De quoi ça parle ?
Insatisfaite de son mariage avec un homme rencontré à l’université, et éloignée de sa famille, Claire, solitaire, fait son entrée dans une nouvelle école, au Texas. La vie de la jeune femme est bouleversée lorsqu'Eric, un charmant élève de sa classe, s’intéresse à elle de façon inattendue. Capitaine de l’équipe de foot de l'établissement, l'adolescent est populaire et extraverti.
Si sa vie semble parfaite, Eric jongle en réalité entre la pression de l’école, son objectif d'intégrer l’université et un emploi à temps partiel, tout en aidant à prendre soin de ses deux jeunes frères afin que sa mère Sandy puisse subvenir aux besoin de sa famille. Claire et Eric se découvrent une connexion indéniable qui leur permet d’échapper à leurs dures réalités respectives. Cette relation interdite entre un professeur et son élève mineur pourrait bien avoir de douloureuses répercussions.
A Teacher, une série créée et coréalisée par Hannah Fidell.
Disponible sur myCANAL et diffusée sur CANAL+ dès le 22 avril
C'est avec qui ?
Également coproductrice de la série, Kate Mara incarne Claire Wilson, une jeune professeure qui débarque dans un lycée du Texas. Ce n'est pas la première fois que l'actrice joue dans une série. Elle était, entre autres, dans la première saison de House of Cards et de Pose, fiction créée par Ryan Murphy en 2018. Face à elle, Nick Robinson interprète Eric, l'élève. Après quelques films indépendants, c'est dans le blockbuster Jurassic World que le monde entier découvre le comédien. En 2018, il prête ses traits au personnage principal de Love, Simon, premier teen movie grand public sur un héros homosexuel. Ashley Zukerman (Succession) joue le marie désabusé de Claire, Dylan Schmid (Snowpiercer), un des camarades de classe d'Eric, et Rya Kihlstedt (Dexter), sa mère.
Ça vaut le coup d'œil ?
C'est d'abord sous la forme d'un long métrage à petit budget que la réalisatrice Hannah Fidell s'est intéressée à la relation d'une enseignante avec son élève. En 2013, A Teacher est présenté au prestigieux Festival de Sundance. Le sujet ne passe pas inaperçu et assure au film une belle carrière. Huit ans plus tard, voici la série de 10 épisodes. Kate Mara et Nick Robinson remplacent les moins connus Lindsay Burdge et Will Brittain, et l'intrigue gagne en épaisseur. Si la version cinéma s'achève sur une fin abrupte, le programme va plus loin et aborde les conséquences de la liaison entre les deux personnages.
Le format sériel permet à Hannah Fidell de créer une intrigue et des héros plus complexes. A Teacher n'est pas adapté de faits réels, même si des histoires similaires se sont déjà produites aux États-Unis comme en France, avec notamment la célèbre affaire Gabrielle Russier dans les années soixante-dix. La réalisatrice s'intéresse à l'interdit et le désir, plus fort que tout, de franchir la limite. Encore plus réussie que le film, la série se divise en deux parties distinctes : la première est centrée sur le jeu de séduction et l'idylle, la seconde suit les deux personnages après que leur liaison a été rendue publique.
A Teacher définit brillamment la zone grise, le terme utilisé pour parler d'une relation qui n'est pas consentie mais qui n'apparaît pas nécessairement comme une agression. De par son âge et sa profession, Claire symbolise la figure d'autorité et détient, sans même s'en rendre compte, un véritable ascendant sur son élève. C'est ce traitement nuancé qui rend la série délicate et intéressante, sans parler de sa résonance avec l'actualité. Consciente du sujet qu'elle tient entre ses mains, Hannah Fidell reproduit le fantasme éculé de l'enseignante sexy à travers quelques séquences de rêve pour mieux le déconstruire dans la réalité.
À l'écran, Kate Mara offre une performance des plus convaincantes sous les traits d'une épouse perdue, criminelle malgré elle. Nick Robinson, lui, s'était promis de ne plus rejouer les lycéens. Avec A Teacher, il enfreint sa propre règle, mais trouve ici l'un de ses meilleurs rôles et, ironiquement, l'un des plus matures de sa carrière. Avec ses épisodes courts - d'une durée de 25 minutes en moyenne -, le programme se débarasse du superflu, va à l'essentiel et capte instantanément l'attention des téléspectateurs. La scène finale, conclusion marquante et quasi parfaite de cette histoire taboue, illustre à elle-seule la complexité de cette série à ne pas manquer.