Mortal Kombat X : l'âge de la maturité ?
Quatre ans après avoir opéré avec succès un reboot de la franchise "Mortal Kombat", le studio de développement NetherRealm est revenu abattre son gros poing en avril 2015 pour Mortal Kombat X. X, comme le 10e volet, bien entendu.
Le parcours et la destinée du studio géniteur de la franchise Mortal Kombat est assez exemplaire, sinon remarquable ; qui plus est dans un contexte où les liquidations sans ménagement de studios par les éditeurs de jeux vont bon train. Car depuis 23 ans, NetherRealm Studios, anciennement Midway Studios Chicago avant son rachat par Warner, a réussi à péréniser son existence en capitalisant presque exclusivement sur une seule et unique licence, même si le studio s'offre de temps à autre, c'est-à-dire pas souvent, quelques récréations, comme en 2013 avec le réussi Injustice : les Dieux sont Parmi Nous. Une licence Mortal Kombat suffisamment forte en tout cas pour se vendre tout de même à plus de 35 millions d'exemplaires depuis sa création.
Qu'elle semble loin l'époque où la petite équipe emmenée par Ed Boon et fan de films d'arts martiaux sortait l'ultra violent Mortal Kombat en guise de réponse à Street Fighter II. Après un reboot fort réussi en 2011, d'ailleurs sobrement baptisé Mortal Kombat, le studio revient plus en forme que jamais avec Mortal Kombat X, dans ce qui est sans doute le meilleur opus de la franchise. Un titre qui parvient habilement à concilier l'exigence de nouveau contenu pour ne pas donner l'impression de tourner sévèrement en rond et potentiellement élargir la base des fans, tout en donnant des gages de tradition et continuité propres à rassurer les plus intransigeants. Difficile exercice d'équilibriste donc, que NetherRealm réussit pourtant haut la main.
Beau comme un camion
La première chose qui frappe, ou plutôt qui caresse la rétine, est le rendu visuel du titre, absolument magnifique. Ça fourmille de détails dans les arrières plans des environnements où les Kombattants s'affrontent, bénéficie d'effets météo du plus bel effet (le Stage du Temple fouetté par la pluie et le vent), tandis que les personnages profitent d'un traitement royal lorgnant doucement vers le photoréalisme, avec effets de sueur sur la peau, traces de contusions sur les visages, etc. On sent clairement que le studio a mis à profit les années de développement séparant les deux opus pour bichonner leur - monstrueux - bébé.
Un traitement visuel / graphique dont profitent non seulement les spectaculaires et ultra violents coups en mode X-Ray qui reviennent et font toujours aussi mal, mais aussi bien entendu les fameuses fatalities chères au coeur des fans, sans lesquelles un Mortal Kombat n'est rien. Et de ce côté-ci, on est servi : l'équipe de NetherRealm s'est surpassée dans l'horreur absolue. Têtes tranchées, corps suppliciés puis coupés en deux, éventration, corps dissous dans l'acide... Loin des vieilles polémiques autour de cette débauche de violence particulièrement gratinée qui enflammèrent les esprits lors du premier titre en 1992, elle apparait ici plus que jamais totalement décomplexée, tellement outrancière finalement qu'elle en est cartoonesque. Un peu à la manière d'un bon vieux Bad Taste de Peter Jackson.
Changement de génération
Partie intégrante du cahier des charges de chaque Mortal Kombat, le mode histoire effectue logiquement son retour. Un passage très apprécié chez les fans pur jus, comme nous l'expliquait le producteur du jeu, Hans Lo, que nous avions rencontré lors de la présentation du jeu. Se déroulant 25 ans après les faits décrits dans le précédent volet et opposant toujours l'éternelle lutte entre le bien et le mal, l'histoire permet avant tout d'introduire les nouveaux personnages du jeu qu'on a successivement l'occasion d'incarner, et aussi souligner le passage de témoin d'une génération de Kombattants à l'autre. A l'image de Cassie Cage, fille d'un Johnny Cage aux tempes désormais grisonnantes et de Sonya Blade ; ou encore la fille de Jax, le Kombattant aux bras bioniques.
Mais force est de constater que question charisme, ils ont encore du boulot avant d'atteindre l'aura de leurs glorieux aînés, tant leur Design ne brille pas particulièrement. A la différence d'autres nouveaux personnages à l'identité visuelle forte, comme le chasseur de prime Erron Black tout droit échappé d'un western, la femme insecte D'vorah, l'étrange duo Ferra-Torr, ou encore Kotal Kahn, dont le look emprunte énormément à la culture aztèque.
Pensé et conçu comme un véritable petit film de 3h, le mode histoire, qui se regarde avec un vrai plaisir, est agrémenté de quelques séquences de combats dans lesquelles le joueur prend le contrôle de personnages bons ou mauvais, mais aussi de petites séquences de QTE qui n'ont pas d'autre fonction que de maintenir l'interactivité avec le joueur, et n'ont de toute façon aucune incidence sur le déroulé de l'intrigue.
Bas gros poing
Après cette copieuse mise en bouche, place au bain de sang, avec un line-up de Kombattants plutôt généreux de 24 personnages de base, sachant que d'autres personnages - et non des moindres - ont déboulés sous forme de DLC, pour lesquels il faut passer à la caisse : Jason de Vendredi 13, et surtout le Predator que Warner emprunte à la Fox.
On a pu lire ici ou là que Mortal Kombat X introduisait pour la première fois trois différentes variations de styles de combats pour chaque personnage jouable, avec leurs propres coups spéciaux, compétences et stratégies. Ce n'est pas tout à fait exact. En fait, il s'agit ici d'une (grosse) amélioration d'un système qui existait déjà dans Mortal Kombat : Deadly Alliance sorti en France en 2003, qui était le 5e volet "canon" de la saga. Pour mémoire, chaque personnage possédait trois techniques de combat : deux arts martiaux à mains nues, et une technique de combat avec une ou deux armes (épées, couteaux...). Le joueur pouvait basculer d'une technique à une autre avec un bouton. Chacune de ces techniques de combat disposait de coups qui lui était propre, offrant alors une grande diversité de gameplay.
Quoi qu'il en soit, il vous faudra un bon bout de temps pour maîtriser les enchaînements de la palette de coups de votre personnage, d'autant que pour corser un peu les choses, en plus des Fatalities, les Brutalities font leur grande retour dans Mortal Kombat X. Soit, pour les non initiés, des mises à mort effectuées à l'aide d'une série de coups imparables. La salle d'entraînement sera incontournable, surtout si vous voulez vous frotter à des adversaires joueurs qui ne manqueront pas de vous corriger violemment en place publique.
Généreux sur son contenu, Mortal Kombat X l'est assurément. Déjà avec le retour de la Krypte, gorgées de croquis, artworks et autres bonus plutôt sympas sur les coulisses de la création du jeu ; contenus qu'il faudra déverrouiller en récoltant des pièces de monnaie lors des combats. Mais surtout l'excellente idée des Living Towers. Il s’agit en fait de trois tours de défis en ligne qui changent tout le temps, en fonction de l’heure, du jour, et même du calendrier, de sorte que les défis sont constamment renouvelés.
A cela s'ajoute aussi le mode "guerre de factions", une sorte de meta-game : les joueurs doivent choisir une faction parmi cinq disponibles en ligne, qui permet de relever notamment des challenges quotidiens et hebdomadaires. Un système de comptage des points hebdomadaire permet d'attribuer des récompenses à la faction gagnante, comme des contenus déblocables ou des récompenses personnalisées. Bref, on ne va pas tout détailler par le menu, mais le jeu est vraiment bardé de contenus franchement sympas qui prolongent très nettement sa durée de vie et donc sa replay value.
Ci-dessous, le trailer de lancement du jeu...