De quoi ça parle ?
En vacances sur une île isolée, un frère et sa sœur découvrent que des lutins assoiffés de sang règnent en maîtres sur les lieux.
Lutins, une série créée par Stefan Jaworski avec Sonja Steen, Ann Eleonora Jørgensen, Peder Thomas Pedersen...
Des lutins assoiffés de sang
On ne va pas se mentir : un pitch qui parle de lutins assoiffés de sang, ça attise forcément la curiosité…Et ce pitch improbable n’est pas si étonnant puisque Lutins est produite par la même équipe que celle derrière The Rain, cette série danoise ado et post-apocalyptique.
L’action de Lutins se situe dans la petite île isolée nommée Årmandsø, un lieu majestueux où la nature domine. C’est cette envie de se retrouver au grand air qui a convaincu la famille Svane venue de Copenhague – ou plutôt les parents – de passer un Noël folklorique dans une location sur l’île. Sans surprise, leurs plans pour échapper au tumulte de la ville tournent mal lorsqu'ils heurtent ce qui semble d'abord être un nid-de-poule sur le chemin vers leur cabine isolée.
Plus tard dans la soirée, la fille cadette, Josefine (Sonja Steen) – curieuse et téméraire pour certains, insupportable ado têtue pour d’autres – découvre que le nid-de-poule était, en fait, un bébé lutin. La petite créature, mi-mignonne mi-hideuse, a deux grosses billes en guise d’yeux qui font fondre la gamine qui décide imprudemment de la ramener à la maison pour la soigner.
L’archétype de l’ado insupportable
Baptisée Kee-Ko, la bestiole ressemble à un croisement hybride entre une poupée Troll XXL et Groot des Gardiens de la Galaxie. Le souci, c’est que bébé Kee-Ko a une famille et des parents énervés, barricadés par les habitants de l’île derrière une grande clôture électrifiée. Et ça, Josefine, ça passe largement au-dessus de ses préoccupations égocentriques.
Mais derrière toute cette fantaisie, on devine un vrai plaisir coupable de la part des auteurs à faire de Josefine, l’ado qui ferait sortir de leurs gonds les personnes les plus zens. Même si la série passe un petit moment à établir une relation touchante entre elle et Kee-Ko – avec des clins d’œil qui ressemblent à des appels de phare à E.T., Les Gremlins ou encore Stranger Things – elle met à exécution toutes les idées stupides qui lui passent par la tête.
Vous l’aurez compris, tout le folklore autour des lutins dans cette série est très loin de l’esprit de Noël. D’autant plus que les lutins adultes ressemblent à des espèces de buches en bois avec le crâne en forme de cônes et des dents bien acérées. Et même si les massacres ont lieu hors champs, on devine que leurs victimes (animales comme humaines) finissent en viande hâchée.
Une production maison
Autre point qui peut susciter l’hilarité plus que l’effroi : les effets spéciaux. On devine que le budget accordé à la production pour les lutins adultes doit représenter un millième de ceux attribués à leurs homologues américains. Les bestioles adultes, aux crocs de rasoir, sont bien plus effrayantes lorsqu'elles se cachent dans leur immense territoire qu'en plein cadre.
Même le bruitage utilisé pour annoncer la menace qui va bientôt surgir a de quoi faire sourire. Et bien sûr, le tout est enrobé de brouillard et des vents hurlants pour y mettre un peu plus de crédibilité. Ou pas.
Le plus drôle, c’est que l'habitant le plus terrifiant d'Årmandsø n'est pas l'un de ces êtres surnaturels mais plutôt une grand-mère – propriétaire de la petite épicerie de l’île – interprétée par Ann Eleonora Jørgensen. Déterminée à protéger sa communauté à tout prix, et les lutins, elle passe pour une illuminée un peu trop proche de la nature.
C'est juste dommage que la série passe à côté de son potentiel. Il y a un soupçon de commentaire environnemental sur l'incapacité parfois exaspérante – et disons-le la bêtise – des Svane à respecter l’environnement, tandis que la série oppose sans nuances ruraux et citadins comme deux populations incompatibles.
Mais la vraie réussite de cette série, c’est son format : six épisodes de 20 à 25 minutes qui se croquent en un rien de temps. Et pour celles et ceux qui n’aiment pas Noël – oui, ces personnes existent – Lutins s’impose comme un parfait antidote.