De quoi ça parle ?
La série se penche sur l'archétype de la femme de sitcom. Le programme cherche à briser les conventions de la télévision afin de montrer comment le personnage perçoit le monde extérieur en dehors du plateau de tournage...
Kevin Can F**k Himself, une série créée par Valerie Armstrong avec Annie Murphy, Eric Petersen, Mary Hollis Inboden...
C'est avec qui ?
Les membres de la distribution ne sont pas très connus du grand public. Néanmoins dans le rôle principal, celui d'Allison, la malheureuse épouse de Kevin, on retrouve Annie Murphy que les sériephiles ont pu découvrir dans Schitt's Creek.
Quant au Kevin du titre, il est interprété par Eric Petersen. S'il a fait de nombreuses apparitions à la télévision, il tient ici son premier rôle récurrent. Le public américain a pu le voir sur scène dans le rôle de Shrek lors de la tournée pour la comédie musicale Shrek the musical.
Ça vaut le coup d'œil ?
Création originale de la chaîne câblée AMC – qui est entrée dans la ronde des séries avec des merveilles comme Breaking Bad ou Mad Men – Kevin Can F**k Himself a ce même ton singulier que ses aînées. Elle surprend d'emblée par son concept original : celui d'intervertir le genre de la sitcom et celui du drame classique.
En résumé, toutes les scènes en présence de Kevin sont filmées comme une sitcom classique. Le cahier des charges de la sitcom est respecté à la lettre : le petit gimmick musical pour introduire la scène, le plan large du salon filmé, comme un plateau de théâtre, du point de vue du public, les couleurs vives, les blagues qui fusent à tout-va et les rires enregistrés.
Dès que Kevin sort de la pièce ou qu'Allison sort de chez elle, changement de ton et de genre. On entre dans un drame classique. Ici, l'accent est mis sur une certaine forme de glauque avec une photographie assombrie. Tout le clinquant de la sitcom devient cafardeux.
Ce système permet de mettre en lumière le cauchemar dans lequel Allison se sent enfermée. Mariée à un homme-enfant et profondément égoïste, elle se sent prisonnière d'un couple et d'une vie qui ne lui conviennent pas. Elle rêve alors de liberté. Surtout en croisant une ancienne flamme (Raymond Lee), de retour après des années d'absence.
C'est aussi une déconstruction intelligente de la sitcom – genre roi aux Etats-Unis et qui a donné naissance à la série télévisée – en montrant que la représentation des femmes y est souvent pathétique. C'est le modèle de la famille américaine moyenne qui est écorné par la même occasion avec un vrai talent. Reste à voir maintenant si cette architecture narrative peut tenir sur la durée.