Au cinéma, les requins sont bien souvent associés au genre horrifique. Les longs métrages centrés sur un redoutable prédateur amateur de chair humaine sont en effet très nombreux depuis Les Dents de la mer et son succès colossal. Mais les squales sont-ils réellement si dangereux dans la réalité ? A l'occasion de la diffusion des Dents de la mer 2 (qui sera suivi du premier opus), dans lequel Martin Brody et les siens sont à nouveau confrontés à un grand blanc on ne peut plus agressif, focus sur cette question.
Si les attaques de requin sur l'homme ont toujours été une réalité, elles demeurent très rares pour plusieurs raisons : tout d'abord, les squales ne sont, de base, pas intéressés par la chair humaine ni présents sur la majorité des plages du monde. C'est surtout en Californie, en Australie et en Afrique du Sud que des accidents sont susceptibles de se produire, du moins en ce qui concerne le grand blanc (le plus dangereux devant les requins tigre et bouledogue, qui évoluent dans les eaux plus chaudes).
D'autres lieux, comme la Floride, la Nouvelle Calédonie ou La Réunion, comportent également des plages à risque. Depuis une dizaine d'années, cette dernière a même déclenché une véritable "crise du requin" : entre 2011 et 2019, pas loin de onze personnes ont été tuées. Dans le monde sur une année, les attaques répertoriées sont comprises entre 50 et 120, pour "seulement" une dizaine de décès environ (la plupart ne sont donc pas mortelles, parfois il s'agit même de blessures très superficielles).
Coulrophobie, dentophobie... 15 phobies exploitées au cinémaLa probabilité de mourir des dents d'un squale est donc très faible, même sur les plages les plus dangereuses. A titre de comparaison, au moins quinze espèces animales tuent bien plus : les moustiques (environ 800 000 morts par an !), les serpents, les crocodiles, les chiens, les éléphants, les hippopotames ou encore les lions.
Les causes des attaques de requins sont multiples. D'emblée, il faut savoir que plus de 95% des espèces de squales sont inoffensives.
Dans les zones à risque, les (rares) rencontres tragiques entre l'homme et le requin résultent d'une accumulation de facteurs aggravants, comme le fait de faire du surf (ils confondent les hommes avec des phoques), d'aller à leur rencontre ou encore de nager à l'aube (moment où ils chassent le plus).
Ce constat montre bien que ce que l'on voit dans les films est très exagéré (même si certains sont inspirés d'histoires vraies glaçantes). Dans la réalité, s'il y a des gens qui meurent chaque année des blessures de requins, cela reste de l'ordre de l'exceptionnel, surtout compte tenu du nombre de personnes présentes sur les plages ! Nager aux côtés de squales est même devenu une activité touristique (certes comportant une part de risque) attirant de plus en plus de monde...
Des films comme Instinct de survie ou la saga des Dents de la mer (sans parler des nombreux nanars et autres films de SF) ne sont pas réalistes, parce qu'ils font du requin un prédateur cherchant coûte que coûte à dévorer les humains ! Or, dans la réalité, les squales préfèrent de loin la chair bien grasse des phoques... La célèbre phrase des océanographes résume parfaitement ce que l'on peut répondre à la problématique de l'article :
"Il ne faut pas se demander pourquoi les requins attaquent l'homme, mais pourquoi ils ne l'attaquent pas plus souvent…"
Il existe toutefois quelques films de requins réalistes, comme The Reef ou le premier Open Water, qui montrent des personnages perdus dans la mer ne se faisant pas attaquer immédiatement : les prédateurs (un grand blanc dans le premier et plusieurs requins plus petits dans le second) les observent de longues heures avant de passer à l'action. De plus, les squales de ces films n'ont pas été reconstitués en images de synthèse ou construits en animatroniques.
Si le cinéma transforme la réalité, il demeure plaisant de se faire peur avec toute cette mythologie du requin qui a démarré avec le chef-d'oeuvre de Steven Spielberg sorti en 1975 : les mers sont des endroits où nous ne sommes pas dans notre milieu naturel, ce qui nous rend donc plus vulnérables. Le septième art ne pouvait faire l'impasse sur un tel potentiel de frayeur, au risque de transmettre une image erronée de ces prédateurs.