Être un auteur à succès implique de voir ses œuvres changer, parfois même se transformer, lorsqu'elles sont transposées à l'écran. Pour certains, il s'agit là d'une vraie frustration. L'exemple le plus célèbre reste celui de Stephen King, mécontent de l'adaptation de son roman Shining faite par le grand Stanley Kubrick. Avec Disparu à jamais, l'écrivain Harlan Coben doit, lui aussi, composer avec les propositions et les idées des scénaristes.
Comme pour les autres séries adaptées de ses livres, l'action est ici délocalisée, passant d'un quartier du New Jersey, aux États-Unis, au Sud de la France, à Nice. Parmi une poignée de différences notables, il y a surtout celle autour du personnage du frère, incarné par Nicolas Duvauchelle. Son implication dans l'intrigue n'est dévoilée qu'à la fin du programme, lors du dénouement, contrairement au livre. Ces libertés sont principalement prises pour tenir le spectateur en haleine et maintenir le suspense.
Dans les colonnes du Journal du Dimanche, Harlan Coben explique ne pas voir ces changements d'un mauvais œil. "J'ai toujours pensé que la meilleure adaptation d'une œuvre littéraire était celle qui s'en éloignait le plus, lance-t-il. Il faut trahir un roman pour réussir une série, qui ne doit pas se contenter d'être un copier-coller. L'atmosphère du livre, vous ne la retrouverez qu'en lisant le livre !"
En 2006, Guillaume Canet est le premier à adapter un des livres de Harlan Coben avec Ne le dis à personne, important succès dans les salles. Le romancier a réellement compris l'importance d'une transposition lors de cette expérience. "Nous avons passé beaucoup de temps à réfléchir aux changements à apporter à l'histoire originale, se remémore-t-il. Trouvant un peu convenu de montrer des hommes en costume cravate lors d'une soirée de charité, il avait préféré mettre en scène Jean Rochefort dans le cadre d'une compétition de jumping. J'avais trouvé ça parfait."
Néanmoins, Harlan Coben suit de près l'évolution des projets et se permet quelques petites remarques, notamment sur les dialogues, le choix des musiques ou encore le rythme. "Je suis à chaque fois très attentif au fait que le suspense ne tue pas l'émotion, et en même temps je veille à ce que les rebondissements cueillent le spectateur quand il ne s'y attend pas." Un pari qui semble avoir été tenu sur Disparu à jamais.