Chronologiquement situé avant Les Aventuriers de l'Arche perdue, Indiana Jones et le temple maudit envoyait notre archéologue préféré en Inde, aux prises avec une ignoble secte gardant des enfants esclaves et travaillant dans les mines, pour trouver la dernière pierre sacrée de Sankara.
Des enfants enlevés par des membres de la secte baptisés Thugs, adorateurs de la déesse Kali, incarnant la mort et la destruction, et pratiquant des sacrifices humains.
Dans la réalité, les Thugs appartenaient effectivement à une secte, adepte semble-t-il de la magie noire et des assassinats occultes. Le mot même anglais, Thug, est dérivé des langues Hindi et Ourdou, dont la racine étymologique est "Thag", qui faisait référence aux escrocs professionnels, en particulier ceux qui faisaient partie d'une organisation criminelle.
Le mot "Thug" fit son entrée dans la langue anglaise au cours du XIXe siècle, à l'époque où la Grande-Bretagne développait son empire des Indes.
C'est ainsi que l'on vit un culte Thuggee apparaître, mi religieux, mi organisation criminelle. Il aurait notamment eu à son actif la strangulation de miliers de personnes en Inde, contribuant à rendre encore moins sûres les routes d'un pays déjà immense.
Le problème serait devenu si sérieux qu'en 1826, un officier, William Henry Sleeman, se lance dans une sorte de chasse aux Thugs et crée même un département consacré à cela, le Thuggee Department, avec la bénédiction de Lord William Cavendish Bentick, gouverneur - général des Indes.
Sleeman débusqua près de 3689 membres au terme d'une traque qui dura près de six ans. Selon un rapport de 1840, 466 furent pendus, 1564 condamnés à l'exil et 933 condamnés à la prison à vie. Le Thuggee Department ne sera dissous qu'en 1904.
Certains historiens s'accordent à dire que les récits britanniques entourant ce culte Thuggee sont largement exagérés, et ont surtout servi à alimenter la cause colonialiste des anglais sur l'Inde.
Chercheuse anthropologue à l’École Pratique des Hautes Etudes, Martine van Woerkens a publié en 1995 un ouvrage, Le Voyageur étranglé. L’Inde des Thugs, le colonialisme et l’imaginaire, dans lequel elle explique que l’idée de l’existence d’un culte Thug serait au moins partiellement le produit du fantasme des colons, doublé d’une parfaite méconnaissance des rituels et des pratiques sociales des habitants du pays.
"Les Thugs, organisés en secte religieuse aux règles précises, profondément inscrits dans le système des castes, vont devenir un mythe qui hantera l'Angleterre victorienne, en particulier avec la publication du livre fameux de Meadows Taylor, Confessions d'un Thug [NDR : publié en 1839] et jusqu'à notre époque, à travers le cinéma" écrit l'anthropologue.