Sorti fin 2009 dans les salles mondiales, Bienvenue à Zombieland avait été l'une des bonnes surprises de l'année. Portée par quelques trouvailles visuelles, un caméo anthologique et un excellent quatuor d'acteurs, cette comédie gentiment horrifique qui mêlait hémoglobine et famille dysfonctionnelle à la Little Miss Sunshine n'a pourtant rapporté "que" 102,4 millions de dollars dans le monde, pour un budget s'élevant à 23,6. Financièrement parlant, le succès a donc été au rendez-vous et il est longtemps resté dans le Top 3 des longs métrages impliquant des zombies sur ce plan, derrière World War Z et Hôtel Transylvanie.
Si la cote d'amour du film de Ruben Fleischer a davantage grossi sur le long terme, grâce aux sorties vidéo et diffusions télé, l'idée d'une suite a été envisagée dès 2009 et une série télé dérivée a été enterrée en 2013, ne dépassant pas le stade du pilote. Dès lors, Zombieland 2 est devenu un serpent de mer, un projet dont on parle sans vraiment le faire et qui se met à ressembler à une fausse bonne idée à une époque où les zombies ont nettement plus le vent en poupe, grâce notamment à l'adaptation en série de The Walking Dead lancée en 2010, soit un an après la sortie du long métrage. Une situation dont les scénaristes Rhett Reese et Paul Wernick (à qui l'on doit également les facéties de Deadpool) sont bien conscients, et ils nous le font savoir dès l'introduction, lorsque la voix-off de Columbus (Jesse Eisenberg) nous accueille à nouveau et nous remercie d'être revenus, tout en s'étonnant que nous ayons choisi sa nouvelle aventure parmi tout ce que le pop culture compte désormais de morts-vivants.
Une réplique méta-textuelle qui, avec le recul, traduit bien l'état d'esprit de cette suite qui a vraiment commencé à prendre forme en 2016, lorsque les scénaristes ont annoncé avoir commencé à travailler sur le script et contacté le casting original. Car si la tentation d'en faire beaucoup plus et transformer Zombieland en Zombieworld pouvait être grande, ses têtes pensantes ont préféré opter pour la modestie et faire profil bas. Ce qui constitue à la fois une qualité, car l'esprit original est respecté, mais également la limite de cette suite, qui peine à proposer de vraies nouveautés. Dans la structure de l'histoire déjà : après l'accueil de Columbus et le rappel de quelques régles utiles, le générique de début nous montre une poignée de victimes dévorées sur du Metallica ("Master of Puppets" remplace ici "For Whom the Bell Tolls"), puis nous retrouvons les héros lancés dans un road-movie qui s'achève, encore, par un amusant carnage en règle.
Il y a bien de nouveaux zombies nommés en référence à des figures de la pop culture, et des nouveaux personnages, mais ces derniers sont inégaux : dans la peau d'une dure à cuire capable de tenir la dragée haute à Tallahassee (Woody Harrelson), Rosario Dawson assure. Complètement à côté de la plaque, Madison nous amuse régulièrement grâce à l'abattage de Zoey Deutch (qui, pour l'anecdote, n'est autre que la fille de Lea Thompson, alias Lorraine McFly dans Retour vers le futur). Malgré un joli combat en faux plan-séquence, le passage qui fait intervenir des sosies de Columbus et Tallahassee incarnés par Thomas Middleditch (Silicon Valley) et Luke Wilson est en revanche moins convaincante et cela se sentait dès la bande-annonce où le gag était révélé. Laquelle n'avait d'ailleurs pas aidé à nous rassurer quant au projet. Pas plus que le CV du réalisateur Ruben Fleischer qui, s'il sortait du succès de Venom (856 millions de dollars au box-office mondial) avait enchaîné les échecs critiques après Bienvenue à Zombieland.
Cette suite fonctionne pourtant, et il n'est pas rare de voir des spectateurs lui préférer l'original qui avait pu les décevoir par rapport au bouche-à-oreille qui l'avait accompagné. Pour les nouveautés, on repassera, certes. Et il est un peu dommage qu'Emma Stone et Abigail Breslin ne soient pas aussi présentes qu'espéré puisque la petite bande est longtemps séparée. Mais ce Retour à Zombieland est efficace. Et drôle, ce qu'il doit majoritairement au duo Jesse Eisenberg - Woody Harrelson, qui signent là leur quatrième collaboration. Le second est peut-être en roue libre (plus que d'habitude), dans la Maison Blanche ou en tenue d'Elvis, mais il assure le spectacle, seul ou lorsque son partenaire lui renvoie la balle, non sans laisser les failles de son personnage réapparaître, pour permettre au film de ne pas perdre de vue l'un de ses thèmes centraux : celui de la famille.
Derrière l'humour, les zombies et les gerbes de sang, la saga Zombieland est avant tout l'histoire d'une famille de substitution, mal assortie mais complémentaire. Et c'est grâce à cette notion, conjugée à sa volonté de limiter son action à quelques endroits des États-Unis, que la suite garde les pieds sur terre et fait preuve d'une modestie bienvenue. Pas assez pour en faire l'un des sommets de 2019, même s'il a plus rapporté que son prédécesseur (122,8 millions de billets verts) tout en ayant coûté plus cher (42 millions), mais suffisamment pour transformer ce projet autrefois redouté en un divertissement fort sympathique qu'il serait dommage de zapper : car si le climat post-apocalyptique n'est pas très engageant en cette période de confinement, le rire reste un bon remède. Pensez d'ailleurs bien à rester pendant le générique de fin, et rendez-vous, on l'espère, dans moins de dix ans pour l'épisode 3.
Retour à Zombieland est disponible en VOD, DVD & Blu-Ray
"Zombieland" : des morts-vivants et des gaffes à la pelle