Adaptée d'une série de romans sortis entre 2000 et 2013, La Chronique des Bridgerton connaît un beau succès sur Netflix mais doit faire face à une petite polémique autour d'une scène en particulier, déjà présente dans l'oeuvre originale de Julia Quinn mais qui n'a pas la même résonance dans un monde post-#MeToo.
En effet, dans l'épisode 6, l'héroïne Daphné, furieuse que son mari Simon lui ait menti sur sa stérilité et ait profité de sa méconnaissance des choses du sexe pour la berner, profite à son tour de son état d'ébriété pour tenter de lui faire un enfant, sans son consentement. Elle le force ainsi à éjaculer en elle. Une scène qui s'apparente à un viol bien que de nombreux téléspectateurs ne l'aient pas perçu ainsi, sans doute car il s'agit d'une femme qui viole un homme, et non l'inverse. Nul doute que la scène aurait autrement plus choqué si c'était le Duc qui avait agi de la sorte. On aurait alors parlé de viol conjugal, notion elle-même encore trop peu comprise.
Dans les colonnes d'Entertainment Weekly, le créateur de la série Chris Van Dusen a reconnu qu'il avait hésité à inclure ce passage dans son adaptation, sachant qu'elle avait toutes les chances de susciter la polémique. "Nous avons beaucoup discuté de cette scène spécifique du roman. J'ai toujours pensé que cette première saison correspondait à "L'éducation sentimentale" de Daphné. Cet incident correspond tout à fait au thème global de la série, qui est celui de l'apprentissage. Nous observons cette jeune fille sage et rangée devenir une femme qui parvient à se débarrasser de toutes les contraintes inhérentes à la société dans laquelle elle a grandi. Elle découvre alors enfin qui elle est vraiment et de quoi elle est capable."
Il explique donc que ce moment compliqué était trop important dans son parcours pour être supprimé. "Nous avons soigné notre manière de l'aborder et de le montrer à l'écran" se justifie-t-il. On pourrait toutefois lui répondre que cet acte ne semble jamais vraiment remis en question par l'héroïne ou d'autres personnages, et le Duc lui-même ne donne pas l'impression d'en avoir des séquelles, ce qui laisserait penser que cet acte était sans gravité. Un débat qui a le mérite de permettre de parler de consentement et ce depuis une perspective masculine encore trop peu abordée dans la vie comme dans la fiction.