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    Raya et le dernier dragon sur Disney+ : "La culture de l'Asie du Sud-Est est sous-représentée au cinéma et dans l'animation"
    Maximilien Pierrette
    Les images de synthèse de Pixar, les marionnettes de Laïka, la pâte à modeler d’Aardman, les dessins faits à la main des classiques de Disney, les envolées de la saga Dragons… Depuis son enfance, les rendez-vous avec l’animation sont des moments sacrés qu’il ne rate que rarement.

    Les réalisateurs Don Hall et Carlos Lopez Estrada, les scénaristes Adele Lim et Qui Nguyen, et la productrice Osnat Shurer évoquent "Raya et le dernier dragon", disponible sur Disney+ depuis le 4 juin.

    The Walt Disney Pictures

    Du sang neuf dans les studios d'animation Disney ! Si le réalisateur Don Hall est un habitué de la maison, où il a déjà signé Winnie l'Ourson et Les Nouveaux héros, plusieurs de ses partenaires sur Raya et le dernier dragon sont des néophytes.

    Et certains viennent des prises de vues réelles, comme le metteur en scène Carlos Lopez Estrada (Blindspotting), et les scénaristes Adele Lim (Crazy Rich Asians) et Qui Nguyen (la série Les Envoyés d'ailleurs).

    Aux côtés de la productrice Osnat Shurer, ils évoquent ce long métrage qui sort finalement sur Disney+ après avoir été prévu pour les salles. Et qui nous plonge au sein de la culture asiatique grâce à cette aventure pleine d'action, d'aventures et de magie, où il est question de sauver un royaume ancestral divisé. 

    Raya et le dernier dragon
    Raya et le dernier dragon
    Sortie : 4 juin 2021 | 1h 47min
    De Don Hall, Paul Briggs, John Ripa
    Avec Emilie Rault, Kelly Marie Tran, Géraldine Nakache, Awkwafina, Jade Phan-Gia
    Presse
    3,3
    Spectateurs
    3,8
    Voir sur Disney+

    AlloCiné : Qu'est-ce qui vous a inspirés dans cet univers, cette époque que l'on voit dans le film ?

    Don Hall (Réalisateur) : Le point de départ remonte à environ six ans, ce qui est fréquent comme durée de production pour un long métrage d'animation. Nous n'étions pas présents à ce moment-là car nous avons été engagés il y a un an et demi.

    Mais, dès le début, il était question de donner naissance à une aventure fantastique - un genre que nous adorons tous - et l'équipe créative a été particulièrement inspirée par l'Asie du Sud-Est, à l'issue d'un voyage de recherche qui a soufflé tout le monde.

    Sur place, ils ont visité différents pays, et tous ont été inspirés par les gens qu'ils ont rencontrés, ce qu'ils ont vu et mangé. Cela peut paraître simpliste, mais tout a débuté avec des artistes qui ont été inspirés. Et tout le monde a aimé cette idée, ne serait-ce que parce que la culture de l'Asie du Sud-Est est sous-représentée. Au cinéma, et dans l'animation chez Disney. C'était une belle manière de rendre hommage à cette culture, au sein d'une aventure fantastique.

    Adele Lim (Scénariste) : Lorsque je suis arrivée sur le projet, il y avait cette idée du royaume de Kumandra divisé en cinq territoires différents, et il suffit de regarder dehors pour voir à quel point nous sommes nous-mêmes divisés. Ce n'est pas le monde dans lequel nous voulons que nos enfants grandissent.

    Dans l'Asie du Sud-Est, il y a un sentiment de communauté très solide, qui est plus fort que tout. Il y a pourtant de grandes différences au sein des pays, et notamment en Malaisie où j'ai grandi, car il y a beaucoup de races, de cultures et de religions.

    Il serait facile de nous regarder les uns et les autres et de voir dans ces différences des choses qui nous séparent et font de nous des ennemis aux yeux des autres. Mais si vous vous approchez et que vous observez ce qui rend notre culture si incroyable, entre l'art, l'histoire et la nourriture - la meilleure street food du monde ! - on le doit à ces différences et à leurs influences respectives.

    Et Kumandra fonctionne de la même manière, en montrant ces deux aspects. C'est ce qui nous a inspirés, c'était la solution parfaite.

    Dans l'Asie du Sud-Est, il y a un sentiment de communauté très solide, qui est plus fort que tout. (Adele Lim)

    Des films et des peintures vous ont-ils également inspirés pour bâtir cet univers fictif ?

    Osnat Shurer (Productrice) : Nous avons creusé très profondément au moment de réfléchir à ce monde. La première fois que nous avons dit à notre cheffe décoratrice ce que nous faisions, elle nous a répondu : "Vous réalisez que vous me demandez de concevoir cinq films en un ?"

    Nous en étions bien conscients. Il fallait que l'histoire de Kumandra paraisse concrète et que nous en connaissions les détails même si vous ne les voyez pas à l'écran. Nous avons beaucoup réfléchi aux principes de design que les régions partagent. Car il y a des régions très variées, une dizaine de pays, de multiples cultures et religions…

    Mais il y a des principes communs. À cause de l'emplacement sur la carte du monde ou, comme l'a dit Adele, cette combinaison d'influences qui donne naissance à quelque chose d'unique. Nous les avons cherchés pour ensuite les transposer dans notre monde, de manière organique. Nous avons également regardé des centaines de références pour les costumes, en imaginant toute sorte de situations pour les concevoir.

    Quels étaient vos modèles pour les scènes d'action ?

    Don Hall : Il fallait déjà qu'elles soient organiques dans l'histoire. Qu'elles ne soient pas obligatoires, même si nous sommes dans un film d'action et d'aventures. Il fallait que cela fasse progresser l'histoire et les personnages. Mais Qui a beaucoup aidé à concevoir ses séquences, grâce à son expérience de chorégraphe et d'artiste martial.

    The Walt Disney Pictures

    Une rumeur dit que le film aurait pu être plus violent. Est-ce vrai ? Et si oui, dans quelle mesure aurait-il pu l'être ?

    Osnat Shurer : (rires) C'était une blague des réalisateurs. Ce qu'il se passe, c'est que nous avons le script et un storyboard avec lesquels nous montons une première version du film, sans les voix. Pour ensuite tout jeter et retravailer avec les scénaristes et réalisateurs.

    Vous pouvez aussi profiter de l'avis d'autres metteurs en scène de chez Disney, ce qui est bénéfique. Pendant cette phase, nous poussons les curseurs, quitte à aller trop loin tout en le sachant, pour ne pas nous reposer sur nos lauriers.

    La mise en scène est ici différente de ce que nous avions fait auparavant, les séquences de combat sont très très réalistes et paraissent viscérales. Et je pense que c'est à cela qu'ils faisaient référence : nous sommes allés trop loin à un moment, sans y penser sérieusement. Sinon quelqu'un nous l'aurait fait remarquer (rires)

    Vous êtes plusieurs à venir du cinéma en prises de vues réelles. Cela vous a-t-il aidé, ou vous a-t-il fallu apprendre à écrire et diriger différemment ?

    Carlos Lopez Estrada (Réalisateur) : Un peu des deux. Cela m'a aidé dans le sens où il y a une approche très cinématographique de l'animation dans Raya, et que les concepts de mise en scène des prises de vues réelles étaient adaptés ici.

    Ceci étant dit, la manière dont Disney fait des films et développe des histoires est très spécifique : je connaissais une bonne partie du langage de l'animation, sans vraiment avoir eu l'occasion de me plonger dedans, et Don nous a beaucoup aidés à ce sujet.

    Qui Nguyen (Scénariste) : Écrire pour Disney est différent de tout ce que l'on peut faire d'habitude dans n'importe quel autre medium : dans une pièce, une série ou même un film en prises de vues réelles, on écrit un scénario dont le réalisateur ou metteur en scène s'empare ensuite pour se l'approprier.

    Chez Disney, les scénaristes sont impliqués de bout en bout, ce qui permet notamment de faire des améliorations. Le script est en constante évolution.

    Adele Lim : Il faut d'abord savoir qu'écrire un film d'animation pour Disney est un travail incroyablement collaboratif. On nous voit souvent comme des créatures étranges et solitaires enfermées dans une pièce, mais cela ne pourrait pas être plus éloigné de la réalité.

    Surtout chez Disney. C'est un peu comme écrire pour la télévision. Ce que j'ai dû apprendre, mais que j'adore et qui est ma partie préférée du processus, c'est la collaboration avec chaque storyboarder.

    Vous écrivez une scène, dont le storyboarder s'empare ensuite. Puis il vous appelle et vous montre ce qu'il en a tiré, ce qui vous donne des idées à rajouter sur papier. En tant qu'écrivain, les dessins et les petits détails visuels sur les personnages vous inspirent, et c'est comme une conversation. Et j'ai appris que les storyboarders sont aussi des réalisateurs, des directeurs de la photo, des acteurs.

    Personne ne pensait que le résultat serait aussi intemporel qu'il ne l'est réellement. Ce qui rend ce que nous évoquons plus nécessaire encore. (Carlos Lopez Estrada)

    "Raya et le dernier dragon" se déroule dans le passé mais reste pertinent aujourd'hui, lorsqu'il parle d'un monde divisé et de l'importance de faire confiance aux autres et vivre en communauté. Est-ce ce qui vous a intéressés ici, ce discours ?

    Carlos Lopez Estrada : Lorsque nous avons rejoint le projet, il y a un an et demi, il nous paraissait déjà pertinent et intemporel. Et cela n'a fait que s'accentuer au fil des semaines. Et aujourd'hui, notre pays entre dans une nouvelle ère avec un nouveau président, qui a parlé, dans son discours d'inauguration, des façons dont nous pouvons de nouveau être unis. Ce qui correspond aux concepts du film.

    Nous avons été inspirés par les conversations en cours, et la manière dont nous pouvions les aborder pour tirer des leçons de ces fractures. Mais il y a une grosse part de coïncidence, car personne ne pensait que le résultat serait aussi intemporel qu'il ne l'est réellement. Ce qui rend ce que nous évoquons plus nécessaire encore.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 24 février 2021

    "Raya et le dernier dragon" est à voir sur Disney+ depuis le 4 juin :

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