De quoi ça parle ?
En 1993, un an après son face à face avec Hannibal Lecter, l'agent du FBI Clarice Starling retourne sur le terrain pour poursuivre des meurtriers et des prédateurs sexuels. Des enquêtes qui l'amèneront aussi à enquêter sur les complots politiques qui se trament à Washington, tandis qu'en parallèle ses démons ne tarderont pas à refaire surface...
Disponible sur Salto en US+24 au rythme d'un épisode par semaine depuis le 12 février
C'est avec qui ?
Pour succéder à Jodie Foster et à Julianne Moore dans la peau de Clarice Starling, les producteurs de Clarice ont jeté leur dévolu sur la comédienne australienne de 33 ans Rebecca Breeds, encore inconnue du grand public malgré sa participation à quelques épisodes de Pretty Little Liars et de The Originals. Face à elle, Michael Cudlitz, que les fans de Southland et de The Walking Dead connaissent bien, campe Paul Krendler, un autre personnage issu des romans de Thomas Harris, qui est ici le supérieur de Clarice au sein du ViCAP, une unité spéciale du FBI chargée de l'analyse des crimes violents et sexuels en série.
Kal Penn (Dr House, Designated Survivor), Lucca De Oliveira (Animal Kingdom), Nick Sandow (Orange Is The New Black), Devyn A. Tyler (The Purge) dans le rôle d'Ardelia Mapp, la colocataire de Clarice dans Le Silence des agneaux, ou encore Jayne Atkinson (Esprits criminels) dans la peau de Ruth Martin, devenue procureur général des États-Unis, complètent quant à eux la distribution de cette suite en série forcément attendue au tournant par les fans de la saga de Thomas Harris et des précédentes adaptations.
Ça vaut le coup d'oeil ?
Près de six ans après la fin d'Hannibal, l'adaptation télévisuelle par Bryan Fuller des aventures du psychiatre cannibale le plus célèbre, c'est au tour de Clarice Starling, la jeune recrue du FBI ayant permis l'arrestation de Buffalo Bill dans Le Silence des agneaux, d'avoir droit à sa propre série. Et donc à son propre hommage, sous forme d'un cop show assez classique qui sera diffusé dans les mois à venir sur TF1 et qui est d'ores et déjà disponible en avant-première sur la plateforme de streaming Salto, qui propose chaque semaine depuis le 12 février un nouvel épisode au rythme de la diffusion américaine sur CBS.
Développée par Jenny Lumet, à qui l'on doit le scénario de Rachel se marie (réalisé par Jonathan Demme, le metteur en scène du Silence des agneaux, tout est lié), et par Alex Kurtzman (Fringe, Star Trek Picard, La Momie) d'après les personnages du roman de Thomas Harris, Clarice débute de manière plutôt efficace, flash-backs à l'appui, en nous entraînant dans l'esprit fragilisé, voire abîmé, de l'agent Starling. Un an après les événements du roman et du long métrage avec Jodie Foster et Anthony Hopkins, la jeune femme peine à surmonter le traumatisme de sa confrontation avec Buffalo Bill, ainsi que le déferlement médiatique qui a suivi. Clarice ne se considère pas comme une survivante, et encore moins comme une victime des agissements du tueur en série. Pourtant, le passé continue de la hanter jusque dans ses cauchemars, et ses supérieurs, comme le psychiatre qui la suit, ne semblent pas convaincus de sa capacité à retourner de sitôt sur le terrain. Mais c'est sans compter sur l'intervention de Ruth Martin, la mère de la seule rescapée du règne de terreur de Buffalo Bill, qui va lui demander de venir au plus vite à Washington pour prêter main-forte à une unité du FBI qui enquête sur les crimes en série les plus sordides et est actuellement confrontée à une affaire particulièrement épineuse.
Sur la base de ce premier épisode, un constat s'impose assez rapidement : ce sont les conséquences de ce qui lui est arrivé dans Le Silence des agneaux, et donc son état psychique et émotionnel, qui constituent l'élément le plus intéressant du personnage de Clarice Starling. Mais face à l'impossibilité de mentionner directement Hannibal Lecter pour des questions de droits - le psychiatre est tout de même évoqué de manière détournée mais n'apparaîtra jamais dans la série - les scénaristes ont visiblement préféré se servir de ce passif comme point de départ, voire comme prétexte, afin de lancer ce qui, au final, ressemble à une série policière procédurale comme on en a déjà vu des centaines. Certes, pour tout fan de la franchise consacrée à Lecter, il est plutôt sympathique de croiser au fil de cet épisode introductif des personnages tels que Catherine Martin, Ardelia Mapp, ou Paul Krendler. Mais ces clins d'oeil semblent avant tout être un moyen pas très subtil d'attirer le téléspectateur et d'établir Clarice en tant que suite. Ce qu'elle n'est pas vraiment, puisque la série tient davantage du "spin-off", qui emprunte son héroïne au Silence des agneaux et la plonge dans un univers qui ressemble plus à Esprits criminels qu'aux romans de Thomas Harris. Avec à chaque épisode son enquête de la semaine.
Privée d'Hannibal, Clarice manque tout simplement de mordant. Pas sûr, donc, que les fans du Silence des agneaux trouvent leur compte dans cette série qui, vingt ans après la sortie du long métrage, tente, à sa manière, de combler le vide qui sépare la rencontre de Sarling et de Lecter, et leurs retrouvailles dans Hannibal. Mais les amateurs de dramas policiers ne bouderont certainement pas leur plaisir devant Clarice qui, si on la prend pour ce qu'elle est (une série policière procédurale), n'est pas ce que la télévision américaine nous a offert de pire. Loin de là. Au-delà de son esthétique et de sa réalisation ultra soignée, pas si répandue chez les séries de networks, Clarice peut compter sur l'interprétation solide de ses comédiens. À commencer par Rebecca Breeds, qui parvient à donner corps à sa propre Starling, sans singer le travail de Jodie Foster dans le film de Jonathan Demme. Côté intrigue, l'enquête du premier épisode n'est pas particulièrement passionnante, passée la scène de crime glauquissime, dans la plus pure tradition de la saga. Mais la fin de l'épisode pilote dessine les prémices d'un fil rouge qui pourrait, lui, s'avérer plus intéressant s'il est correctement développé.
Avec cette proposition plus sombre et plus sordide que ce qui se fait actuellement à la télévision américaine en termes de policier, CBS semble en tout cas avoir trouvé son nouvel Esprits criminels, qui s'est arrêté l'an dernier au bout de 15 saisons. Et c'est peut-être, après tout, tout ce qu'elle recherchait en donnant son feu vert à Clarice. Mais on ne peut s'empêcher d'imaginer ce qu'aurait pu donner la suite des aventures de l'agent Starling sous la forme d'une série plus feuilletonnante, qui aurait raconté une seule enquête par saison, à la The Killing. Un doux rêve auquel nous aurons peut-être droit, qui sait, dans vingt ans, lors d'un reboot à l'occasion du quarantième anniversaire du Silence des agneaux.