Attention, spoilers ! L'article suivant révèle des éléments de l'intrigue de Lamb.
C’est un personnage qui marque les esprits, tout comme le film dont il est tiré. Avec Lamb, le réalisateur Valdimar Jóhannsson raconte la détresse d’un couple d’éleveurs, María (Noomi Rapace) et Ingvar (Hilmir Snær Guðnason), isolés en pleine montagne islandaise. Marqués par le deuil de leur enfant, ils vont faire la rencontre d’un être qui va tout changer : Ada, une créature thérianthrope, mi-agneau, mi-humain. Pour les agriculteurs, cette naissance est le signe d’une seconde chance, à moins qu’il n’en soit autrement.
Tout au long du film, le cinéaste fait brillamment monter le suspense sur son apparence. Cachée sous une couverture ou filmée de dos, la créature se fait désirer pour mieux laisser les spectateurs se raccrocher à leur imagination. Ce n’est qu’à la fin du deuxième acte qu’Ada se dévoile intégralement. Dès lors, Lamb prend une autre tournure et monte d'un cran.
Valdimar Jóhannsson visualise son personnage pour la première fois dans l’un de ses rêves. Présente dans son subconscient, la créature hybride l’obsède tellement qu’il lui consacre son premier long métrage. Elle est inspirée de certains éléments du folklore islandais, mais aussi d’un environnement qu’il a toujours connu. Petit, le cinéaste se rendait souvent chez ses grands-parents qui étaient aussi éleveurs de moutons.
À l’écran, plus l’animal se fait rare, plus il suscite la fascination, comme dans Les Dents de la mer de Steven Spielberg. “Au départ, je devais avoir près de 200 plans d’Ada, mais je n'en ai finalement gardés que 70, plus ou moins”, révèle Valdimar Jóhannsson. Les effets visuels ont été réalisés par Fredrik Nord, superviseur basé à Stockholm.
Pour créer l’animal, 4 agneaux, 10 enfants à des âges différents et 2 marionnettes ont été nécessaires. Une telle organisation nécessite donc de tourner les mêmes scènes à plusieurs reprises. “Parfois, je devais jouer avec un gosse qui avait des points marqués sur le visage, parfois avec une poupée qui avait une tête en forme de lampe”, s’amuse Hilmir Snær Guðnason. C’était la première fois que je faisais une chose pareille.”
En France, les distributeurs The Jokers ont tenu à préserver au maximum le suspense autour d’Ada, avec quelques plans furtifs ici et là dans les bandes-annonces. Aux États-Unis, la stratégie a été différente. Célèbre société de production, A24 a fait de la créature sa nouvelle mascotte. Dans une vidéo promotionnelle, un jeu concours a même été organisé pour remporter l’exemplaire unique d'une poupée à son effigie.
Joli succès outre-Atlantique, Lamb a également inspiré de nombreux spectateurs sur les réseaux sociaux. Pour certains, la créature est devenue un costume d’Halloween, pour d’autres, une véritable muse. Plusieurs artistes partagent leurs créations sur Instagram, application sur laquelle Ada a son propre filtre. Un bel hommage rendu à un film qui se distingue de par son étrangeté.
Quelques exemples des créations et des costumes sur Instagram :
Propos recueillis par Thomas Desroches, en Islande, en novembre 2021.
Lamb est actuellement au cinéma.