Une eau bleue et cristalline. Une nageuse complètement nue. Les terribles mâchoires d'un gigantesque requin. Un titre rouge comme le sang.
L'affiche des Dents de la Mer, inspirée par la couverture du roman original de Peter Benchley, est probablement la plus célèbre de l'histoire du cinéma. Alors que le film de Steven Spielberg est diffusé ce soir sur France 5, (re)découvrez comment elle a vu le jour, et quel artiste se cache derrière.
Nous sommes en 1974. Passionné par les fonds marins et par leurs dangers, un jeune journaliste indépendant du nom de Peter Benchley s'apprête à publier son premier roman : l'histoire d'une petite station balnéaire américaine dont la tranquillité est soudain menacée par un immense requin.
En partie inspiré par les attaques de squales qui avaient eu lieu dans le New Jersey en 1916, l'ouvrage de Benchley promet déjà des ventes spectaculaires, et commence même à intéresser les studios hollywoodiens.
Sans se douter que Les Dents de la Mer s'apprête à devenir le plus grand succès de l'histoire du cinéma, la maison d'édition de Benchley pressent malgré tout un triomphe en librairie, et cherche donc un artiste capable de confectionner une couverture suffisamment percutante pour le livre, ainsi que l'explique en détail l'excellent article de Collectors Weekly.
Après une première ébauche représentant la petite station balnéaire entre les mâchoires du monstre, puis un deuxième essai en noir et blanc sur lequel on peut déjà voir les prémices de l'affiche que nous connaissons (c'est-à-dire la baigneuse du premier chapitre, menacée par le requin), le travail est confié à Roger Kastel, un artiste américain qui se distinguera également en 1980 avec l'affiche de L'Empire contre-attaque.
"[L'éditeur] voulait que je lise le livre pour choisir un nouveau passage à illustrer", raconte Kastel dans l'article de Collectors Weekly. "Mais, bien sûr, la meilleure partie était l'introduction, lorsque Chrissie va nager toute nue dans l'eau. La seule directive qu'[ils] m'ont donnée était de rendre le requin plus grand, et très réaliste."
Pour ce faire, toujours selon Collectors Weekly, Kastel décide d'aller prospecter dans les allées du Museum d'Histoire Naturelle de New York, où les requins sont à l'honneur à ce moment-là. Empaillés, installés sur des plateaux, les grands squales sont donc photographiés par l'illustrateur, qui a désormais de quoi donner vie à la redoutable créature de sa couverture : "Le requin de mon tableau a été développé à partir de là", explique-t-il. "J'ai simplement essayé de peindre un requin à l'air féroce, mais qui restait réaliste."
La suite, nous la connaissons. Fort d'un triomphe planétaire en librairies, Les Dents de la Mer et sa couverture mythique prennent la route des salles obscures sous la houlette de Steven Spielberg, jeune cinéaste qui s'apprête à voir sa carrière totalement bouleversée par le succès du film. Simplement étoffée d'un titre rouge vif et d'un peu d'écume pour couvrir la poitrine de la nageuse, l'oeuvre de Kastel se retrouve donc sur la devanture de tous les cinémas, en été 1975.
Seule ombre (un peu mystérieuse) à ce joli tableau : la peinture originale de Kastel a totalement disparu après avoir été envoyée à Hollywood pour la sortie du film. Ainsi que le révèle l'artiste dans un article du New York Post, personne ne sait si elle a été dérobée ou jetée.
Quoi qu'il en soit, et où qu'elle se trouve aujourd'hui, la première affiche des Dents de la Mer s'est incontestablement imprimée dans l'imaginaire collectif de millions de spectateurs.
(Re)découvrez les gaffes et les erreurs des "Dents de la Mer"...