C'est l'un des films les plus populaires du cinéma français, celui qui propulsa Louis de Funès au rang de star, le premier d'une saga indémodable qui rassemble encore des millions de téléspectateurs à chaque diffusion (3 millions le 23 mars 2020, en plein confinement). Mais savez-vous seulement comment est né Le Gendarme de Saint-Tropez ?
Tout commence dans la charmante petite cité lacustre de Port Grimaud, dans le Var. Alors qu'il fait des repérages pour un scénario, l'attaché de presse Richard Balducci se fait voler la caméra qui se trouvait dans sa décapotable. Aussitôt arrivé à la gendarmerie de Saint-Tropez, il tombe sur un employé qui semble peu motivé par l'affaire. "[Il] lui déclare qu'il sait bien qui est le voleur de la caméra, que les gendarmes ont raté de peu quelques jours plus tôt, mais qu'on ne peut rien faire dans l'immédiat" raconte le journaliste Bertrand Dicale dans la biographie Louis de Funès, grimaces et gloire.
Enervé et jurant de rendre "célèbre une brigade aussi je-m'en-foutiste", il s'empresse d'en parler à Louis de Funès avec qui il avait précédemment collaboré sur Pouic-Pouic et Faites sauter la banque. Le comédien adore l'idée d'en faire un film et Balducci rédige illico un synopsis dans lequel on retrouve déjà une chasse aux nudistes, un vol de tableau et la "faune du port". Quant à de Funès, celui-ci imagine déjà les caractères des différents brigadiers, entre gendarmes débonnaires et d'autres bien plus hargneux.
Après quelques refus, le réalisateur Jean Girault et Louis de Funès parviennent à trouver des producteurs. Si Darry Cowl et Francis Blanche sont préférés au comédien, les deux déclinent l'offre et le rôle de Cruchot lui revient. Les rumeurs disent que c'est lui-même qui a fait appel à Michel Galabru pour camper l'adjudant Gerber. Ce dernier se souvient : "J'étais venu passer quelques jours à Saint-Tropez parce que ma femme voulait voir l'endroit dont on parlait tant dans France Dimanche. [...] Qu'est-ce que je me suis fait chier ! Le dernier jour,[...] je vois un groupe d'hommes en train de prendre le petit déjeuner. J'entends qu'ils parlent d'un film [...] et il y en a un qui dit "Puisqu'on a de Funès, on n'a qu'à mettre des ringards autour de lui. Comme ça, on n'aura pas les payer bien cher." Je dis à ma femme en riant : "Eh bien ! les mecs qui vont être engagés, ils vont être gâtés !" Quand je rentre à Paris, on m'appelle : j'étais sur le film."
Le tournage commence le 5 juin 1964 et il n'est que le début d'une énorme success story qui n'en finit pas de faire rire le public français. Arrivé en tête du box-office à sa sortie, il cumule pas moins de 7,8 millions d'entrées. Devant un tel succès, une suite est rapidement mise en chantier, laquelle sortira un an plus tard et engrangera plus de 5 millions d'entrées. La suite, on la connaît : 4 autres opus se succèderont entre 1968 et 1982, soit un an avant le décès de Louis de Funès.