Moins de quatre ans après ses débuts dans Suicide Squad, Margot Robbie est de retour sous les traits d'Harley Quinn et en solo. Ou presque. Si le Joker n'est plus dans les parages, elle fait ici équipe avec les Birds of Prey Huntress (Mary Elizabeth Winstead), Black Canary (Jurnee Smollett-Bell) et Renee Montoya (Rosie Perez), auxquelles il convient d'ajouter la jeune Cassandra Cain (Ella Jay Basco). Le tout devant la caméra d'une femme, Cathy Yan, qui s'est appropriée la mythologie du personnage, soutenue par sa star.
AlloCiné : Dans le sous-titre original de "Birds of Prey", il y a le mot "Émancipation" qui est très important car il va au-delà de l'histoire d'Harley Quinn. Votre long métrage semble vouloir montrer que, oui, les femmes savent faire des adaptations de comic books, les mettre en scène comme en être les stars.
Cathy Yan : Merci ! C'est vraiment l'espoir que j'ai, que l'on puisse prouver que les femmes veulent diriger des films d'action et que nous en sommes capables. J'avais donc à coeur de faire le meilleur film possible.
Aux États-Unis, "Birds of Prey" est classé R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés) : était-ce prévu dès le début ? Si oui, cela vous a-t-il donné une plus grande liberté dans le ton ?
Oui. Pour les deux questions. Margot l'a pitché comme un film classé R donc, à ma connaissance, le projet a toujours été ainsi. Et j'ai aimé la liberté que cela nous a autorisé : une fois que nous avons atteint un certain âge, c'est notre vie entière qui est classée R. Donc pourquoi ne pas le retranscrire à l'écran ? (rires)
À quel point le fait d'avoir une star aussi puissante que Margot Robbie comme productrice vous a-t-il aidé ?
Elle savait tout. Elle savait très bien ce qu'elle faisait sur ce projet : quand elle incarnait Harley, c'était une actrice totalement investie. Et hors-caméra, elle l'était tout autant comme productrice.
Une fois que nous avons atteint un certain âge, c'est notre vie entière qui est classée R. Donc pourquoi ne pas le retranscrire à l'écran ?
Beaucoup des blockbusters de cette année sont réalisés par des femmes, à commencer par votre film et le prochain "Wonder Woman 1984". Pensez-vous que nous sommes à un tournant au sein de l'industrie hollywoodienne dans ce secteur ?
Je l'espère assurément ! J'espère que les choses vont changer et que ce ne sera pas juste un épiphénomène (rires)
Avez-vous lu des comic books précis pour déterminer l'aspect visuel de votre film ?
Oui, nous avons pioché dans différentes souces d'inspiration pour mélanger les esthétiques. Dans le cas de Black Canary, par exemple, je me suis penchée sur les versions d'Annie Wu dans lesquelles elle est une rock star, tout en y ajoutant les couleurs bleue et jaune de versions antérieures. Nous avions à notre disposition la très riche Histoire des comic books dans laquelle piocher.
Pour ce qui est d'Harley, nous nous sommes inspirés d'elle dans "The New 52" ["Renaissance" en VF, nom du reboot opéré en septembre 2011 après les événements de "Flashpoint"], quand elle est en solo et plus avec le Joker, qu'elle ressemble davantage à un anti-héros qui prépare un sale coup. C'est aussi là qu'elle fait du roller derby. Tous ces éléments nous parlaient. Mais ce qui était super avec ce film, ce que nous avons pu choisir ce que nous voulions, dans la mesure où le récit n'est pas basé sur un comic book particulier.
Pourquoi avez-vous choisi de créer votre Gotham City à Los Angeles ?
Je trouvais que c'était un beau défi (rires) C'était un choix délibéré pour lui donner un autre aspect que celui des Gotham que nous avions vus auparavant. Le point de vue est celui d'Harley, donc il fallait que ce soit une réalité colorée avec des éléments amusants qui lui correspondent. Je cherchais aussi à avoir un décor brut et proche du sol, un Gotham urbain où l'action ne se déroule pas dans les grattes-ciels, et à ce que les visages des gens du coin soient très particuliers. Mon but était d'avoir une version à la fois amplifiée et brute de la ville, et que l'action soit éloignée du centre.
Ces derniers temps, nous étions en effet habitués à voir Chicago "jouer" Gotham City depuis les films de Christopher Nolan, et le changement apporte de la fraîcheur au vôtre.
Oui, j'ai bien fait attention à ne pas choisir le Chicago nocturne pour créer ma version de Gotham City (rires)
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Londres le 28 janvier 2020
"Birds of Prey" est à voir depuis le 5 février :