De quoi ça parle ?
Tandis que sa vie va à vau-l'eau, une détective d'une petite ville de Pennsylvanie enquête sur un meurtre.
Easttown, une série créée par Brad Ingelsby et réalisée par Craig Zobel, avec Kate Winslet, Julianne Nicholson, Jean Smart, Evan Peters.
A partir du mardi 5 mars à 21h10 sur M6 et déjà disponible sur 6play.
C'est avec qui ?
Sous les traits de Mare Sheehan, on retrouve Kate Winslet. Caractère bien trempé à la limite du désagréable, elle voit sa vie personnelle partir en déliquescence en même temps qu'elle enquête sur le meurtre d'une jeune fille.
Pour l’occasion, elle fait équipe avec le détective Colin Zabel, joué par un Evan Peters aux antipodes des rôles qu'on l'a vu endosser ces dernières années à la télévision (notamment Dahmer...)
Guy Pearce – qui a déjà donné la réplique à Kate Winslet dans Mildred Pierce – joue un auteur qui fait la cour à Mare. Et la formidable Jean Smart (Legion, Watchmen) interprète Helen, la mère de Mare, qui vit avec elle, sa fille et son petit-fils.
Ça vaut le coup d'œil ?
À première vue, Easttown recycle toutes les recettes déjà éprouvées d'un whodunit classique : la petite ville grisâtre avec sa galerie d'habitants qui cachent peut-être de vilains secrets, une flic dont la vie personnelle chaotique ne l'empêche pas de se jeter corps et âme dans son enquête...
On y trouve volontiers des résonances avec Broadchurch ou encore True Detective. Pourtant, cette mini-série triture tous ces éléments pour en faire quelque chose d'autre. De plus profond.
Dans la petite bourgade d'Easttown, Mare bute sur une enquête qui ne trouve pas de résolution. La disparition d'une adolescente qui remonte à un an et qui a traumatisé la ville.
La mère de la disparue continue de remuer ciel et terre pour retrouver sa fille à coups de déclarations télévisées et de dénonciations de l'inefficacité de la police. Dur à avaler pour celle qui a retourné toute la région pour retrouver la jeune fille.
Côté vie privée ? Une déroute totale. Divorcée, Mare vit en face de son ex-mari qui a refait sa vie. Elle a perdu un fils qui laisse derrière lui un petit garçon de 4 ans. Et elle l'élève seule, avec sa mère Helen, sa fille adolescente et son petit-fils. Un tableau pas très réjouissant pour cette femme lourdement éprouvée par la vie.
Un drame naturaliste
Filmée dans la vraie ville d'Easttown, en Pennsylvanie, avec son ciel bas et ses nuages maussades, la mini-série de Brad Ingelsby ne cherche pas à jouer sur de quelconques effets de style. Elle prend le parti d'un dépouillement quasi total.
À commencer par Kate Winslet, filmée au naturel, portant jeans, chaussures de randonnée et sweatshirts informes. Et un accent local plus vrai que nature.
Malgré les apparences, tout n'est pas gris dans cette série. Aux moments les plus inattendus surgissent ici une blague féroce, là un éclat de rire. Bien qu'il ne les épargne pas, Brad Ingelsby refuse d'enfermer ses personnages dans la morosité.
Un instinct de survie point toujours quelque part là où on ne l'attend pas. Il fait jaillir à chaque instant une humanité crue au milieu d’un enchevêtrement savamment tissé d’une enquête qui touche tout le monde.
C'est aussi l'histoire d'une communauté qui vit presque en vase clos. À Easttown, il n'y a pas une âme que Mare ne connaît pas depuis sa petite enfance. L'anonymat n'existe pas dans ces coins où les gens passent l'entièreté de leur vie.
C'est cet ensemble de portraits esquissés avec une acuité inouïe qui prend le dessus sur l'affaire criminelle. Mare of Easttown présente une galerie de personnes ordinaires mais non moins passionnantes à découvrir.
À commencer par Mare, elle-même, une femme complexe, difficile à appréhender mais fascinante à tous points de vue pour sa force de caractère et sa force d'âme.