Alors que son procès pour agressions sexuelles s'ouvre dans un mois, Harvey Weinstein s'est entretenu avec le New York Post. Dans cette interview, l'ex producteur, qui espère négocier un accord financier, se sent "oublié" par la profession. Inculpé pour cinq chefs d'accusation et dénoncé par plus de 80 femmes pour harcèlement et agressions sexuelles, l'homme de 67 ans, qui va plaider non coupable, s'est exprimé sur les conséquences de cette affaire sur sa vie.
Il prétend aussi être un précurseur de la promotion des femmes à Hollywood et a ainsi déclaré : "J'ai fait plus de films réalisés par des femmes sur des femmes que n'importe quel autre producteur. Et je parle de ça il y a 30 ans. Je ne parle pas de maintenant, vu que c'est à la mode en ce moment. Je l'ai fait en premier". Pour lui, tout ce qu'il a accompli a été balayé par les accusations et il estime que "son travail a été oublié".
Cette interview avec le New York Post a été réalisée au centre médical Weill Cornell de New York où l'ancien producteur a subi une opération de la colonne vertébrale de trois heures qui fait suite à un accident de voiture cet été. Harvey Weinstein, qui refuse de répondre aux accusations, a répondu à cet entretien dans le but de faire taire les rumeurs de fausse maladie pour attirer la sympathie après la parution de photos où il se fait porter en sortant du tribunal.
Le cocréateur de Miramax va plus loin en se vantant d'avoir payé Gwyneth Paltrow, qui a témoigné contre lui, près de 10 millions de dollars pour le film Hôtesse à tout prix : "Elle était l'actrice la mieux payée pour un film indépendant. Bien mieux payée que tous les hommes." Harvey Weinstein se félicite aussi par ailleurs d'avoir produit des films traitant de sujets de société importants, tels que le documentaire Paris is Burning, sur la ball culture new-yorkaise et Transamerica, avec Felicity Huffman en femme transgenre.
Une réponse à cette interview ne s'est pas fait attendre puisque 23 femmes qui ont témoigné des agissements de Weinstein, dont Rosanna Arquette, Ashley Judd et Rose McGowan, ont déclaré dans un communiqué : "Harvey Weinstein tente une nouvelle fois de manipuler l'opinion publique. Il a déclaré dans cette nouvelle interview qu'il ne voulait pas être oublié. Non, il ne le sera pas. On se souviendra de lui comme d'un prédateur sexuel et un agresseur sans remords qui s'octroie tout et ne mérite rien. On se souviendra de lui à travers la volonté collective d'un nombre incalculable de femmes qui se sont battues et ont dit stop. Nous refusons de laisser ce prédateur se réapproprier notre histoire."
Notre podcast consacré au mouvement #MeToo dans le milieu du cinéma en compagnie de la journaliste Marine Turchi de Mediapart :