De quoi ça parle ?
Un propriétaire de zoo qui pète les plombs et des protagonistes trippants peuplent cette histoire vraie dans l'univers interlope de l'élevage des fauves.
Un programme qui va vous rendre accro
Après Making A Murderer, Grégory ou Don't F**k With Cats, Au Royaume des fauves est la nouvelle série documentaire Netflix qui fait un carton. Réalisée par Eric Goode et Rebecca Chaiklin, elle contient des ingrédients improbables dignes d'un soap, qui vont vous la faire binge-watcher durant sept heures.
On y suit Joe Exotic, tout en coupe mulet, santiags et égo démesuré, chanteur à ses heures perdues et amoureux des tigres, au point d'en faire l'acquisition et d'ouvrir un zoo/élevage en Oklahoma. Dans ce lieu délabré, Joe Exotic emploie des marginaux et laissés-pour-compte qui se montrent incroyablement loyaux envers lui (par exemple l'un d'eux revient travailler cinq jours après une amputation pour ne pas faire de mauvaise publicité au zoo).
Une galerie de freaks
Si le personnage haut-en-couleur de Joe Exotic justifie à lui seul l'existence de cette série et son visionnage, ce n'est pourtant que la partie émergée de l'iceberg. Car gravitent autour de lui des personnes aussi extravagantes et étranges que lui. La première est l'ennemie jurée de Joe, Carole Baskin. Celle-ci se présente comme une défenseuse acharnée des droits des animaux. Soutenue par PETA, elle est à la tête d'un refuge pour tigres. Entre elle et Joe, c'est une succession de coups bas et d'accusations pour faire couler l'entreprise de l'autre. Sous ses airs de Mère Teresa, on verra que Carole est loin d'être aussi pure qu'elle veut le faire croire et la révélation de son passé est certainement l'un des meilleurs twists de la série.
Difficile de résumer la galerie de personnages dont la série recèle. Il y a Bhagavan Antle, directeur d'une réserve de félins et gourou polygame qui fait de ses employées ses compagnes. Il a aussi travaillé à Hollywood en tant que dresseur et dompteur sur des films comme Ace Ventura en Afrique et Mon ami Joe. En vrac, on croise un réalisateur de télé-réalité trash, un patron de strip-club indic pour le FBI, les deux maris toxicomanes de Joe et un escroc libertin de Las Vegas qui exhibe des bébés tigres pour attirer ses conquêtes. Sans oublier un ancien baron de la drogue cubain qui a inspiré le personnage de Tony Montana dans Scarface.
Un véritable phénomène
Filmé sur cinq ans, Au Royaume des fauves devait à l'origine s'intéresser à l'exploitation des félins aux États-Unis. Mais le documentaire va vite s'attacher à suivre la chute de Joe, dont on apprend dès le début qu'il est emprisonné pour avoir commandité le meurtre de Carole. Polygamie, drogue, tentative d'assassinat, culte de la personnalité, autant de thèmes qui expliquent la fascination qu'exerce cette série. Pour ces soit-disant défenseurs de la cause animale, posséder des animaux est en réalité une guerre d'ego et une manière de montrer sa puissance. Pas étonnant que Joe Exotic soit aussi un fan des armes à feu.
Outre-Atlantique, les mèmes autour de la série pleuvent et les stars s'en mêlent. Tandis que la rappeuse Cardi B propose de lancer une cagnotte pour libérer Joe de prison, Dwayne Johnson a tenté d'acquérir les droits d'Au Royaume des fauves pour en faire un film mais ils étaient déjà vendus à d'autres. Sylvester Stallone et sa famille sont eux aussi accros. PETA États-Unis a alerté sur les pratiques de Joe et ses comparses qui violent la réglementation sur la protection des animaux à des fins lucratives. L'association appelle aussi à ce que l’adaptation cinématographique ne fasse pas usage de vrais félins, pour ne pas participer à l’exploitation dénoncée.
Le phénomène n'est pas prêt de s'arrêter car la police enquête actuellement sur une vieille affaire non résolue concernant Carole Baskin et remise en lumière par la série. Jeff Lowe, l'un des protagonistes, a annoncé qu'un nouvel épisode devrait être disponible cette semaine sur Netflix. Et vous, vous laisserez-vous embarquer dans cette plongée chez les rednecks ?
Le clip de "I Saw A Tiger" :