Attention, cet article contient des spoilers sur les derniers épisodes d’Hippocrate. Si vous ne voulez rien savoir, ne lisez pas ce qui suit !
La saison 2 de Hippocrate s’achève ce soir sur CANAL+ à l'issue de deux épisodes riches en émotion, qui ne vont pas laisser les fans de la série indifférents. Véritable hommage au personnel soignant, Thomas Lilti, créateur de la série mais aussi scénariste du film éponyme, n’a jamais eu peur de parler des sujets sensibles et des problématiques que rencontrent les hôpitaux aujourd’hui.
Tandis que la première saison avait pour fil rouge l'erreur médicale, pour cette saison 2, le scénariste a choisi de parler du mal-être des soignants à travers le personnage d’Igor, ce jeune interne des urgences incarné par Théo Navarro-Mussy.
Suite à une garde de 72 heures sans pause, Igor Jurozak oublie une de ses patientes, qui va être victime d’un AVC et sera retrouvée inanimée par Arben (Karim Leklou). Épuisé, il n’a aucun souvenir d’avoir pris en charge la patiente.
Rongé par la culpabilité, mais aussi affecté par la pression qui lui est mise et la fatigue qu’il ressent, il met fin à ses jours dans l’épisode 7. Un acte qui va avoir de lourdes conséquences, aussi bien sur le service des urgences, que sur ses collègues, notamment Hugo, qui était très proche du jeune homme.
Interrogé par AlloCiné sur ce choix scénaristique, Thomas Lilti a expliqué avoir pris la décision de faire mourir Igor dès le début de l’écriture de cette saison 2. “Je voulais savoir pourquoi, dans un métier de soins, nous pouvions souffrir", nous a-t-il confié.
“Pourquoi souffrons-nous ? Parce que nous ne pouvons pas bien faire notre métier, nous n’avons pas les bons outils et nous sommes mis dans une situation d’échec, alors que tout devrait être fait pour, qu’au contraire, nous puissions bien faire.”
Selon une étude de l’Isni (InterSyndicale Nationale des Internes), un interne en médecine se suicide tous les 18 jours, c’est trois fois plus élevée que pour la population générale. Depuis le 1er janvier, 5 ont mis fin à leurs jours.
Un interne sur trois présente un syndrome dépressif à cause de son stage et neuf internes sur 10 subissent du harcèlement psychologique sur leur lieu de travail. Il faut dire que les conditions de travail de ces médecins en devenir n’aident pas à leur santé mentale.
Ainsi, un interne en médecine travaille en moyenne 58h par semaine, auquel il faut ajouter 2 à 3 gardes de 24h par semaine… L’Insni a d’ailleurs lancé la campagne #ProtegeTonInterne afin d’alerter le gouvernement sur cette situation qui s’est pas aggravée avec la crise du Covid.
Dans cette situation déjà tendue, la moindre erreur ou le moindre événement peut donc avoir des conséquences désastreuses. C’est ce que Thomas Lilti a essayé d’exposer dans la saison 2 d’Hippocrate.
“Je voulais montrer comment une petite catastrophe en amène une plus grande. Comment une canalisation qui pète entraîne une désorganisation du service de médecine interne qui se retrouve à devoir gérer les urgences dans de mauvaises conditions, ce qui provoque ensuite l'oubli d’une patiente et amène enfin à la mort d’un interne. Et même si on se relève d’une telle catastrophe, il y a toujours quelque chose de plus grave qui arrive. Dans notre cas, c’est la crise du Covid.”
Les saisons 1 et 2 d’Hippocrate sont à retrouver en intégralité sur myCANAL.