Le Bon, la brute et le truand (1966)
Que dire ? Bien sûr un thème inoubliable débutant par des coups de tambours et quelques notes de flûte, mais la bande originale est aussi riche du morceau Ecstasy of Gold pour la scène de course au cours de laquelle Eli Wallach (Tuco) court à travers le cimetière. Un morceau si culte qu'il sera interprété par Metallica lors de nombreux concerts. A l'époque, Morricone collabore pour la troisième fois avec le réalisateur italien Sergio Leone et signe une composition badass mêlant musiques traditionnelles indiennes, guitare électrique et opéra.
Il était une fois dans l'Ouest (1969)
Du lyrisme accompagnant le plan à la grue qui nécessita de nombreuses prises à la découverte du visage et des yeux bleus de Henry Fonda sans parler de l'harmonica strident de son héros : toute la musique d'Il était une fois dans l'Ouest prend aux tripes. Mais il ne faudrait pas oublier non plus le thème goguenard et nonchalant de Cheyenne, la musique stressante (et dérivée du thème principal) de la taverne ou le morceau volontairement parodique du "Bad Orchestra".
Tout dans cette bande originale rappelle que le film est un opéra où images et musique ne font qu'un. Un film synthèse.
Maddalena (1972) / Le Professionnel (1981)
Le morceau lui-même s'appelle Chi Mai et fut créé pour le film Maddalena, sorti en Italie en 1972 et mis en scène par le Polonais Jerzy Kawalerowicz. Le film racontait comment une jeune femme amoureuse tentait de séduire un prêtre en plein doute sur son voeu de célibat. Mais ce morceau a été popularisé en France d'abord par la sortie du Professionnel de George Lautner avec Jean-Paul Belmondo dont le morceau Chi Mai est le thème principal, et son utilisation dans la publicité pour une célèbre marque de croquettes pour chien. Marque qui sera parodiée par Les Nuls par le sketch "Royal Rabbin". C'est beaucoup pour un seul thème, mais quel thème !
La Poursuite implacable - Revolver (1973)
Le morceau Un amico a été remis dans les mémoires grâce à Quentin Tarantino qui l'utilisa dans Inglorious Basterds mais provenait à l'origine de La Poursuite implacable de Sergio Sollima. Polar très réussi, le film a pour héros un ex-policier devenu directeur de prison (Oliver Reed) obligé de relâcher un petit truand (Fabio Testi) s'il veut revoir sa femme (Agostina Belli) vivante. L'échange tourne mal et les deux hommes sont obligés de s'allier pour contrer un complot, faisant quasiment basculer le film dans le road-movie. La bande originale est un crescendo de tension, avec un peu plus de tendresse sur le titre Un amico, dédié à l'amitié naissante entre l'ex-flic et le bandit.
Mon nom est Personne (1973)
Parfait passage de relais entre le western américain et le western italien (respectivement symbolisés par Henry Fonda et Terence Hill), Mon Nom est Personne est aussi une réflexion sur le temps qui passe, ce qu'on laisse derrière soi après sa mort, l'héroïsme... Pour souligner cela, la partition de Morricone est tantôt légère (le thème principal ci-dessous, les musiques foraines) tantôt épique. Grand amateur de Wagner, Morricone reprend le thème de la Chevauchée des Valkyries en le mettant à la sauce western avec des envolées de section de cordes. Mon Nom est Personne sera l'une de ses dernières compositions originales dans le genre.
1900 (1976)
A l'été 1900, deux enfants naissent : Olmo (Gérard Depardieu) chez les pauvres métayers et Alfredo (Robert De Niro) dans le luxe. Leur amitié sera soumise à rude épreuve suite aux événements -notamment politiques- de la première moitié du XXe siècle. Cette fresque historique géante sur le communisme italien est aussi un monument de sensibilité, souligné par la beauté des violons et du piano dirigés avec grande précision par Morricone. Un film somme signé Bernardo Bertolucci à (re)découvrir.
Il était une fois en Amérique (1984)
Ce qui sonnera la dernière collaboration entre Sergio Leone et Ennio Morricone est à la hauteur des attentes. Les morceaux remettent immédiatement en tête les images de cette fresque émouvante, violente, sublime, mélancolique voire nostalgique de l'enfance. Le compositeur offre une partition sublime accompagnant chacun des moments de la vie de Noodles (Robert De Niro) sur quarante années. Preuve en est, pour démonstration, le célèbre Deborah's Theme, consacré au personnage joué par Elizabeth McGovern.
Le compositeur Hans Zimmer fera un clin d'oeil à ce Deborah's Theme au début du morceau Maestro dans la BO The Holiday :
Mission (1986)
"J'aurais vraiment dû [gagner un Oscar] avec Mission. Surtout si vous considérez que le gagnant, "Autour de minuit", n'était pas une composition originale (...). Il y a eu un vol ! Mais si je m'écoutais j'aurais un Oscar tous les deux ans !" déclarait non sans humour Morricone au Guardian en 2001. A la fois inspiré par les chants d'église et les rythmes tribaux, Morricone compose pour Roland Joffé une musique envoûtante et immédiatement identifiable. Du grand art.
Les Incorruptibles (1987)
Lorsque Morricone s'attaque au film de gangsters, c'est pour mieux souligner les ambiguités et sentiments des personnages. On retiendra les envolées de violons sur le suspense de la fusillade dite "du landau", le déchaînement de trompettes, mais aussi la présence de clavecin ou de mandoline. Le "maestro" enrobe le film de Brian De Palma d'un thème accompagné d'une section de cuivres qui ne sont pas sans rappeler de façon lointaine le morceau culte du Clan des Siciliens (1969).
Cinéma paradiso (1989)
Premier des trois films de Giuseppe Tornatore dans cette sélection, Cinema Paradiso raconte les souvenirs d'un réalisateur qui se remémore son enfance et l'amour du cinéma que lui a transmis le projectionniste de son village natal. L'un des plus beaux hommages au cinéma et aux émotions qu'il peut véhiculer, Cinema Paradiso s'accompagne d'une musique poignante, qui prend aux tripes même un public qui n'aurait pas vu le film. Et le duo entre le jeune Salvatore et le projectionniste joué par Philippe Noiret est émouvant aux larmes.
La Légende du pianiste sur l'océan (2000)
Clairement pas le plus connu des films mis en musique par Ennio Morricone, mais il se dégage un lyrisme fou de cette composition très "hollywoodienne" qu'est La Légende du pianiste sur l'océan. Dans ce film réalisé par Giuseppe Tornatore, Tim Roth incarne "1900", un enfant trouvé sur le pont d'un bateau. Un jour, il se découvre un talent inné pour la musique et plus précisément le piano. Refusant de quitter son bateau, sa vie va être bouleversée lorsqu'on lui annonce que le navire est promis à la démolition. Morricone crée notamment (vers la 10ème min de cette vidéo) une suite ultra-rapide de piano qui frôle la virtuosité :
Malena (2001)
Durant la Seconde guerre mondiale en Italien, une veuve fait tourner les têtes des gens de son village par sa beauté ravissante. Un jeune garçon de 13 ans va lui aussi tomber follement amoureux d'elle et tenter de l'aider face au comportement des habitants. Nouvelle collaboration entre Morricone et Tornatore, le score de Malena comporte une atmosphère triste créée par une clarinette qui vient souligner la solitude de cette femme incarnée par Monica Bellucci. On trouvera également par instants quelques notes de flûte de pan qui n'auraient pas déplues à un autre grand nom de la composition musicale de cinéma : Vladimir Cosma.
Ciel de plomb (bonus)
Western passablement méconnu mais sorti en DVD chez StudioCanal, Ciel de plomb est réalisé par Giulio Petroni, à qui l'on devra quelques uns des meilleurs westerns italiens comme Tepepa, Un tueur nommé Luke ou La mort était au rendez-vous. Dans Ciel de plomb, Giuliano Gemma incarne un arnaqueur à la petite semaine qui se joue de Harry (Mario Adorf), un prospecteur. En secret, Tim est traqué par un tueur et sa bande... La présence de ce "petit" film dans ce classement se justifie par une composition soulignant l'aspect tragi-comique du film.
On commence par une balade à la guitare sur un air sifflé, puis les violons mêlés à la guitare électrique et finalement aux trompettes viennent accompagner les scènes d'action et donner de l'ampleur à l'ensemble. La poésie du titre original, Et pour toit un ciel d'étoiles, est souligné par plus d'un thème du score de Morricone. Un film à redécouvrir les oreilles grandes ouvertes.
