DE QUOI ÇA PARLE ?
Les exploits de Black Dynamite, légende afro-américaine des années 1970, et de son équipe.
Black Dynamite, crée par Michael Jai White, Scott Sanders & Byron Minns - Disponible sur Adult Swim - Épisodes vus : 2
ÇA RESSEMBLE À QUOI ?
C'EST AVEC QUI ?
Champion d'arts martiaux aux sept centures noires et vingt-six titres, Michael Jai White fait ses débuts sur grand écran dans Universal Soldier avant d'incarner Mike Tyson dans le biopic consacré à ce dernier, puis Spawn dans l'adaptation des comic books homonymes. Le succès n'est hélas pas au rendez-vous, et il lui faut patienter jusqu'en 2008 et son petit rôle dans The Dark Knight pour avoir une seconde chance dans le genre. La même année, il prête ses traits et sa carrure massive à un autre boxeur, Muhammad Ali, dans La légende de Bruce Lee, puis décroche son rôle le plus marquant grâce à Black Dynamite, parodie de films de la Blaxploitation sortie en 2009 et dont il tient le rôle-titre : celui d'un ex-agent de la CIA, adepte du kung-fu et tombeur de femmes.
Passé derrière la caméra pour mettre en scène les suites de Never Back Down, Michael Jai White s'est également illustré dans Arrow (saisons 2 et 7) et une scène coupée de Kill Bill - Volume II (un combat contre David Carradine), et il a repris son rôle de Black Dynamite en 2012. Pas pour une suite sur grand écran, mais une série animée où il donne de la voix aux côtés de ses partenaires du long métrage, dont Byron Minns, avec qui l'acteur avait co-écrit le scénario du long métrage.
ÇA VAUT LE COUP D'ŒIL ?
En 2007, Quentin Tarantino et Robert Rodriguez tentent de ressusciter l'esprit Grindhouse, ces films d'exploitation de série B (voire Z) diffusés en double-programme dans des cinémas américains entre les années 50 et 80. Composé de Boulevard de la mort et Planète terreur, le résultat fonctionne de la même façon que les OSS 117 en France, à savoir que leurs réalisateurs en reproduisent les caractéristiques techniques et visuelles (images abîmées, faux raccords à la pelle…) pour créer un décalage auprès du public. Et si son succès n'était pas aussi important qu'escompté, le dyptique aura au moins fait un émule avec Black Dynamite, qui applique sa formule aux films de la Blaxploitation, courant culturel et social qui a placé les afro-américains au premier plan de longs métrages réalisés outre-Atlantique pendant les années 70.
Si la bande-annonce fait son petit effet, le film de Scott Sanders rapporte à peine 300 000 dollars dans le monde, ce qui enterre toute possibilité de suite sur grand écran. Mais pas sur le petit, car Adult Swim s'empare de Black Dynamite pour lui offrir une seconde chance sous forme de série animée lancée en 2012 aux États-Unis… et qui aura donc mis huit ans à traverser l'Atlantique avec sa chaîne, dont la version française a été lancée fin 2019. Une décennie après la sortie du long métrage, son dérivé télévisuel fait donc ses débuts chez nous, et beaucoup risquent de ne pas savoir où le personnage est né avant. Ce qui ne posera aucun problème de compréhension, le show ayant la bonne idée de se dérouler avant. A l'exception d'une rapide présentation du héros et de ses partenaires, il ne se réfère donc pas trop à ce qui a précédé pour mieux rentrer dans le vif du sujet avec un combat contre une armée de ninjas.
Mieux rythmée (chaque histoire dure en moyenne vingt-deux minutes), Black Dynamite, la série, a donc des allures de nouveau départ, plus violent et graphique, et moins parodique que le long métrage dont il s'inspire tout en sachant manier l'humour et le décalage. De la Blaxploitation, il ne conserve que l'ambiance, la diversité et l'aura de son héros. Mais les deux premiers épisodes se penchent moins sur ce courant que sur des figures de la culture afro-américaine des années 70 : Michael Jackson tout d'abord, présenté comme un extra-terrestre à la peau blanche à qui l'on conseille de dévoiler sa vraie apparence au fur et à mesure ; et le comique Richard Pryor, vu notamment dans Superman III et qui a été l'une des inspirations majeures d'Eddie Murphy. Si les références au premier sont évidentes (mais parfois troublantes pour qui a vu le documentaire à charge Leaving Neverland), certains ne saisiront peut-être pas tous les clins-d'œil à la carrière et personnalité du second, et le show peut y trouver sa limite.
Heureusement, ces quelques private jokes sont rares et largement compensées par la forme, entre les dessins au trait vif, qui rappellent parfois Afro Samurai, la série d'animation doublée par Samuel L. Jackson en 2007, avec des scènes d'action qui ne lésinent pas sur les coups spectaculaires conjugués à des arrêts sur image du plus bel effet. Entre gangsters, ninjas, agents du fisc américain armés de lance-roquettes (pour n'en citer que quelques-uns), les obstacles se dressant sur la route de Black Dynamite sont nombreux et concourrent à limiter le nombre de temps mort de chaque épisode, qui se regarde avec plaisir, quitte à devoir ensuite se renseigner sur la vie des personnalités mises en scène pour mieux comprendre, par exemple, ce à quoi la série fait référence en détournant les maltraitances dont s'est rendu coupable le père de Michael Jackson. Ou se rendre compte que la route de briques dorées entrevue au détour d'une image renvoie à The Wiz, version 100% afro-américaine du Magicien d'Oz dans laquelle le chanteur incarnait l'épouvantail.
Plaisante et débordante de cool attitude, Black Dynamite ne vous rendra peut-être pas accros, car il lui manque un petit quelque chose pour se placer au-dessus de la concurrence. Mais cette entrée en matière explosive et son ton résolument adulte pourront vous donner envie de suivre les vingt épisodes répartis sur deux saisons pour ensuite, peut-être, (re)voir le long métrage amusant qui a inspiré la série, et ainsi lui offrir une seconde chance.