconte l'histoire d'une mère de famille qui, après une aventure avec le libraire du coin, voit sa vie virer au cauchemar. Pour lui faire payer son rejet, l'homme en question a fait de leurs nuits d'amour une arme en exposant sur Internet des vidéos de leurs rapports intimes. Un viol de son intimité contre lequel Sophie va essayer de se battre, coûte que coûte.

    Julie de Bona, qui offre une prestation de haut vol dans Mise à nu, nous a parlé de ce téléfilm nécessaire, des scènes de nudité qu'elle a tournées pour les besoins de l'histoire, et de sa collaboration avec Julien Boisselier, son partenaire de jeu, avec qui elle a remporté en duo le prix d'interprétation à Luchon en début d'année.

    AlloCiné : Au-delà du personnage très fort que vous incarnez, est-ce que c’est aussi l’idée de pouvoir aborder le sujet du revenge porn et du cyberharcèlement, encore peu traité en fiction en France, qui vous plaisait à travers ce rôle dans Mise à nu ?

    Julie de Bona : On m’a proposé le téléfilm il y a deux ans, et à cette époque-là on n’en parlait pas du tout. J’ai découvert la violence du sujet en lisant le scénario et en parlant avec la femme qui a inspiré le personnage de Sophie Parlier. Je me suis rendue compte des dégâts que ça peut faire sur une vie et sur son intimité.

    Les plaintes pour cyberharcèlement aboutissent encore trop rarement. Le message du téléfilm n’est-il pas de dire aux victimes de ne surtout pas s’isoler et de parler ?

    Bien sûr. Il y a des associations, mais il n’y en a pas tant que ça. Et il faut surtout être entouré. C’est un vrai fléau, ça fait dix ans que ça existe vraiment en France, et maintenant ça explose. Et les victimes s’isolent parce qu’elles ne savent plus comment faire pour s’en sortir. Il y a encore plus d’isolement que pour un viol physique. Sur internet, c’est "inlavable". Il y a des traces à vie de cette violence. Même pour les petits-enfants ça restera. Il y a une honte qui se pose vis-à-vis de la société. Les victimes ont l’impression que c’est écrit sur leur front. Il n’y a plus vraiment de moyens de se protéger et elles s’isolent encore plus.

    Mais le téléfilm leur dit "Sortez, allez vous battre, il y a des moyens". Par contre, c’est hyper dur. Il y a des sociétés qui nettoient. On paye et durant un an ils nettoient tout ce qu’il y a sur internet. Il y a des moyens, et il faudrait que ces frais soient remboursés. Mais ça peut anéantir. Même au bureau, tout le monde a vu vos ébats sexuels. C’est très humiliant, ça colle à la peau.

    C’est important d’en parler pour que les gens ne se sentent pas coupables. Ils sont victimes, ils n’ont rien fait. Ils n’étaient pas d’accord, il n’y avait pas de consentement. Et si jamais ils ont fait une vidéo érotique, ou qu’ils ont montré une partie de leur intimité à un amoureux, en qui ils avaient confiance, ce n’est pas eux les criminels, ils ne sont pas coupables. C’est comme quand tu as mis une mini-jupe, tu n’as pas à être violée. Le vrai drame c’est la personne qui divulgue ton image sans ton consentement.

    Gilles Gustine/FTV/Adrénaline

    Il y a une scène dans le téléfilm où un policier dit à Sophie "Assumez", et qui représente bien ce genre de discours qu'on ne peut pas accepter d'entendre...

    Oui, "Assumez, vous avez fait des vidéos, il faut assumer". Je m’énerve à ce moment-là d'ailleurs. J’ai quand même rajouté quelques scènes, comme lorsqu’elle accepte de montrer ses seins au début dans un moment d’intimité, de beauté, et de pureté. Pour qu’on comprenne que dans les jeux amoureux, quand on est fragile et qu’on vient de rencontrer quelqu’un, il y a des choses qu’on peut faire sans mauvaises intentions.

    C’est la beauté de l’histoire d’amour, mais c’est dangereux. Même si Sophie n’est pas responsable et coupable de ça. Et pareil quand il lui demande de lui faire une photo de sa petite culotte, ce sont des jeux érotiques amoureux, il n’y a pas de crime là-dedans.

    Il y a effectivement de la nudité dans le téléfilm. Comment avez-vous abordé ces séquences avec le réalisateur Didier Bivel ?

    Je trouve qu’il a été extraordinaire, j’ai adoré travailler avec lui. C’était tout le sujet, donc il fallait quand même que j’y aille. C’est la première fois pour moi, je n’ai jamais été confrontée à ce genre de scènes dans ma carrière, en vingt ans. Ce n’est pas ce que je dégageais, on ne m’avait encore jamais proposé ça. Donc là, je trouvais ça intéressant. Il fallait que je montre un petit peu pour que le téléspectateur soit choqué, comme le personnage, pour qu’il comprenne que ça abîme totalement son image et que c’est hyper trash et violent pour Sophie.

    Mais moi, Julie, l’actrice, je reste encore très pudique là-dessus, je ne montre pas grand-chose. Donc il fallait trouver le juste milieu. On a beaucoup discuté de ça avec Didier et je trouve qu’il a été très délicat. À chaque fois, il y a une distance. Il me montre à travers le téléphone. Au procès, c’est dans le reflet de la vitre qu’on voit l’écran. C’est quand même choquant, et il y a évidemment des choses que je n’ai pas acceptées de filmer. J’avais mes limites à moi.

    Mais de toute façon France 2 était d'accord sur quelque chose d'assez sobre. Personne ne voulait qu’on aille plus loin. Mais il fallait ce juste dosage pour qu’on ait envie de protéger Sophie Parlier et pour comprendre à quel point c’est dévastateur. Et si je ne le fais pas, je ne me mouille pas. La mise à nu n’est pas totale.

    Apprendre à t’aimer, Service volé, maintenant Mise à nu. Vous avez joué dans plusieurs fictions sociétales récemment. C’est important pour vous de sensibiliser à travers la fiction ?

    C’est beaucoup plus fort, plus impactant personnellement quand on joue un sujet de société. J’en avais envie, j’en avais besoin, c’était une période de ma vie où il fallait que je le fasse pour trouver du sens. Mais j’ai envie aussi de comédie. Divertir ça fait du bien. En ce moment, ça pourrait même sauver des vies.

    Après, si je peux me sentir citoyenne et utiliser mon art et mes émotions au sujet d’un sujet de société, c’est super, c’est agréable. Et sur le plateau c’est très particulier. Toute l’équipe est là pour défendre un sujet, on fait corps. Les égos sont mis de côtés, il y a une très bonne ambiance, très bienveillante, très enveloppante. C’est très agréable en tant que comédienne.

    Gilles Gustine/FTV/Adrénaline

    Il y a un super casting autour de vous. C’était une motivation supplémentaire au moment d’accepter le rôle ?

    Oui, avec Julien Boisselier, c’était génial. Quand j’ai su qu’il jouait dans le téléfilm, je me suis dit "C’est génial, c’est gagné". Parce que tout dépendait du partenaire que j’avais en face. J’aime beaucoup son jeu, je le trouve tellement subtil. On ne le voit pas arriver. On tombe vraiment amoureux du personnage. C’est un mec élégant, fin, subtil. Le téléspectateur peut comprendre pourquoi elle est tombée amoureuse de lui. Et il n’y a pas de shift à la serial killer, où il se dévoile comme quelqu’un d’autre. Il est subtil, c’est le même personnage qu’au démarrage. Il le fait avec une telle subtilité qu’à la fin c’est le même. Je trouve qu’il fait encore plus flipper. Et il me donne de la matière à jouer.

    Mais, c'est vrai qu'au global c’est un très beau casting. Sophie Cattani est super, Samy Gharbi aussi. Julien De Saint-Jean, qui incarne mon fils, est incroyable. Il va exploser. Et physiquement il y a vraiment un truc, on dirait que c’est mon fils.

    Vous avez reçu le prix d’interprétation à Luchon avec Julien Boisselier pour Mise à nu. Est-ce que c’est important la reconnaissance de la profession pour un comédien ?

    C’est agréable. C’est le premier. Mais je ne le fais pas pour ça. Le public me donne beaucoup d’amour. Quand on me félicite pour un rôle je suis hyper touchée. En plus, j’ai déjà été dans un jury, les prix ça ne veut pas dire grand-chose. On le sait, c’est tellement compliqué de donner un prix. Il y a tellement d’aléas, de choses qu’on ne maîtrise pas du tout.

    Quand on n’a pas le prix d’interprétation et qu’on a fait une bonne prestation, il ne faut pas le prendre comme un rejet de son travail. Et c’est pareil quand on a un prix, il ne faut pas être flatté plus que ça. Mais je le prends comme un cadeau. Pour nous deux, pour Julien et moi. Je me dis qu’on a bien fait notre travail. Comme on a été très complices sur le tournage, on a bien bossé tous les deux, il y a eu beaucoup de respect, beaucoup de professionnalisme, je l’ai pris comme une manière de nous dire "Vous avez bien bossé les gars".

    Mise à nu
    Mise à nu
    Sortie : 30 mars 2022 | 1h 30min
    De Didier Bivel
    Avec Julie de Bona, Julien Boisselier, Edouard Montoute
    Presse
    3,3
    Spectateurs
    3,7

    Quels sont vos projets après Mise à nu ? Il y a évidemment Les Combattantes qui arrive dans les mois à venir sur TF1, par la même équipe que Le Bazar de la charité...

    Les Combattantes c’est une grande histoire d’amour avec le réalisateur Alexandre Laurent, qui m’avait déjà fait tourner dans Le Secret d’Elise et Le Bazar de la charité. J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour son travail. Il progresse de série en série, je suis très heureuse de l’avoir retrouvé. La productrice, Iris Bucher, est également à la tête de ce nouveau projet. Donc c’est vraiment une histoire de famille et d’amour avec Alexandre Laurent, avec la production, et avec TF1.

    Aussi bien Le Secret d’Elise que Le Bazar de la charité m’ont révélée à un public. Donc à chaque fois je suis flattée d’être aussi bien filmée par ce réalisateur. J’étais très heureuse d’y aller, quoi qu’il arrive. C’est un nouvel opus du Bazar, mais ce n’est pas la suite, ce n’est pas un prequel, ni un spin-off. C’est un nouvel opus de cette collection. On a juste pris les mêmes actrices et on les a mis dans des personnages différents. Mais la marque de fabrique du Bazar est là.

    On se demande ici quelle était la place des femmes durant la Première Guerre mondiale. Car il y a un monument aux morts pour les chevaux morts durant la Première Guerre, mais il n’y en a pas pour les femmes qui ont perdu la vie durant cette période. Donc Iris s’est dit qu’il était temps de parler du rôle de ces femmes. J’ai un rôle inattendu. Car ils ont écrit pour moi et finalement je suis la mère supérieure du couvent (rires). Je trouve ça génial car, après avoir joué une grande brûlée dans Le Bazar, c’est à nouveau un rôle très inattendu. Je me demande parfois comment Alexandre me voit (rires). Mais c’est à chaque fois un gros challenge, car il faut être crédible.

    C’est encore plus gros que Le Bazar. Le premier épisode du Bazar était très fort en mise en scène, et après c’était un peu moins spectaculaire. Là on est un peu plus spectaculaire dans tous les épisodes. C’est vraiment du grand spectacle. On est quatre femmes de la Première Guerre mondiale, car Sofia Essaïdi est venue nous rejoindre Camille Lou, Audrey Fleurot, et moi, et c’est vraiment un bel éventail des rôles des femmes pendant la guerre.

    Avant ou après ça, je ne sais pas encore, il y aura également la série La Maison d'en face sur M6. C'est un thriller à la Desperate Housewives très choral. Il y a aussi du théâtre qui se profile. Et j’ai envie de comédie, donc j’envoie des signaux.

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