Tina
Réalisé par Daniel Lindsay & T.J. Martin
Sortie prochainement
Section Berlinale Special
Tina Turner avait déjà eu les honneurs d'un biopic, sous le même titre Tina, au début des années 90, sous la forme d'une fiction emmenée par Angela Bassett et Laurence Fishburne (disponible sur Disney+). La star du rock est cette fois-ci au coeur d'un documentaire biographique, pour lequel elle a accepté de participer avec beaucoup de franchise. La chanteuse a surmonté de nombreux obstacles pour devenir l'une des premières femmes artistes afro-américaines à toucher un public international et ce doc s'emploie à montrer ce chemin vers la célébrité qui est aussi une histoire de triomphe sur l'adversité.
Le doc Tina, bien que très classique dans son approche, a la grande qualité d'embrasser largement la vie et la carrière de Tina Turner. C'est un récit d'émancipation et un témoignage fort sur les violences conjugales. Côté musique, on apprend beaucoup de petites anecdotes, notamment que Tina Turner n'aimait pas du tout le titre qui fera d'elle une immense star en solo, What's love got to do with it (reprise d'une chanson des années 80, initialement chantée par un groupe créé pour l'Eurovision 1981, Bucks Fizz). Elle évoque également sa vie d'aujourd'hui en Suisse et l'homme avec qui elle a refait sa vie et mariée après 27 ans de relation.
Censor
Réalisé par Prano Bailey-Bond
Sortie prochainement
Section Panorama
Enid travaille dans un bureau de classification des films. Un jour, elle découvre un film d’horreur qui lui parle intimement et la renvoie à son passé. Enid cherche alors à démêler le mystère qui se cache derrière cette œuvre… Voici le point de départ de Censor, premier long métrage, retenu dans la section Panorama de Berlin, et sélectionné en janvier dernier au Festival de Sundance, au sein de la très côtée section Midnight dédiée au cinéma de genre. Prano Bailey-Bond, jeune réalisatrice galloise, nous offre avec Censor un film à l'esthétique soignée, rappelant quelques monuments du cinéma de genre, de Carrie à Suspiria. Le film se veut clairement un hommage au genre, jusqu'à une certaine mise en abyme du travail dans le cinéma. Pour les fans d'ambiance très années 80, Censor régale, avec ses VHS et son vidéo-club vintage. Un film qui séduit par son atmosphère jusqu'à son grand final.
Nous
Réalisé par Alice Diop
Sortie prochainement
Section Encounters
Le pitch : Une ligne, le RER B, traversée du nord vers le sud. Un voyage à l'intérieur de ces lieux indistincts qu'on appelle la banlieue. Des rencontres : une femme de ménage à Roissy, un ferrailleur au Bourget, une infirmière à Drancy, un écrivain à Gif-sur-Yvette, le suiveur d'une chasse à courre en vallée de Chevreuse et la cinéaste qui revisite le lieu de son enfance. Chacun est la pièce d'un ensemble qui compose un tout. Un possible "nous".
Ce documentaire d'Alice Diop, cinéaste Césarisée avec le court métrage Vers la tendresse, est une pépite qui nous saisit grâce à sa façon de mêler intime et politique, sans jamais tomber dans le cliché du documentaire sur la banlieue. On se laisse surprendre par ce patchwork d'images de "Nous". Parmi les nombreuses séquences fortes, citons celles des images retrouvées de la mère de la réalisatrice. "Je regrette tout ce qui a disparu, tout ce qui a été effacé".
Il y a aussi cette séquence dans laquelle Alice Diop apparait dans le champ pour converser avec un auteur, Pierre Bergounioux, à qui elle explique pourquoi elle se reconnait tant dans ses écrits. "Ce qui est frappant quand je vous écoute, c’est que tout d’un coup je m’aperçois pourquoi j’ai voulu adapter vos carnets. (…) En vous écoutant lire, je me rends compte à quel point vous me racontez une vie que je ne vivrais peut être jamais, que je n’ai pas vécu et pourtant qui me touche comme si c’était la mienne. (…) Je vous ai rencontré à la faveur d’un article (…) Vous expliquiez que vous aviez décidé de devenir écrivain, pour donner une existence littéraire aux terres corréziennes, qui n’avaient jusque là pas été racontées parce que c’était des terres pauvres.
Quand je l’ai écouté, tout d’un coup, ça a éclairé toute ma démarche de cinéaste. C’est à dire que je me rends compte que je fais des films en banlieue de façon obsessionnelle depuis 15 ans maintenant et en fait ça part de la meme obsession de liasser une trace, donner une existence et de conserver l’existence des petites vies, sans quoi auraient disparu si je ne les avais pas filmées". Un documentaire délicat et profond, qui a été distingué dans la section Encounters.
Un extrait du documentaire Nous d'Alice Diop :