Après de longues années dans les cartons d'Hollywood, l'adaptation cinématographique de Sans aucun remords, le livre de Tom Clancy, débarque enfin sur les écrans. C'est l'Italien Stefano Sollima, réalisateur, entre autres, de la série Gomorra et de la suite de Sicario, qui a la mission de transposer le roman en film avec, dans le premier rôle, Michael B. Jordan. Rencontre.
AlloCiné : Sans aucun remords est adapté du roman éponyme de Tom Clancy. Comment vous différenciez-vous du livre ?
Stefano Sollima : Ce que j’ai aimé dans le roman, c’était le côté émotionnel de cette histoire basée sur un protagoniste qui tente de se venger. C’est une histoire viscérale et toute simple, celle d’une trahison. J’aime aussi ce sujet de conspiration politique et son contexte géopolitique. Le livre se déroule dans les années soixante-dix pendant la guerre du Vietnam. Je voulais rendre l’histoire plus contemporaine avec une guerre plus récente, tout en gardant l’esprit du roman. Désormais, l’intrigue se passe en Syrie avec, dans l’ombre, le conflit Américano-Russe.
Également, nous avons changé le personnage de John Kelly, qui était un soldat blanc. Maintenant il est joué par un acteur noir, Michael B. Jordan. Le personnage de Karen Greer, interprétée par Jodie Turner-Smith, était un homme dans le livre. Nous avons pensé que ce serait plus fort et dans l’air du temps de prendre une femme bad-ass comme Jodie. Je ne voulais pas créer une romance inutile entre Jodie et Michael, juste montrer le profond respect qui règne entre eux. L’âme du livre est là, mais le film est une version moderne de ce que Tom Clancy avait imaginé. Un film se doit de refléter ce qui se passe dans notre société en 2021.
Etait-ce un défi de recréer l’action du film ?
Je n’aime pas l’action pour l’action. Je veux qu’elle soit motivée par de vraies émotions et qu’elle influence la psychologie des personnages. Nous avons poussé le bouchon au maximum avec des scènes spectaculaires. Ce qui est différent ici, c’est que l’action est vraiment vue à travers la vision de John Kelly. J’ai demandé à Michael B. Jordan d’être au cœur de toutes les scènes. C’est comme si le public était avec lui tout au long du film.
Évidemment, quand les scènes étaient trop dangereuses, nous avons eu recours à une doublure professionnelle, mais Michael a fait la plupart de ses cascades. Il s’est entraîné au maximum pendant la préparation, quasi militaire, dans un boot camp sous la direction de l’ancien Marine Buck Doyle. Tout s’est déroulé dans un cadre de sécurité maximale.
C’est important de faire preuve de réalisme.
De quoi parle vraiment le film ?
Le cœur du film est une réflexion sur la guerre et sur les motivations. Comment elle a eu des conséquences sur les protagonistes du film et la tension au niveau mondial. Encore une fois, c’est important pour moi d’ancrer l’histoire dans le réel pour la rendre la plus intéressante possible.
Quelle fut la scène la plus difficile à tourner ?
Sans aucun doute la séquence quand l’avion est sur le point de s’écraser dans l’océan. Nous voulions vraiment mettre le public au cœur de ce crash. C’est comme si vous étiez avec Michael B. Jordan. Techniquement, ce fut un vrai défi de tourner cette scène avec un long travelling sans dessus-dessous. C’est important de faire preuve de réalisme. Je crois que nous avons réussi notre coup avec ce film.
Pourquoi avoir choisi Michael B. Jordan plutôt qu’un autre acteur ?
Il insuffle une vraie humanité à son personnage. Il n’est jamais faux et vous le croyez vraiment. Vous êtes avec lui, tout au long, au niveau de l’action comme au niveau de ses émotions.
Un mot à nous dire sur le project d’adaptation du jeu video Call of Duty ?
Malheureusement, je pense que le projet est tombé à l’eau. En tout cas, je ne suis plus impliqué dans sa production.
Propos recueillis par Emmanuel Itier, à Los Angeles, en avril 2021.