Juillet 2011, au Comic-Con de San Diego. Un inconnu arrive dans un cosplay de Spider-Man et prend la parole lors d'un panel. Il termine son petit discours en enlevant son masque, déclarant aux fans présents son amour pour Peter Parker et la façon dont le personnage Marvel lui a "sauvé [l]a vie". Cet homme, c'est Andrew Garfield.
Au moment de ces images, Andrew Garfield a terminé le tournage de The Amazing Spider-Man, premier opus de la nouvelle franchise sur l'Homme-araignée. Son choix ainsi que celui de Marc Webb à la réalisation sont contestés par une partie des fans, qui attendaient les retours de Tobey Maguire et de Sam Raimi.
Il vient donc en quelque sorte justifier de son amour pour la licence en se présentant comme l'un des leurs, un fan. Mais cette aventure Spider-Man dont Garfield attend beaucoup ne se terminera pas forcément comme il le souhaitait et le laissera le coeur brisé. Mais comment en est-on arrivé là ?
De son propre aveu, Andrew Garfield a pleuré en portant pour la première fois le costume de l'Homme-araignée. Marc Webb quant à lui, déclare dans un communiqué :
Bien que son nom soit nouveau pour beaucoup, ceux qui connaissent ce jeune acteur comprennent son extraordinaire talent. Il combine une intelligence, une humanité et un esprit rares. Retenez ce que je vais vous dire : vous allez adorer Andrew Garfield en Spider-Man.
Le tournage se passe dans de bonnes conditions de décembre 2010 à mai 2011. Suite aux premières images montrées au Comic-Con en juillet, dès le mois d'août, une date pour un Amazing Spider-Man 2 est annoncée pour le 2 mai 2014. En juillet 2012, le premier film est un succès, avec 757 millions de dollars rapportés pour un budget de 230 millions.
Sony Pictures
La suite est mise en chantier et tournée du 4 février au 25 juin 2013. La production est cette fois-ci plus chaotique car Sony rêve d'une franchise à la Marvel Studios et se sert de The Amazing Spider-Man 2 pour introduire de nouveaux personnages dont des méchants, en vue de deux spin-offs, ainsi que The Amazing Spider-Man 3 et 4, annoncés respectivement en décembre et en juin 2013.
Sauf que le film est trop long et qu'il y a trop de personnages. En conséquence, beaucoup de scènes avec le Bouffon vert de Dane DeHaan et la Felicia/Black Cat de Felicity Jones sont coupées, comme l'intégralité des séquences avec Mary Jane (Shailene Woodley). Résultat : le montage final perd en cohérence.
L'abondance de personnages imposée par l'installation du futur de la franchise et une intrigue beaucoup trop confuse déçoivent le public. Selon les estimations de Deadline, le film aurait coûté 255 millions de dollars, d'autres parlent de 293 millions. Au box-office, il n'en rapporte que 708. Moins que le premier, pour un budget supérieur. Sur le territoire américain, les chiffres sont décevants.
Sony Pictures
C'est à ce moment que le maître à penser de la franchise, le scénariste Roberto Orci, s'en va, et de son côté, Andrew Garfield commence à rappeler dans les médias que son contrat ne comprend qu'une trilogie et pas un quatrième film, pourtant déjà officiellement annoncé. En septembre 2014, il déplore même publiquement les coupes réalisées par le studio dans The Amazing Spider-Man 2.
C'est aussi à cette période que l'acteur fait des appels du pied à Sony pour que son Spider-Man rejoigne le MCU de Marvel Studios. Officiellement, on lui répond que cela n'arrivera pas mais en coulisses, les négociations ont commencé et Sony a déjà tapé à la porte de Marvel, mais rien n'a abouti.
En février 2015, près d'un an après la sortie de The Amazing Spider-Man 2 en avril 2014, il est finalement annoncé que le marché entre Sony et Marvel pour inclure l'Homme-araignée au Marvel Cinematic Universe s'est conclu et qu'il s'agira d'un reboot avec un nouvel acteur. Andrew Garfield est brutalement écarté de la franchise.
Sony Pictures
Six mois après cette annonce, l'acteur revient pour Indiewire sur son bilan de la saga et la compare à une prison, disant qu'il faut : "faire tout bien comme il faut, contenter tout le monde… Ce n’est pas possible. Au final, on finit par ne satisfaire personne ou bien tout le monde mais juste un petit peu."
"Ces films devaient être grand public, ils devaient à la fois plaire aux blancs de 50 ans, aux ados gays, aux bigots homophobes du fin fond de l’Amérique mais aussi aux petites filles de 11 ans."
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"Cet aspect-là est vraiment regrettable. Tout particulièrement pour ceux d’entre nous qui, attachés au projet, ont tenté de lui insuffler de l’âme, de le rendre unique, d’en faire quelque chose qui mérite son ticket de cinéma."
(...) Pour être honnête, vivre avec autant d'attentes au-dessus de votre tête, c'est comme être en prison. Il y a tant de projections et d’attentes lorsqu'on s’attaque à une histoire et à un personnage comme ça.
Même des années plus tard, les regrets sont toujours là pour le comédien, qui voyait en Peter Parker le rôle idéal et un héros dont il avait toujours été fan :
"Au final, ce qui m'a dérangé dans cette expérience, c'est que l'histoire et le personnage n'étaient pas en premier sur la liste des priorités. J'ai trouvé ça très, très problématique. J'ai accepté de me mettre au service d'une histoire et d'un personnage incroyable dans le costume duquel je me déguisais depuis l'âge de 3 ans. Tout cela a été compromis et ça m'a brisé le coeur. J'ai eu le coeur brisé, oui. Mais pas entièrement."
Pas entièrement car depuis, Garfield a retrouvé le goût des plateaux en tournant pour Martin Scorsese, Gia Coppola, Lin-Manuel Miranda ou encore Mel Gibson. Des rumeurs persistantes insistent sur le fait qu'il va reprendre son rôle de Peter Parker dans Spider-Man: No Way Home. Une hypothèse assez ironique, étant donné qu'il s'agit de la franchise qui lui a justement valu son éviction ! Mais la "spider-boucle" serait bouclée !
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