Entre son annonce choc au site Médiapart en novembre 2019 et son départ tempétueux de la 45ème cérémonie des César en février dernier, Adèle Haenel (Portrait de la jeune fille en feu, 120 Battements par minute, Le Daim) est devenue l'une des figures de proue du mouvement #MeToo en France. Et c’est avec un plaisir non dissimulé que l'on retrouvera cette talentueuse actrice au jeu fiévreux dans Les Héros ne meurent jamais d’Aude-Léa Rapin, en salles le 30 septembre prochain.
Le film retrace l’histoire d’un inconnu, dans une rue de Paris, qui croit reconnaître en Joachim (Jonathan Couzinié) un soldat mort en Bosnie le 21 août 1983, un certain Zoran. Or, le 21 août 1983 est le jour même de la naissance de Joachim ! Troublé par la possibilité d’être la réincarnation de cet homme, il décide de partir pour Sarajevo avec ses amies Alice (Adèle Haenel) et Virginie (Antonia Buresi, La Belle saison, C’est ça l’amour). Dans ce pays hanté par les fantômes de la guerre, ils se lancent corps et âme sur les traces de la vie antérieure de Joachim. C’est dans une ville encore abîmée par plus de trois années d’un siège dévastateur, que Joachim et Alice partent à la recherche de Zoran, dans une contrée où ce prénom est aussi commun que Jean en France. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin !
Dans cette production franco-belgo-bosnienne, le trio partage l’affiche avec des acteurs locaux célèbres Hasija Boric, Damir Kustura ou encore la serbe Vesna Stilinovic. Le choix d’un casting international est judicieux par rapport au récit et la bande-annonce souligne très bien l’incompréhension entre les deux camps. Le personnage de Joachim dégage un côté " pied nickelé " face à des habitants encore marqués au fer rouge par les affres de la guerre. Une touche de légèreté dans une ville qui porte les stigmates sur ses murs et ses trottoirs (les fameuses " roses " de Sarajevo) et que la metteuse en scène enregistre caméra au poing.
Les Héros ne meurent jamais est le premier long-métrage d’Aude-Léa Rapin. Il a été sélectionné à la Semaine de la Critique de Cannes 2019. La jeune artiste a commencé par la réalisation de documentaires. Elle a vécu dix ans dans les Balkans, meurtris par l'éclatement de l'ex-Yougoslavie dans les années 1990. Elle signe le scénario au côté de l’acteur, Jonathan Couzinié (Les Confins du monde, Ulysse & Mona, Revenir), qui prête ses traits au personnage principal. Ensemble, ils tentent de construire le début d’une histoire franco-sarajévienne.