De quoi ça parle ?
Le Wonderland : un club de rock très 60’s en 2020, quelque part au cœur de Paris. De la musique, de la danse et, accrochée au mur, la photo d’une femme, belle et mystérieuse à en mourir. Et si une simple photo pouvait nous faire voyager dans le temps ? Et si Jérémy, 32 ans, vivant mal son époque, trouvait le moyen, à travers le temps, de rencontrer la femme de ses rêves et de se retrouver projeté au cœur de l’été 1960, à Biarritz ? Et si le cœur de cette femme était déjà pris par Chris, un homme au charme vénéneux ?
Créee par Hervé Hadmar. Avec Pierre Deladonchamps, Olga Kurylenko, Pierre Perrier, Barbara Schulz, Simon Abkarian...
Tous les mercredis soirs sur France 2. 6 épisodes vus sur 6
ça vaut le détour ?
La dernière fois que le scénariste et réalisateur Hervé Hadmar, l'un d'un rares noms qui parviennent à émerger de notre fiction hexagonale, nous avait ébloui par sa capacité à créer des univers, des ambiances et des personnages singuliers, c'était en 2017 sur les plages normandes de Les Témoins saison 2, avec son complice de toujours Marc Herpoux. Ensemble, ils ont co-créé Les oubliées, Au-delà des murs et Pigalle, la nuit. C'est d'ailleurs de cette dernière que Romance, thriller romanesque qui nous emmène plus au Sud, se rapproche le plus, par son atmosphère mystérieuse, teintée d'onirisme, et son goût pour le mélange des genres. Cette fois, Hadmar se la joue solo, avec un résultat plus contrasté.
Baignée par la lumière de Biarritz, cette élégante mini-série portée avec conviction par Pierre Deladonchamps, toujours excellent, tient du petit miracle tant elle n'est pas calibrée pour se faire une place en prime-time sur France 2. Il y a certes un élément de polar, mais il n'est pas certain qu'il suffise à captiver les amateurs du genre, habitués à plus de suspense et d'effacité. Romance se déploie sur un rythme plus lent et langoureux, en harmonie avec la musique de jazz qui l'accompagne tout du long, ainsi que quelques incursions rock pour varier les plaisirs. Si l'on est tout de suite séduit par la reconstitution des années 60, des décors aux costumes, par la musique originale et par la mise en scène qui fait la part belle aux éléments naturels, on peine davantage à se captiver pour une histoire dont les enjeux tardent à être révélés.
L'ennui poli laisse place à une deuxième partie de saison plus pimentée et plus passionnée. Hélas, le peu de sympathie ressentie à l'égard de la plupart des personnages est une faiblesse qui s'atténue à peine avec le temps. On veut nous raconter une grande et belle histoire d'amour, tendrement surranée, mais elle manque un peu de chair et surtout elle ne résiste pas à l'épreuve du temps. A notre époque, voir une femme mystérieuse, en danger, épiée par un homme fasciné par sa beauté mais avec qui elle a à peine échangé, relève plus de la fameuse et épineuse "liberté d'importuner" jamais très éloignée du harcèlement que du coup de foudre renversant qui détruit tout sur son passage. Si seulement ce prince charmant ne sortait pas de notre présent... Malgré de convaincantes interprètes, les personnages féminins n'ont que peu d'intérêt, abandonnés à l'état de fantasmes et d'objets.
Ainsi, Romance reproduit, avec adresse et délicatesse, les codes classiques issus de films tels que Plein soleil ou Sueurs froides, sans les déjouer et sans moderniser une histoire que l'on nous a déjà tant raconté par le passé. Sans son point de départ fantastique et son format sériel, on serait tenté de dire que Romance fonctionne comme un joli disque rayé : vieillot mais plaisant.