Privé de sortie dans les salles françaises pour cause de pandémie du Covid-19, Judas And The Black Messiah est directement disponible sur myCANAL. Les cinéphiles peuvent ainsi découvrir le parcours météorique de l'activiste afro-américain Fred Hampton, membre influent des Black Panthers, assassiné par le FBI et la police américaine à l'âge de 21 ans, en 1969. Une histoire d'engagement et de violence nommée dans 6 catégories aux Oscars 2021 (dont Meilleur Film), mise en scène par Shaka King, et portée par Daniel Kaluuya, Lakeith Stanfield et Dominique Fishback.
AlloCiné : Parlez-nous de ce film et de son message.
Shaka King : J’ai été fasciné par l’histoire de Bill O’Neal infiltrant les Black Panthers en raison des pressions du FBI. Pour moi, ce film est une opportunité pour nous plonger dans le passé trouble de mon pays mais aussi de mieux comprendre l’impact que cela a toujours dans notre société d’aujourd’hui qui demeure encore tellement divisée. J’ai bien peur que rien n’ait changé et que nous ayons toujours des oppressions du gouvernement sur les minorités défavorisées. Je pense que le message éducatif peut mieux passer lorsque ces idées sont véhiculées dans un film comme celui-ci.
Dominique Fishback : J’ai senti la pression de faire partie de ce film dont le message est tellement d’actualité et important. Pour moi, c’était vraiment une immense opportunité de faire partie de ce film. J’ai également senti une pression supplémentaire en jouant le rôle de Deborah Johnson car elle est toujours vivante. J’ai même pu la rencontrer, elle et toute sa famille. Ils vivent à Chicago et nous y sommes allés pour avoir leur bénédiction. Deborah a passé plus de 7 heures avec nous pour vraiment comprendre notre approche et être convaincue que nous allions lui faire honneur. Ensuite, elle nous a rendu visite pendant le tournage, et à nouveau j’ai ressenti le trac de sa présence. Mais tout s’est bien passé et je crois qu’elle est fière de notre film.
Pouvez-vous expliquer l’impact qu’un film comme celui-ci peut avoir et les thèmes explorés ?
Shaka King : Je voulais explorer cette notion que les Black Panthers appellent “La Révolution D’Amour”. J’étais intrigué par tous les programmes sociaux, éducatifs et médicaux créés par les Black Panthers et comment ils tentaient vraiment d’enrayer le processus d’exploitation de l’individu afin de le libérer et de le protéger. Je voulais comprendre pourquoi ils étaient armés. Ils semblaient revendiquer leurs actions armées dans un but de self-défense et ils considéraient ceci comme un geste d’Amour. Donc je voulais mieux comprendre leur motivations et leurs actions.
Est-ce que par les temps qui courent, ce film a encore plus d’importance ?
Shaka King : Absolument, avec le mouvement “Black Lives Matter” et autres, j’espère que nous avancerons dans la bonne direction. Une direction faite d’union et non de séparation. Plus que jamais, nous avons besoin de panser nos plaies et d’ouvrir la voie de la paix. Mais je pense que cela prendra du temps et plus qu’un film pour y arriver.
Dominique Fishback : Je me souviens d’avoir marché l’année dernière pour protester contre la mort de George Floyd et en soutenant le mouvement “Black Lives Matter. Plus que jamais ce film a donc son importance et j’espère que son message universel d’union des minorités pour combattre cet ennemi commun qu’est le racisme, résonnera plus que jamais avec le public. J’espère que nous apprendrons à nous transformer d’abord en nous-mêmes, en méditant, pour ensuite changer le monde qui nous entoure. De plus, je pense qu’il faut que chacun prenne conscience de son importance et de son impact sur les autres. Chacun agit d’une manière différente mais tout se rejoint et se complète. Nous formons un seul corps et chaque membre a son importance et une action différente des autres, tout en étant en harmonie et en complémentarité avec les autres.
Est-ce que de faire ce film vous a appris quelque chose en particulier ?
Shaka King : J’ai appris à mieux écouter les autres, à collaborer avec l’autre avec plus de profondeur et d’humanité. C’est également important d’écouter des personnes qui me semblent hostiles et de tenter de comprendre au-delà de ce qu’elles disent. Au-delà des apparences, il faut vraiment apprendre à se regarder avec une ouverture d’esprit différente. Je pense faire preuve maintenant de beaucoup plus de diplomatie après avoir mis en scène ce film.
Dominique Fishback : Ce film m’a appris énormément sur moi et qui je suis. Je me sens totalement transformée après cette expérience. En tout cas. j’en ai appris encore plus sur l’amour inconditionnel et sans limite. Je crois que j’ai aussi appris à faire plus confiance au gens. A avoir plus confiance en moi et à déterminer réellement qui je suis et ce que je veux de cette vie. Quelque part, ce film m’a donné un sens de libération. Cela commence avec la libération de notre esprit. Une fois libérés nous pouvons vraiment implanter cette notion de liberté dans notre quotidien et dans nos actions pour changer le cours de nos vies et celui de la société.
Judas And The Black Messiah est disponible sur myCANAL.