Véritable sensation du Festival de Cannes 2018, dont il est reparti avec trois prix (la Caméra d'or, le Prix d'interprétation Un Certain Regard et la Queer Palm), Girl révèle non seulement un jeune cinéaste prometteur, Lukas Dhont, mais aussi un acteur débutant et tout aussi talentueux, Victor Polster.
LES DÉBUTS
Né à Bruxelles en 2002, le jeune homme suit des cours de théâtre dès son plus jeune âge puis poursuit un cursus de danseur professionnel, intégrant l’École Royale de Ballet d’Anvers. C’est en participant au clip du groupe de rock belge Vegas qu’il se fait remarquer. Victor est sollicité pour apparaître aussi bien dans des productions de Ballet Vlaanderen que dans un shooting pour la marque de luxe Dior.
UNE GIRL QUI FAIT TOUT BASCULER
Âgé de seulement 14 ans, celui qui ne se destinait pas à la comédie décroche le rôle principal de Girl. Ce drame belge retrace le parcours d’une adolescente, Lara, née Victor. Cette dernière poursuit deux rêves : celui de devenir danseuse étoile et celui de se faire opérer afin d'avoir le corps biologique d'une femme. Pour trouver sa perle rare, Lukas Dhont a auditionné près de 500 personnes, aussi bien des garçons cisgenres (personne dont le genre ressenti correspond à celui attribué à la naissance) que des filles transgenres, avant de rencontrer Victor Polster.
De son côté, le jeune homme s'était rendu au casting dans l'espoir de faire partie des camarades de l'école de danse de Lara. Il tenait aussi à rencontrer le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui : "J'ai tout de suite vu que c'était une personne très forte, sûre de ce qu'elle voulait plus tard et prête à tout pour y arriver. J'avais envie de représenter ce personnage qui est pour moi une héroïne. Je sais que c'est très compliqué de trouver le courage de faire ce choix, qui n'est même plus un choix mais qui devient une nécessité" (propos recueillis par AlloCiné lors du festival de Cannes 2018).
Girl : rencontre avec l'équipe du film qui a fait sensation à CannesÀ l'instar de son personnage qui doit acquérir le même niveau de danse que ses homologues féminines, Victor Polster a dû apprendre en seulement trois mois à danser sur les pointes. Cet exercice, réservé aux filles dans la danse classique, représentait un incroyable défi : "C'était assez dangereux, car je ne l'avais jamais fait et trois mois d'entraînement ne suffisent pas à former les muscles à cette discipline", confie-t-il aux Inrockuptibles, n°1192.
"Ça crée des problèmes de stabilité, je pouvais tomber, me blesser. Mais, en même temps, c'était une expérience assez forte de passer de l'autre côté". Le comédien a également travaillé avec un orthophoniste pour parvenir à placer sa voix dans les aigus.
Son incarnation d’une grande justesse de Lara, à la fois introvertie et déterminée, lui a valu de nombreux éloges et le Prix d’interprétation Un Certain Regard au Festival de Cannes 2018. Pourtant, Victor Polster garde les pieds sur terre et prévoit de se consacrer à sa première passion, la danse :
"J’ai eu d’autres propositions du côté du cinéma, oui, mais pas de choses qui m’intéressent suffisamment pour interrompre mes études pendant deux mois pour le tournage", expliquait-il à Ève Beauvallet pour Libération. "C’est pour ça que je ne cherche pas de rôles pour l’instant. Mais dans le futur, oui, j’aimerais beaucoup revivre ce genre d’expérience."