Dans Le Bal des folles, l’actrice et réalisatrice Mélanie Laurent retrace le cauchemar de ces femmes internées de force dans le service psychiatrique de la Pitié Salpêtrière au XIXe siècle. Adapté du roman éponyme de Victoria Mas, le film s’intéresse plus particulièrement au destin d’Eugénie (Lou de Laâge), issue d’un milieu bourgeois, qui a le don de communiquer avec les esprits. Pour sa famille, il n’en fallait pas plus pour l’enfermer entre les murs de cet hôpital connu pour les travaux de son chef de service, le professeur Jean-Martin Charcot.
Le titre du film fait référence à l’une des scènes clés de l’intrigue. Fort de sa popularité, le célèbre médecin organise un événement, appelé “le bal des folles” par la presse, pour attirer les foules curieuses. Journalistes, étudiants en médecine, invités spéciaux et personnes de la haute société font le déplacement pour observer, examiner et se moquer de ces pensionnaires traitées comme de véritables bêtes de foire.
Dans les années 1880, cet événement a bel et bien eu lieu. Il était organisé fin février, à l’occasion de la fête de Mardi gras. Pour Jean-Martin Charcot, cette initiative était une chance d’offrir à ses patientes une série d’activités, comme les préparatifs. Toutes vêtues de déguisements, elles dansaient devant les yeux médusés des visiteurs qui attendaient une réaction anormale ou un geste déplacé de leur part.
Le professeur Charcot, qui refusait d'être présent lors de ces soirées, avait pour habitude d’inviter des étrangers lors de ses nombreuses expérimentations. Ainsi, il pratiquait des hypnoses ou des stimulations électriques en public. Ces exhibitions assumées étaient l'occasion pour lui d'étendre la réputation prestigieuse de son établissement.
Interviewée par AlloCiné, Mélanie Laurent précise qu’il existe très peu d’informations fiables sur le bal, même si des articles de presse ont été publiés à l’époque. “Beaucoup de sources étaient antinomiques, explique-t-elle. Un article disait qu’il y avait énormément de monde, que c’était fou, mais un autre pouvait dire qu’il n’y avait que trois personnes. Pour le film, nous avons fait entre les deux.”
Afin de mener ses recherches, la cinéaste a eu accès à certaines archives de l'hôpital, mais aussi au travail d’une étudiante qui lui a offert sa thèse comprenant plus de 400 pages sur la Pitié Salpêtrière et le célèbre bal. Avec Le Bal des folles, Mélanie Laurent rend hommage à ces femmes autrefois mises au ban de la société.