Vous faites partie des nouvelles recrues d'Un Si Grand Soleil sur France 2. Comment s'est déroulé le casting pour le personnage de Jonathan, que vous interprétez ?
Benjamin Garnier : J'ai eu la chance que les choses se soient passées de façon assez fluides. Je devais auditionner avec Fabrice Deville, qui joue mon frère dans la série, mais finalement nous n'étions pas disponibles en même temps. Et puis l'occasion de passer les essais à Paris avec la directrice de casting est arrivée, et ça s'est fait très rapidement.
Jonathan, qui vient de purger une peine de prison à son arrivée à Montpellier, est un personnage ambigu : toujours dans la séduction, il est aussi présenté comme une menace potentielle... Comment avez-vous travaillé ce personnage ?
J'ai eu la chance de pouvoir parler avec les auteurs en amont, et d'avoir accès à une bonne partie des scripts d'épisodes, ce qui m'a permis de voir comment le personnage allait évoluer et comment il fonctionnait. Je leur ai fait pas mal de propositions sur comment j'envisageais les choses, et comme on a tout de suite été assez raccords, ça s'est fait de manière saine.
A partir de là, mon travail a été de voir comment je voulais le travailler physiquement, que ce soit sa voix, sa façon de parler et de regarder les gens, ou le regard qu'il porte sur les gens... Des petites attitudes comme ça qui étaient ma façon de rentrer dans costume. Et après de le laisser vivre au fur et à mesure avec les rencontres des différents acteurs, et l'évolution du scénario, qui réserve pas mal de surprises sur la durée.
Jonathan cherche à se réinsérer dans la société en montant un projet de ressourcerie. Vous-êtes vous documenté sur les anciens détenus et la réinsertion professionnelle ?
De fait, j'ai eu l'occasion d'en rencontrer un, avec qui j'ai commencé une collaboration pour une adaptation de sa vie en film, car je suis aussi scénariste. On espère que ça se fera, en croisant les doigts car en cette période le cinéma est toujours un peu plus délicat à monter. J'ai eu beaucoup de conversations avec lui, et c'était une petite base de réflexion pour comprendre comment ça pouvait se passer de l'intérieur.
Comment conciliez-vous vos deux parcours de scénariste et d'acteur ?
Dans les deux cas, il s'agit vraiment de raconter des histoires, que ce soit d'un côté ou de l'autre de la caméra. Le gros avantage quand on est acteur de pouvoir écrire aussi, c'est de ne pas être tributaire du désir des autres ou des circonstances de projets qui se font, qui ne se font pas, du timing... Si on se lève et qu'on a un papier et un crayon, on peut exercer, ce qui est une grande liberté.
Jonathan débute une idylle avec Eve, qui a l'air assez prometteuse. Du moins on l'espère, car Eve a beaucoup souffert par le passé sur le plan affectif...
Oui en effet (rires), on a eu l'occasion de discuter avec Emma Colberti de ça. C'est vrai que c'était très agréable pour elle de justement pouvoir travailler quelque chose de beaucoup plus joyeux. On a pas mal de scènes de comédie, de flirt qui sont vraiment très jolies et très enlevées, et c'était très appréciable de pouvoir jouer ça. Après, concernant le destin de cette relation, je ne peux rien dire sur le sujet...
A titre personnel, pensez-vous que Jonathan a un bon fond et se retrouve victime d'un système et de mauvaises circonstances, ou bien au contraire qu'il est incapable de retrouver le droit chemin ?
Il y a deux points de vue différents : celui, extérieur, sur ce qu'on peut voir de Jonathan à l'écran, et mon travail d'acteur, qui est de trouver comment l'interpréter. Donc forcément de me raconter une histoire et d'échanger avec les différents protagonistes de cette histoire, que ce soit Fabrice ou les auteurs, pour me demander par quel bout je vais le prendre pour me dire que je peux le jouer.Tout en ayant une connexion avec lui, et pas un jugement.
Pour moi, je ne dirais pas que c'est quelqu'un qui n'est que victime des circonstances, il a aussi fait des choix, mais plus je découvre son histoire plus je comprends ses circonstances, et plus ça me permet de trouver un chemin par rapport à ça.
Son frère, Florent, le tient pour responsable de la mort de ses parents. Mais peut-être cherche-t-il à tout prix un responsable à son malheur alors qu'il n'a pas réussi à faire son deuil...
L'un et l'autre ont été extrêmement blessés, et parce qu'ils sont très différents dans leur rapport au monde et leur façon de fonctionner avec les gens, ils n'arrivent jamais à communiquer. C'est ce qui revient le plus avec le personnage de Florent : dès que j'ouvre la bouche, pour lui quelque chose de faux ou une tentative de manipulation va en sortir.
Il a perdu toute forme de confiance, et à partir de là chaque discussion devient une souffrance. Et ca fonctionne dans les deux sens, car le fait d'avoir un frère qui ne me fait jamais confiance, et qui va toujours me tenir à distance renforce le fait que cette relation est compliquée, voire fait qu'elle le devient de plus en plus.
En parallèle, Jonathan s'est trouvé une espèce de père de substitution auprès de Victor, qui est prêt à l'aider dans son projet sans aucun jugement. Va-t-il se montrer à la hauteur de sa générosité ?
Avec Victor, c'est vraiment une très belle relation, justement parce que Victor lui donne tout ce que Florent lui refuse. Le fait de lui accorder la possibilité d'un nouveau départ, de ne pas le réduire qu'à son passé et à certains actes malheureux, et de croire vraiment en la possibilité qu'il peut changer, que les choses peuvent bien tourner... C'est extrêmement porteur pour lui. C'est vraiment une belle rencontre et une belle relation.
En arrivant sur le tournage de la quotidienne, qu'est ce qui vous a surpris ou peut être un peu déstabilisé en matière de rythme de travail ?
Pour prendre un exemple un peu extrême avec le cinéma où on va avoir les textes longtemps en amont et beaucoup de temps de préparation, le fonctionnement est très différent sur la quotidienne. J'ai eu la chance d'avoir une arche avec beaucoup de scènes, ce qui représente beaucoup de texte : c'est plus dur d'avoir le temps de travailler et de découvrir les scènes en amont.
Il y a un vrai challenge pour assimiler toute la dimension de l'histoire. La vraie différence par rapport aux expériences que j'ai pu avoir auparavant, c'est que ça renforce encore le fait de travailler sur le plateau et de faire évoluer la scène sur le plateau plutôt que d'arriver avec peut être des idées plus arrêtées du fait d'avoir eu le temps de se préparer systématiquement.
Après, c'est un laboratoire agréable parce que ça permet d'être vraiment dans l'instint et dans l'instant. Ça permet d'être complètement à l'écoute de ses partenaires et j'ai été très bien entouré pour ça, que ce soit en termes de talents ou en termes d'écoute. Et ça s'est très bien passé grâce à ça. C'est vrai que c'est un rythme surprenant quand on n'a pas l'habitude !
D'autant plus que votre personnage crée des ramifications et sert d'agitateur entre plusieurs personnages existants. Si on vous le proposait, aimeriez-vous devenir un personnage récurrent ?
Je ne peux pas tellement répondre par rapport à là où en est l'intrigue, je connais une seule partie de son destin, et c'est beaucoup plus entre les mains des scénaristes que les miennes. Et après, évidemment, c'est un personnage que j'ai eu beaucoup de plaisir à incarner et un tournage auquel j'ai été ravi de participer.
Pour finir, avez-vous d'autres projets à venir prochainement, en tant qu'acteur ou en tant que scénariste dont vous souhaiteriez nous parler ?
En ce moment, je travaille sur plusieurs projets de séries et téléfilms, et mon dernier film en date, Des Vacances tout prix, va démarrer sa carrière en festival dans de très belles conditions, je suis très impatient de voir ce que ça va donner. C'est un projet dans lequel j'incarne le méchant; je ne sais pas si c'est une habitude que je vais prendre dans le temps ! (rires) Il va faire sa première sélection à Los Angeles, au Chinese Theater. C'est un très joli point de départ, j'ai hâte de découvrir le film mais surtout de voir comment il va être reçu, parce que c'est un projet que j'ai pris beaucoup de plaisir à faire et qui à mon avis a de très grandes qualités.
J'ai toujours aimé le fait de composer un rôle, de pouvoir travailler sur le voix et le corps selon les méthodes anglo-saxonnes. Toutes les fois où j'ai l'occasion de travailler un personnage qui est loin de moi et qui m'offre le fait d'aller chercher dans des directions différentes, je trouve toujours ça extrêmement agréable et passionnant.