Synopsis : Tina est la célébration ultime d'une superstar mondiale mais aussi le portrait intime d'une femme qui a surmonté de nombreux obstacles tout au long de sa carrière, créant ainsi son identité et son héritage selon ses propres règles.
Depuis ses débuts en tant que reine du R&B jusqu'à ses tournées historiques à guichets fermés dans les années 80, Tina Turner tire le rideau pour nous inviter dans son monde privé comme elle ne l'a jamais fait auparavant. Révélant ses luttes les plus intimes et partageant certains de ses moments les plus personnels, Tina est l'album déterminant et inspirant de l'une des plus grandes survivantes de la musique moderne.
AlloCiné : Comment êtes-vous arrivés sur ce documentaire et comment avez-vous convaincu Tina Turner de vous parler, elle qui parle si peu dans les médias?
Daniel Lindsay, co-réalisateur : Les producteurs de notre précédent film, L.A 92, avaient déjà réussi à convaincre Tina de monter à bord et d’accepter de nous parler. Donc ce ne fut pas trop difficile pour nous de nous mettre au travail pour ce documentaire.
Nous avons hésité, tout de même, au début, car nous n’étions pas certains que deux hommes puissent peindre le portrait d’une femme comme Tina Turner. Et puis, son histoire avait été déjà bien mise en lumière dans d’autres films comme celui avec Angela Bassett, Tina (“What’s love got to do with it”).
Donc, nous avions nos doutes quant à ce que nous pouvions rajouter à ce qui avait déjà été fait. De plus, nous avions peur que l’exercice ne devienne juste un portrait de Tina, comme dans les actualités, et non un véritable film épique. Mais, au vu de la bio de Tina, nous nous sommes rendus compte que sa vie est une saga et a, de ce fait, une dimension épique. Ceci nous a vraiment encouragés dans notre démarche.
Une fois que nous nous sommes mis au travail, nous avons trouvé notre voie et nous avons même oublié les pressions d’une telle entreprise, comme celle d’être à la hauteur des attentes des fans… et de Tina elle-même.
Est-ce que Tina a eu quelques hésitations à s’ouvrir totalement et à aborder des sujets délicats comme les violences conjugales pendant sa relation avec Ike Turner ?
T.J. Martin, co-réalisateur : En fait, à partir du moment où elle a dit “Yes !”, nous n’avons pas eu besoin de la motiver pour aborder tel ou tel sujet. D’elle-même, elle a abordé le sujet de la violence et des abus dont elle fut la victime.
Tina est ultra honnête par rapport à sa vie privée et c’est un livre ouvert sur son passé. On peut vraiment parler de tout avec elle. Elle n’a aucune pudeur et ne cherche pas à cacher quoique ce soit. Ce qui est intéressant c’est que c’est Tina qui menait la “danse” avec nos interviews; c’est elle qui décidait de s’engager dans telle ou telle conversation.
Nous n’avions qu’à écouter et à filmer. De plus, elle nous a avoué que chaque fois qu’elle commence à parler de ces moments tragiques de sa vie, tout ceci remonte à la surface sous la forme de cauchemars qui viennent la hanter. Donc elle fait preuve d’un grand courage pour partager toutes ces douleurs qu’elle a vécues.
Le traumatisme n’a jamais disparu et elle en souffre encore et encore, après toutes ces années et la disparition d’Ike. Nous l’avons laissée au maximum s’exprimer car nous voulions vraiment que ce soit son histoire telle qu’elle l’a vécue et telle qu’elle la voit aujourd’hui. Nous ne tenions en aucun cas à faire une analyse ou une interprétation de sa vie. C’est “Tina” par Tina Turner ce film.
Est-ce que ce film est plus que jamais le bienvenu avec tout ce que nous avons vécu récemment avec les divers mouvements “#MeToo”?
Daniel Lindsay : C’est évident que ce dont parle Tina fait partie de la “conversation” actuelle. Mais ce n’est pas la motivation de Tina, de se positionner comme une activiste et de soutenir telle ou telle campagne politique.
Elle ne veut pas prétendre que d’écouter son histoire va forcément inspirer les autres femmes qui
ont souffert comme elle. Tina essaye juste de survivre sa propre histoire qui fut, par moment, ultra tragique.
Mais elle ne désire pas forcément passer pour un modèle. Ce n’est pas sa motivation première de sauver les autres, elle tente d’abord de se sauver elle-même.
Est-il vrai qu’elle n’a toujours pas vu le film avec Angela Bassett, Tina ?
T.J. Martin : Absolument et c’est ce que nous disons dans le film. En fait, nous pensons que c’est trop dur pour elle de revivre, presque physiquement, la violence dont elle est toujours la victime et de voir ceci sur le grand écran. Elle a déjà suffisamment de cauchemars. Alors, de voir ceci en “live” serait encore plus insupportable. De voir ce film provoquerait en elle encore plus de traumatismes.
Quelle fut la plus grande difficulté pour faire ce film?
Daniel Lindsay : Cela nous a pris du temps de comprendre le point de vue de Tina et de créer une narration intéressante, innovante, sans pour autant tomber dans le piège du cliché que l’on a de Tina Turner à travers tout ce qui a déjà été dit sur elle.
Ce ne fut pas simple de la “déchiffrer” et, donc, de lui laisser vivre sa vie comme elle l’entend dans ce documentaire. Dans tous les cas, ce fut un grand défi de construire ce documentaire avec tellement d’histoires et d’intervenants, et tellement de musique..
T.J. Martin : Absolument, comment résumer 60 ans de carrière en moins de 2 heures de film ! La difficulté fut également de sélectionner les heures d’interviews et de plans de coupe que nous avions. Comme par exemple, quand nous l’avions filmée en train de regarder les répétitions de la comédie musicale “Tina” ; je crois que c’était trop. Ainsi nous avons choisi de ne pas inclure ces images dans le montage final.
Quel est le message du film ? Que représente Tina Turner aujourd’hui ?
Daniel Lindsay : Cela représente tout ce que vous voulez. Mais pour moi, C’est la force de tout ce que Tina peut inspirer aux fans. Comment surpasser tous les traumatismes de la vie, les défis de la vie. Tout en comprenant que la vie de Tina est un paradoxe entre ce qu’elle a surmonté et tout l’amour qui en ressort.
C’est un testament sur l’amour de la vie ; de soi-même, qui, j’espère, émerge de notre film.
T.J. Martin : L’idée, c’est de rendre plus “humain” que possible l’idée de Tina Turner. Tina n’est pas une super-héroïne ; elle n’est pas super-humaine. Elle est humaine comme vous et moi. Et c’est cela le message, de s’accepter comme l’on est et d’apprendre à surmonter toutes les épreuves de la vie, quelles qu’elles soient.
La vie est le résultat de ce voyage délicat et fragile que l’on surmonte, quelque soit les défis qui se
dressent devant nous ; c’est cela le vrai message du film.
Après avoir passé tant de temps avec Tina, quelle est votre chanson favorite?
Daniel Lindsay : “River Deep Mountain High”, en raison de la résonance de sa voix et de sa
dimension épique.
T.J. Martin : J’adore également cette chanson. Mais j’aime aussi “We don’t need Another Hero”. En tant qu'adolescent c’est ce qui m’a fait apprécier Tina Turner. Sans doute parce que j’ai également adoré le film, Mad Max 3, dont c’était le thème principal.
La bande-annonce de Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre, avec Tina Turner :