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    Titanic : oubliez Jack & Rose, voici la VRAIE histoire d'amour !
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    La funeste idylle entre Rose et Jack dans le Titanic de James Cameron a fait pleurer des centaines de millions de spectateurs dans le monde. Mais il y aussi une autre histoire d'amour dans le film, authentique celle-là, et aussi poignante...

    Paramount Pictures

    Si le Titanic de James Cameron a très longtemps été un insubmersible absolu du côté du box office mondial, au moins jusqu'à ce que l'intéressé se succède à lui-même avec Avatar, le légendaire navire a dramatiquement fait mentir sa réputation d'insubmersibilité en coulant dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, moins de trois heures après sa collision avec un iceberg. 

    S'enfonçant dans les profondeurs des eaux glacées, il s'échoua à 3843 mètres de profondeur, à 650 km au sud-est de Terre-Neuve. Entre 1490 et 1520 personnes trouvèrent la mort, ce qui fait de cet événement, dont on commémore aujourd'hui les 110 ans, l'une des plus grandes catastrophes maritimes survenues en temps de paix et la plus grande pour l'époque. La chaîne France 5 y consacre d'ailleurs un documentaire ce soir, Titanic : autopsie d'un naufrage.

    Depuis l'année de la sortie du film de Cameron, il y a déjà 24 ans, on imagine que vous avez logiquement dû le voir, et très certainement pleuré à chaudes larmes devant l'amour tragiquement contrarié par le destin entre Rose et Jack.

    Mais si des centaines de millions de spectateurs ont eu le coeur brisé par le funeste destin de leur idylle à peine naissante, qui concerne au bout du compte deux personnages fictifs, la "vraie" histoire d'amour n'est peut-être pas là où on l'attend(ait) forcément...

    Vous vous souvenez sans doute de cette séquence déchirante où un couple de passagers âgés, enlassés sur le lit dans leur cabine, attendent la mort alors que l'eau glacée envahit toutes les coursives et les cabines. Le tout sur la musique - déchirante elle aussi - de Plus près de toi mon Dieu...

    Séquence émotion ci-dessous. Ressortez les mouchoirs...

    Extrêmement rigoureux et soucieux d'authenticité, le cinéaste a abondamment nourri son film de personnages tout à fait authentiques et de séquences authentiques, comme celle où le capitaine du navire, Edward J. Smith, refusa d'abandonner le navire et sombra aux commandes de son paquebot.

    L'infortune de passagers fortunés

    Le couple âgé et enlacé n'est nul autre que Ida et Isador Straus. D'origine allemande et marié en 1871, le couple avait immigré aux Etats-Unis où il fit fortune. Isidor Straus était, entre autres, l’un des propriétaires des grands magasins Macy’s, mais également représentant du 15e district de l’État de New York au Congrès américain. C'est suite à un hasard que lui et sa femme se retrouvèrent à voyager à bord du Titanic, en première classe, qui plus est.

    Après un voyage en Europe et en Allemagne, le couple devait regagner New York en prenant un autre paquebot, le RMS Olympics, d'une taille plus modeste que le Titanic. Mais l'appareillage du navire fut retardé, si bien que les Straus changèrent leurs plans pour prendre un billet pour la croisière inaugurale du Titanic.

    Le couple en photo, prise vers 1910-1911 :

    Lorsque l'ordre d'évacuation du navire fut annoncé, la priorité fut donnée aux femmes et aux enfants. Âgés et qui plus est passagers de première classe, les Straus avait une chance de s'en sortir, même si le navire n'avait dramatiquement pas prévu assez de canots de sauvetage...

    Paul A. Kurzman, l'arrière petit-fils du couple, racontera ce souvenir familial en 2017 : "mon arrière-grand-mère Ida s'est installée dans le canot de sauvetage en espérant que son mari suivrait. Lorsqu'il ne l'a pas suivi, elle était très inquiète, et l'officier du navire chargé d'abaisser ce canot de sauvetage particulier a dit : "Eh bien, M. Straus, vous êtes un homme âgé… et nous savons tous qui vous êtes… Bien sûr, vous pouvez entrer dans le canot de sauvetage avec votre femme"."

    Mais Isidor Straus refusa de monter à bord du canot de sauvetage, tant que "chaque femme et enfant à bord du navire ne se trouvaient pas dans un canot". Sa femme comprend : s'il doit mourir, elle mourra avec lui. "Nous avons vécu quarante merveilleuses années ensemble, si tu ne souhaites pas grimper dans ce canot, alors moi non plus" lui aurait-elle dit, selon le récit de sa femme de chambre, Ellen Bird, qui a survécu à la tragédie.

    La séquence sera d'ailleurs reprise dans une scène du film, finalement coupée au montage. "Where you go, I go ! Don't argue with me, Isidor, you know it does no good"..

    Ellen Bird prendra ainsi sa place dans le canot de sauvetage, en portant sur les épaules le manteau de fourrure de sa maîtresse, ultime cadeau d'adieu : "Je n'en aurai plus besoin. Prenez-le dans le canot de sauvetage pour vous garder au chaud jusqu'à ce que vous soyez secourue" lui a dit Ida Straus.

    La dernière fois que le couple fut aperçu, il se trouvait sur le pont du Titanic, se tenant la main, avant qu'une vague provoquée par le navire qui sombrait ne les emporte. Contrairement à ce que montre James Cameron dans son film, et bien que ses images soient émotionnellement très fortes, ils ne sont pas morts enlacés sur le lit de leur cabine. Le corps d'Isidor sera repêché quelques jours plus tard, mais celui de son épouse ne fut jamais retrouvé. Pas plus que celui de John Farthing, leur majordome.

    Leur décès fera la Une de la presse aux Etats-Unis, telle cette manchette du Denver Post datée du 19 avril 1912 : "Mr & Ms Straus ont sombré les bras enlacés". Les restes d'Isidor Straus seront inhumés au cimetière Woodlawn de New York. Ellen Bird, leur femme de chambre, décéda en 1949.

    Une superbe sculpture funéraire en bronze en hommage au couple, créée par l'artiste américain très réputé Henry Augustus Lukeman, est située à New York, à l'intersection de Broadway et West End Avenue.

    Ci-dessous une photo de la sculpture, prise le 15 avril 2012, alors que l'on commémorait les 100 ans du naufrage :

    Luigi Novi/ Wikimedia Commons/ CC BY 3.0
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