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    Lamb avec Noomi Rapace : rencontre avec le réalisateur de ce film fou et différent
    Thomas Desroches
    Thomas Desroches
    -Journaliste
    Les yeux rivés sur l’écran et la tête dans les magazines, Thomas Desroches se nourrit de films en tout genre dès son plus jeune âge. Il aime le cinéma engagé, extrême, horrifique, les documentaires et partage sa passion sur le podcast d'AlloCiné.

    Il est l'homme derrière "Lamb", ce film islandais découvert à Cannes qui ne ressemble à aucun autre. Valdimar Jóhannsson lève le voile sur le tournage particulier de son premier long métrage, au cinéma ce 29 décembre. Rencontre.

    Étrange et fascinant. Ce sont les deux adjectifs qui décrivent le mieux l’expérience Lamb. Venu tout droit d’Islande, ce conte folklorique traverse les festivals du monde entier. À Cannes, il s’est vu remettre le Prix de l’Originalité de la section Un certain regard. Un honneur pour Valdimar Jóhannsson, le réalisateur, qui signe ici son tout premier long métrage.

    Lamb
    Lamb
    Sortie : 29 décembre 2021 | 1h 46min
    De Valdimar Jóhannsson
    Avec Noomi Rapace, Hilmir Snær Guðnason, Björn Hlynur Haraldsson
    Presse
    3,4
    Spectateurs
    2,9
    Voir sur Universciné

    Cet homme de cinéma connaît les plateaux comme sa poche, les petits comme les grands. Batman Begins, Prometheus, Rogue One: A Star Wars Story, Game of Thrones… Il a participé aux plus grosses productions qui ont séjourné dans son pays natal, parfois en tant que technicien dans les effets spéciaux, décorateur ensemblier ou électricien. Après deux courts métrages - Harmsaga et Dögun -, il propose ce drame fantastique sur un agneau qui va changer la vie d’un couple d’éleveurs. Une histoire aussi touchante que brutale, très différente des propositions habituelles.

    AlloCiné est allé sur les traces du film, en Islande, pour rencontrer le metteur en scène. C’est dans le décor, une ferme isolée et abandonnée depuis 20 ans, que Valdimar Jóhannsson s’est confié sur ce projet si personnel, qui a pris du temps.

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    "Le plus important était de faire le film que j’avais toujours eu envie de voir, lance-t-il. Mon coscénariste, Sjón, et moi-même n’étions pas pressés.“ Au total, il a fallu plus de trois ans pour récolter le budget nécessaire. Il n’est jamais facile de financer un premier film et encore moins lorsqu’il nécessite de nombreux effets visuels, chose rare en Islande.

    Deux thèmes parcourent Lamb : la perte et la parentalité. Des sujets déjà présents dans les courts métrages du réalisateur. “Mais chacun peut y voir ce qu’il veut, précise-t-il, J’aime que les spectateurs aient une opinion différente sur le message que je souhaite véhiculer.” L’un des détails qui, au contraire, n’échappera à personne est l’importance de la nature à l’écran. Elle reprend ce que l’être humain tente de lui voler.

    Nous avons filmé certaines scènes de jour après minuit

    Lamb n’est pas un film écologique, mais Valdimar Jóhannsson fait des plaines islandaises un personnage à part entière. Ce décor est si important que le cinéaste a choisi de tourner près de l’endroit où il a grandi, dans le Nord du pays, à Akureyri. C’est ici que la ferme est située. “J’en avais une très spéciale en tête, j’avais réalisé des dessins et même une maquette”, explique-t-il.

    Dans la grande tradition islandaise - où tout est une histoire de famille -, c’est finalement son frère qui lui a envoyé une photo de celle qui sera choisie pour le film. “Elle est très différente de la ferme de mes rêves, mais j’aime sa disposition autour des montagnes.” Au cinéma, l’effet est garanti. L’endroit est le théâtre idéal pour ce conte bizarre et envoûtant.

    Thomas Desroches

    Pendant le tournage, qui a duré 35 jours, Valdimar Jóhannsson a profité des particularités de son pays pour sublimer ses images. Avec son chef opérateur, Eli Arenson - qui est aussi son beau-frère -, il a tourné pendant tout l’été, lorsque le soleil ne se couche pas et que la nuit est inexistante. “Nous avons filmé certaines scènes de jour après minuit car la lumière est si belle et douce, se réjouit-il. Nous dormions ici, à la ferme, pour saisir ces moments.”

    Quant à la scène d’ouverture, elle a été tournée en pleine tempête de neige, au mois de février. Un nouveau défi pour les techniciens qui ont utilisé un steadicam - un système qui permet de stabiliser la caméra avec un harnais attaché au cadreur.

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    Au-delà de sa beauté visuelle, Lamb rayonne également grâce au talent de son actrice principale, Noomi Rapace. Sa renommée internationale permet à ce film au budget modeste de se faire un chemin. La star n’avait pas joué en langue islandaise depuis son tout premier film, L’Ombre du corbeau, sorti en 1988. “On la voulait absolument, mais je me souviens qu’elle n’a donné aucune réponse pendant très longtemps, se remémore Valdimar Jóhannsson. Puis il y a eu ce coup de fil et elle a voulu me voir.

    Après un déjeuner avec le cinéaste à Londres, l’actrice suédoise est partie en Islande cinq jours pour redécouvrir les lieux et rencontrer son partenaire de jeu, le tout aussi talentueux Hilmir Snær Guðnason. “Il y avait quelque chose entre eux, indique le metteur en scène. Je savais qu’ils formeraient un couple convaincant.”

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    L'autre star du film est, évidemment, Ada, cet agneau si spécial recueilli par le couple. Il est difficile d'en parler sans révéler l'un des mystères de l'histoire. Pour créer ce personnage, l'équipe a dû tourner avec de vrais animaux, mais aussi des poupées "avec des têtes en forme de lampe", comme s'amuse à le raconter Hilmir Snær Guðnason. Sur les réseaux sociaux, notamment Instagram, la créature fait sensation. Elle est devenue une source d'inspiration pour de nombreux artistes.

    Depuis la première mondiale à Cannes, en juillet 2021, Valdimar Jóhannsson vit un rêve : “Je ne m’attendais pas du tout à ça. Je ne savais pas si les gens allaient adhérer à ce genre de choses. Même aux Etats-Unis, beaucoup de personnes l’ont vu.” Et pour cause, Lamb est devenu le plus grand succès islandais sur le sol américain. Pour couronner le tout, il est sélectionné pour représenter son pays à la course aux Oscars. Ça valait bien quelques prises de risques.

    Lamb de Valdimar Jóhannsson, au cinéma ce 29 décembre.

    Propos recueillis par Thomas Desroches, à Akureyri, le 31 octobre 2021.

    Découvrez la bande-annonce du film :

     

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