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    L'un des meilleurs polars des années 2000 ressort au cinéma et il va vous scotcher à votre siège
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    Infernal Affairs ressort au cinéma dans une sublime version restaurée 4K. Sorti en 2004, le long-métrage est devenu un classique du polar. Rencontre avec son co-réalisateur, Andrew Lau.

    Sorti en 2004, Infernal Affairs a dynamité le petit monde du polar noir. Les réalisateurs Alan Mak et Andrew Lau ont mis en scène un petit bijou de film policier, considéré aujourd'hui comme un des meilleurs du genre, voire le meilleure pour certains.

    Ce n'est pas pour rien si Martin Scorsese a décidé d'en faire un remake en 2006, Les Infiltrés. L'oeuvre a remporté 4 Oscars, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur.

    20 ans plus tard, Infernal Affairs s'offre une ressortie en version restaurée 4K grâce au distributeur The Jokers. Pour rappel, l'histoire nous propulse à Hong Kong, où la police locale et une triade se livrent à une lutte impitoyable.

    Infernal affairs
    Infernal affairs
    Sortie : 1 septembre 2004 | 1h 37min
    De Alan Mak, Andrew Lau
    Avec Tony Leung Chiu-Wai, Eric Tsang, Andy Lau
    Presse
    4,4
    Spectateurs
    4,1
    Voir sur Universciné

    Pour défendre ses intérêts, Sam, le parrain de la mafia, décide d’infiltrer Lau dans la police où il gravit rapidement les échelons. Dans le même temps, le commissaire Wong envoie son meilleur élément, Chan, comme taupe dans la mafia.

    Le jour où police et mafia se rendent compte qu'une taupe est infiltrée dans chacun des camps, une course contre la montre s'engage. Les démasquer se réduit peu à peu à un duel entre Chan et Lau, deux hommes qui, chacun à leur façon, ne supportent plus leur double identité.

    À l'occasion de la ressortie événement du long-métrage, AlloCiné a rencontré le co-réalisateur Andrew Lau, qui revient sur les coulisses de cette oeuvre culte.

    Comment expliquez-vous le succès d'Infernal Affairs ?

    Faire ce film a demandé énormément de travail, nous avons aussi dû faire face à de nombreux problèmes de financement. J'ai insisté pour m'assurer que le budget était suffisant pour le tournage. Le cinéma de Hong Kong traversait également une période difficile et j'étais vraiment heureux d'avoir pu réunir une équipe qui croyait en mon scénario.   

    J'ai l'impression que les gens ont aimé le film car ils se sont sentis liés à lui. À l'époque, Hong Kong traversait également la crise du SRAS et, comme aujourd'hui avec le Covid-19, les gens faisaient face à des problèmes financiers et personnels qui sont illustrés dans mon film.   

    J'ai toujours dit que si le long-métrage échouait, je prendrais ma retraite, mais je suis heureux de la façon dont les choses se sont passées.

    Malgré tout, Infernal Affairs a rapporté beaucoup d'argent à cette époque. J'ai toujours dit que si le long-métrage échouait, je prendrais ma retraite, mais je suis heureux de la façon dont les choses se sont passées.

    Je pense qu'Infernal Affairs doit son succès aux nombreuses personnes qui ont travaillé dur sur le film, que ce soit les acteurs ou l'équipe. Je veux vraiment profiter de ce moment pour les remercier à nouveau pour leur travail acharné.

    Le film va sortir dans une version restaurée en 4K, pouvez-vous nous parler du travail derrière cette restauration et de ce qu'elle apporte au film ? 

    À l'époque, quand j'ai tourné Infernal Affairs, je voulais faire des expériences avec la coloration du film. J'utilisais de la pellicule et je voulais essayer un procédé sans blanchiment.

    Peut-être était-ce dû à la technologie de l'époque, mais je n'en ai jamais été vraiment satisfait. La restauration du film en 4K permettra de montrer les meilleures couleurs du film et je réaliserai un de mes rêves.   

    Pourquoi le public est-il fasciné par la figure du gangster dans les films ? 

    Je pense que la raison pour laquelle les gens aiment les films de gangsters est l'évasion qu'ils procurent. Je dis toujours que les films sont une évasion et les films de gangsters sont une forme spéciale d'évasion. Je pense que ces oeuvres permettent au public de fantasmer une vie de crime sans conséquences ou de voir quelque chose où le méchant a ce qu'il mérite.

    Beaucoup de films de gangsters racontent aussi l'histoire d'un outsider, d'une fraternité, d'une amitié et je pense que les gens aiment ça. Par exemple, dans Young and Dangerous, bien que mes personnages soient tous des gangsters, j'ai essayé de mettre davantage l'accent sur la fraternité de ces personnages.

    En instillant ces valeurs dans le style de la bande dessinée, je pense que j'ai réussi à captiver mon public. Regardez Wong Fei Hong, je termine le film avec le méchant qui perd, qui obtient ce qu'il mérite et je pense que ce genre de choses parle aux gens.   

    Beaucoup de films de gangsters racontent aussi l'histoire d'un outsider, d'une fraternité, d'une amitié et je pense que les gens aiment ça.

    Pourquoi avez-vous choisi Tony Leung et Andy Lau pour ces rôles particuliers ? 

    Infernal Affairs était un film à budget moyen et personne ne pensait à engager Andy Lau et Tony Leung. Alan Mak et Felix Chong ont rencontré différentes sociétés au sujet de ce scénario, mais ils n'ont pas réussi à obtenir de financement.

    Lorsque j'ai jeté un coup d'œil au script, j'ai pensé qu'il avait beaucoup plus de potentiel et qu'il devrait être un grand projet. J'ai alors suggéré d'engager Andy et Tony pour le film. Alors que le budget n'était pas très important, Andy a dit qu'il travaillerait temporairement gratuitement. Tony a accepté et le reste appartient à l'histoire.   

    Lorsqu'ils ont été sélectionnés, j'ai eu l'impression qu'il était naturel qu'Andy joue le rôle de Lau Kinming et Tony celui de Chan Wingyan. C'était plus approprié, c'est comme ça que le sentais.   

    Comment pouvez-vous décrire votre travail sur le plateau avec Alan Mak ? 

    Sur le plateau, Alan s'occupait principalement des répétitions. Il parlait avec les acteurs tandis que j'observais et apportais des modifications aux répétitions, je trouvais les bons angles, je m'assurais que nous avions la couverture nécessaire pour les scènes.

    On peut dire que je m'occupais de l'aspect technique tandis qu'il s'occupait de la gestion du plateau.   Tout au long du processus de pré-production et de la production. Nous étions en contact permanent ; il jetait généralement d'abord un coup d'œil au script, le modifiait puis me le transmettait.

    Je le digérais et apportais d'autres modifications. Je le laissais s'occuper des décisions plus artistiques tandis que je m'occupais également de l'aspect commercial du film.   

    La tension est de plus en plus forte tout au long de l'histoire, comment avez-vous réussi à créer cette tension ?

    Nous avions un scénario assez solide et ce qu'il décrivait était assez propre et simple. Mais le plus grand défi était de traduire les mots en images. Dans le cinéma de Hong Kong, il y a déjà eu beaucoup d'histoires de flics, de voleurs et de flics sous couverture. J'en ai fait quelques-unes moi-même, notamment To Live and Die in Tsimshatsui. Je voulais le tourner d'une manière nouvelle.

    Habituellement, dans ce genre de film, on ne sait pas qui est la taupe. Dans Infernal Affairs, en suivant à la fois Tony et Andy, j'ai pu créer une situation où le public sait qui sont les taupes. Mais les personnages de l'histoire ne le savent pas. Il s'agissait donc de créer cette tension tout au long du film. Quand ils vont découvrir qui ils sont, que va-t-il se passer ?

    Tout au long du film, vous les voyez jouer au chat et à la souris ensemble, découvrant presque l'identité de l'autre. Je pense que cela contribue vraiment à la tension du film.

    Tout au long du film, vous les voyez jouer au chat et à la souris ensemble, découvrant presque l'identité de l'autre. Je pense que cela contribue vraiment à la tension du film. Dans la scène sur le toit avec Andy et Tony, le scénario prévoyait à l'origine une grosse bagarre entre eux. Nous avons répété cette scène avant et cela ne semblait pas correct, alors j'ai laissé les acteurs continuer à jouer la scène.

    Je pense que tout le monde s'attend à cette grande bataille à la fin entre les deux personnages principaux, mais au final, je pense que le combat par le dialogue a vraiment augmenté la tension du film. Bien que cette scène soit considérée comme la meilleure du film, lorsque je l'ai tourné, il m'a fallu du temps pour trouver l'inspiration.   

    Martin Scorsese est mon idole. Même si je ne l'ai rencontré que plus tard, je le considère comme mon mentor.

    Que pensez-vous des Infiltrés, le remake de Martin Scorsese ? 

    Martin Scorsese est mon idole. Même si je ne l'ai rencontré que plus tard, je le considère comme mon mentor. Quand j'ai appris qu'il allait faire le remake de mon film, j'étais très heureux. J'ai trouvé très encourageant que quelqu'un que je respecte tant recrée mon travail.

    Quand vous entendez que Martin Scorsese va s'inspirer de votre travail, tout ce que vous pouvez dire est "wow". Bien sûr, je préfère ma version, mais Martin en a fait une très bonne aussi. Bien sûr, il a dû l'adapter au public américain.

    Je voulais aussi parler de ma rencontre avec lui quelques années plus tard, lorsqu'il était l'un des producteurs exécutifs de mon film Revenge of the Green Dragons. Quand je l'ai rencontré au Festival du film de Toronto, lors de la première du long-métrage, je me souviens avoir gloussé et dit : "Enfin, nous nous rencontrons !" Quel moment inoubliable !   

    Les Infiltrés
    Les Infiltrés
    Sortie : 29 novembre 2006 | 2h 31min
    De Martin Scorsese
    Avec Leonardo DiCaprio, Matt Damon, Jack Nicholson
    Presse
    4,0
    Spectateurs
    4,2
    Streaming

    Comment le réalisateur vous a-t-il approché pour parler du remake et pourquoi avez-vous accepté de lui donner la permission de faire son remake ? 

    Plan B Entertainment a acheté les droits du film pour les Etats-Unis et Martin Scorsese a été nommé réalisateur du film. J'ai accepté instantanément, sans même avoir à réfléchir. Comme je l'ai déjà dit, quand quelqu'un comme Martin est attaché au projet, on ne dit pas non. 

    La fin d'Infernal Affairs est assez surprenante et choquante, l'avez-vous écrite comme ça depuis le début ?

    ATTENTION SPOILERS !

    Il y a eu beaucoup de discussions dès le début du processus d'écriture. Nous avions probablement 10 fins différentes. Qui allait mourir ? Andy ou le personnage de Tony ? Les deux devaient-ils mourir ou aucun d'entre eux ne devait mourir ? J'ai toujours pensé que c'était Tony qui devait mourir mais je n'ai jamais pu dire pourquoi.

    Il y a eu des discussions sur le fait qu'Andy devait mourir parce qu'il est le méchant de l'histoire. Cela a renforcé ma position sur la mort de Tony, car dans ce monde, le méchant survit.

    La mort de Tony a également fait ressortir le fait que la mort est peut-être une échappatoire, mais que les méchants survivraient en vivant dans cet "enfer continu". Donc, au final, je suis assez content de la façon dont tout s'est déroulé.   

    Scorsese a modifié une grande partie du scénario. Même s'il s'agit d'un remake d'Infernal Affairs, je pense que les deux films sont assez différents.

    Martin Scorsese a changé la fin, notamment ce qui est arrivé à Matt Damon / Andy Lau. Que pensez-vous du choix de Scorsese pour le dénouement ? 

    Martin a modifié une grande partie du scénario. Même s'il s'agit d'un remake d'Infernal Affairs, je pense que les deux films sont assez différents. Nous avions tous les deux des thèmes différents que nous voulions explorer, ou peut-être que les producteurs ou les acteurs se sont mêlés au processus. Mais je pense que notre compréhension des scénarios était différente.   

    Comme je l'ai déjà dit, je pense qu'un thème important de cette série est cet "enfer continu" dans lequel se trouve le personnage. Alors que le personnage d'Andy est toujours en vie, il vit dans cette sorte d'enfer, où il n'a pas d'amis, pas de dignité. Il est une coquille de lui-même.   

    Mais je veux savoir pourquoi Martin a changé la fin ! 

    Que pensez-vous des superproductions comme Marvel, des films de super-héros, par rapport à l'industrie de Hong Kong ? 

    Je pense que chaque génération a ses propres héros. Les différentes cultures ont des idées discordantes sur ce que c'est que d'être un héros. Par exemple, à Hong Kong, nous avons notre propre série de films de super-héros, les vieux films wuxia, les films de flics et de voleurs, etc.

    Je pense avoir réalisé plusieurs films de super-héros comme Storm Riders et A man called Hero. Au final, je pense que chaque culture projette son idée du super-héros sur grand écran, mais personnellement, cela ne me dérange pas, tant que c'est un bon film, je pense que c'est suffisant.

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