L'Emmurée vivante (1977)
Si Lucio Fulci est reconnu avant tout comme un maître incontesté du gore crasseux, il s'est aussi illustré dans le giallo, ce sous-genre du cinéma d'exploitation italien mêlant horreur, policier et érotisme. Avec L'Emmurée vivante, il signe un thriller paranormal dont l'héroïne (Jennifer O'Neill, vue dans Rio Lobo et Un été 42) a depuis l'enfance des prémonitions. Un jour, ses visions lui indiquent qu'un cadavre est enterré dans les murs d'une des propriétés de son mari... Fulci délaisse l'extrême violence pour s'intéresser avant tout à la psychologie de ses personnages dans ce puzzle fondé sur la confusion entre rêve et réalité.
À noter : le thème musical de Bixio, Frizzi et Tempera a été réutilisé par Tarantino dans Kill Bill.
Le Venin de la peur (1971)
Les rêves d'une jeune femme de la haute bourgeoisie sont peuplés de fantasmes sado-érotiques. Quand sa voisine, une actrice à la vie sulfureuse et débridée, meurt mystérieusement, elle devient l'une des principales suspectes aux yeux de la police. Autre incursion de Fulci dans le giallo, Le Venin de la peur s'intéresse, à l'instar de L'Emmurée vivante, à l'inconscient et aux désirs refoulés d'une femme persécutée. Un thriller inventif à la mise en scène baroque, traversé de visions sulfureuses et psychédéliques, et emmené par la partition entêtante d'Ennio Morricone.
À noter : le film fut exploité dans certaine salles à sa sortie sous le titre racoleur Les S*l*pes vont en enfer.
L'Enfer des zombies (1979)
Surfant sur le succès des films de George Romero, L'Enfer des zombies (Zombi 2 en version originale) marque les débuts de Fulci dans un cinéma purement horrifique, à une époque où sa carrière stagnait. Le long-métrage s'ouvre sur la découverte d'un zombie à bord d'un navire abandonné au port de New York. La fille du propriétaire du bateau et un journaliste partent enquêter sur une île des Caraïbes où les morts reviennent à la vie. Le cinéaste parvient à s'approprier ce film de commande et s'en donne à cœur joie dans ce déluge gore qui présage du reste de sa carrière.
À noter : un combat délirant sous-marin entre un requin et un zombie.
L'Au-delà (1981)
Certainement le film le plus connu de Lucio Fulci, L'Au-delà est aussi celui qui est le plus représentatif du style du réalisateur transalpin. À l'instar d'Inferno de Dario Argento, la logique et le rationnel n'ont pas leur place dans ce récit atmosphérique macabre et gore conçu comme un cauchemar. À la Nouvelle-Orléans, une jeune femme hérite d'un hôtel en ruines qui abrite l'une des sept portes de l'enfer, représenté par un tableau maudit. Avec un budget minime (400 000 dollars), Fulci parvient à offrir des séquences surréalistes et des visions inoubliables, telles l'irruption de la jeune femme aveugle et de son chien au milieu d'une route et le final dantesque.
À noter : L'Au-delà forme avec Frayeurs et La Maison près du cimetière la « Trilogie de l'Enfer ».
L'Éventreur de New York (1982)
À New York, plusieurs femmes sont assassinées de manière atroce par un tueur en série, connu pour être doté d'une voix de canard. L'inspecteur Williams se charge de l'enquête alors que les meurtres sadiques s'enchaînent. L'Éventreur de New York marque le retour de Fulci au giallo, alors passé de mode, après sa période fantastique. Considéré comme le chant du cygne du réalisateur, ce film n'est pas sans rappeler Maniac de William Lustig pour son cadre urbain sordide. Une œuvre outrancière dont on se souvient non pas pour ses excès gores mais pour son ambiance glauque qui ne nous épargne rien.
À noter : Refusé par le comité de censure, le film n'a jamais été distribué ou projeté au Royaume-Uni.
*L'Emmurée vivante est également disponible gratuitement sur le site d'Arte.tv du 01/11/2020 au 29/04/2021.