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    Don't Breathe 2 avec Stephen Lang : "Jouer un aveugle aiguise vos autres sens"
    Emmanuel Itier
    Emmanuel Itier
    -Correspondant
    Basé à Los Angeles, Emmanuel Itier accompagne AlloCiné sur les sorties américaines, en assurant interviews/junkets et couverture d’événements US.
    Co-écrit avec :
    Maximilien Pierrette

    Entre jouer un aveugle et la question morale que pose le fait de suivre ainsi le méchant de l'opus précédent, Stephen Lang, Fede Alvarez et Rodolfo Sayagues reviennent avec nous sur "Don't Breathe 2".

    Sorti en 2016, Don't Breathe avait forte impression. Trois ans après le remake d'Evil DeadFede Alvarez confirmait les espoirs placés en lui avec ce thriller horrifique dans lequel une bande de jeunes découvraient que l'homme aveugle qu'ils cambriolaient était bien plus dangereux qu'ils ne le pensaient.

    Cinq ans et 158 millions de dollars de recettes mondiales (pour un budget inférieur à 10) plus tard, l'équipe du premier opus remet le couvert. Et notamment Stephen Lang, interprète du méchant, qui évolue cette fois-ci devant la caméra de Rodolfo Sayagues. Co-scénariste de l'épisode précédent, il reste co-auteur du scénario avec Fede Alvarez, qui lui a laissé la réalisation et officie en tant que producteur.

    Les trois hommes reviennent avec nous sur ce Don't Breathe 2, et notamment la question morale qu'il pose en se focalisant sur celui qui était le méchant en 2016.

    Don't Breathe 2
    Don't Breathe 2
    Sortie : 25 août 2021 | 1h 39min
    De Rodolfo Sayagues
    Avec Stephen Lang, Maddy Hillis, Brendan Sexton III
    Presse
    3,0
    Spectateurs
    2,7
    Voir sur Prime Video

    AlloCiné : Il a longtemps été question d'une suite mais quand et comment avez-vous décidé qu'elle adopterait cette forme et suivrait le point de vue du méchant du premier opus ?

    Fede Alvarez : Lorsque nous avons fait le premier film, nous ne pensions pas qu'il y aurait une suite. Car c'était un conte bizarre et sombre, et nous ne pensions pas que les spectateurs du monde allaient y adhérer de la sorte. Mais c'est arrivé et nous avons alors pensé à raconter un autre chapitre.

    Dans la mesure où le premier film montrait ce méchant qui s'en tire malgré les crimes horribles qu'il a commis, il paraissait logique que le second doive répondre aux questions que les gens se posent à son sujet. Et notamment s'il allait payer pour ce qu'il avait fait. Surtout qu'il se présente lui-même comme un gentil et pas un méchant, toujours dans le premier film, pour justifier ses actes, donc on peut se demander s'il va cesser d'être aveugle sur le plan moral, et enfin voir sa vraie nature. Il nous fallait donc écrire une histoire qui allait le conduire à cela.

    Et puis nous savions de quoi il était capable lorsque quelqu'un essayait de lui voler son argent. Nous avons donc voulu explorer ce qu'il se passerait lorsqu'on tenterait de lui prendre son enfant. Encore.

    "Don't Breathe 2" pose justement la question morale de savoir si l'on peut être du côté de cet homme que nous avons vu tuer dans le premier volet. Comment l'avez-vous abordée ?

    Rodolfo Sayagues : Cela n’a jamais été notre intention que de vous pousser à aimer, à encourager moralement ce personnage. Nous voulions que le public se focalise sur la petite fille, Phoenix. Car c’est elle qui doit conquérir votre coeur. C’est elle la véritable héroïne de ce film.

    Quant à Norman, nous voulions juste le suivre dans son parcours et révéler comment, au bout du compte, il va devoir faire face à ce qu'il est vraiment. Nous sommes curieux de voir comment les spectateurs vont réagir face à cela, et d'entendre ce qu'ils auront à dire. Mais nous avons abordé cette suite comme une expérience, pour observer la transformation du personnage.

    Stephen Lang : De mon côté je n’ai pas eu à me poser cette question. Mon boulot est de le jouer avec intégrité et honnêteté, et non de chercher à l’analyser ou le juger. Je ne vous demande pas d’avoir de la sympatie ou de l’empathie pour ce type. Il est ce qu’il est, et on doit l’accepter comme tel. Et tant mieux s'il apparaît controversé : cela le rend plus intéressant à mes yeux.

    Cela n’a jamais été notre intention que de vous pousser à aimer, à encourager moralement ce personnage

    Avez-vous été impliqué dans le développement du personnage Stephen ?

    Stephen Lang : Ma seule implication réside dans ce que je lui ai apporté dans le premier film, et que Fede et Rodolfo ont ensuite pu utiliser pour la suite. J'y ai participé, d'une façon ou d'une autre, mais je ne les ai pas consultés sur l'histoire car ça n'était pas mon rôle dans l'équipe. Mais nous avons, bien évidemment, eu de longues conversations après ma lecture du scénario, et j'aimais vraiment ce qu'il y avait sur le papier. Le défi était ensuite de parvenir à le transposer sur grand écran.

    Et pour ce film, ma préparation ne reposait pas tant sur le fait de jouer un aveugle. Mais sur le fait de l'incarner dans un environnement qu'il n'avait pas déterminé lui-même. Je le jouais en-dehors de son terrain de chasse. Il m'a fallu apprendre des compétences en matière d'orientation et de mobilité. Cela participe au fait de devoir apprendre à être aveugle.

    Jouer un aveugle a-t-il amplifié vos autres sens ?

    Stephen Lang : Je ne pense pas, non. Mais cela vous force à être attentif aux sens sur lesquels vous ne seriez pas autant concentré le reste du temps. Nous rassemblons beaucoup d'informations visuelles : si nous voyons quelqu'un jouer de la trompette, nous n'avons pas besoin de l'entendre pour savoir qu'il en joue. Et beaucoup de choses fonctionnent de la sorte.

    Supprimez la notion de vue, et vous allez découvrir que vous êtes très très dépendants de tous vos autres sens. Peut-être pas au point de les amplifier. Mais jouer un aveugle aiguise vos autres sens. Vous apprenez à mieux les utiliser, même si ça ne vous transforme pas en Daredevil ou en super-héros.

    Propos recueillis par Emmanuel Itier à Los Angeles le 29 juillet 2021

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