Lundi soir sur TF1, Matt Pokora sera au générique du téléfilm événement Le Premier oublié, face à Muriel Robin. Un unitaire adapté du roman éponyme de Cyril Massarotto dans lequel le chanteur de 34 ans incarne Axel, un jeune homme confronté à la maladie d'Alzheimer de sa mère, qui ne le reconnaît plus. Alors qu'il donne ce week-end le coup d'envoi de sa nouvelle grande tournée, le Pyramide Tour, il s'est confié sur cette première expérience de comédien, qui fait écho à sa propre histoire puisque son grand-père était lui-même atteint d'Alzheimer, sur ses envies en terme de cinéma et de télé, et sur le show qu'il s'apprête à offrir sur scène à ses fans durant plusieurs mois.
AlloCiné : Ça faisait longtemps que vous faisiez part de votre envie de jouer la comédie. Vous attendiez un projet qui vous touche vraiment, comme celui-ci, pour vous lancer ?
Matt Pokora : Forcément, quand on a du succès on est amené à être sollicité pour des projets de films, de séries, ou de téléfilms, et j’avais déjà eu quelques propositions. Mais jamais ce que j’espérais pour faire mes premiers pas de comédien. Et là en fait j’ai initié ce projet. Je me suis dit que plutôt que d’attendre un rôle qui, je le conçois, était compliqué à me confier, autant déclencher mon propre projet. Car c’est vrai que si l’on se fie seulement à ce que l’on voit de moi à la télé, en tant que chanteur et danseur, c’est difficile de se projeter, de savoir ce dont je suis capable et ce dont j’ai envie. Il y a quelques années j’ai lu le livre Le Premier oublié, qui m’a beaucoup touché, et avec mon manager on s’est dit "Pourquoi on ne proposerait pas d’en faire une adaptation ?". Du coup nous avons rencontré les équipes d’UGC qui ont été emballées, et ensuite nous l’avons proposé à TF1 qui a signé le projet. Donc je me suis finalement offert le rôle que j’attendais pour faire mes premiers pas.
On imagine que le fait de puiser dans votre histoire et vos souvenirs cela vous a aidé sur le tournage, même si ça ne devait pas être facile…
Oui, bien sûr, avec la maladie d’Alzheimer on se prend des choses assez dures dans la gueule. Comme le vouvoiement de ma mère dans le film, et de mon grand-père dans la vraie vie, ce sont des situations qui font tout drôle. Je n’oublierai jamais la première fois que mon grand-père m’a vouvoyé quand je suis entré dans la pièce ou qu’il m’a posé cinq fois de suite la même question en l’espace de trois minutes. Ce sont des choses qui marquent et je suis évidemment allé un peu puisé là-dedans.
Vous aviez déjà fait des guests dans quelques séries, mais c’est la première fois que vous tenez un rôle de premier plan à l’écran. Est-ce que le rythme d’un tournage comme celui-ci, qui est différent de ce que vous connaissez dans votre carrière de chanteur, c’était un peu difficile au début ?
C’est un peu particulier car on attend beaucoup. Et encore là c’est un téléfilm, donc on fait plus de scènes par jour que pour un film de cinéma car on a moins de jours de tournage. On a quand même moins le temps de laisser l’énergie retomber entre les scènes. Mais c’est sûr que c’est beaucoup d’attente pour seulement 20 ou 30 secondes de comédie, ou un peu plus lors de scènes un peu longues. C’est beaucoup de préparation pour peu d’acting à chaque séquence. Mais finalement avec les tournages de clips j’ai aussi l’habitude d’attendre beaucoup. Peut-être même plus car la préparation des lumières prend beaucoup de temps entre deux sets, c’est hyper léché. Mais j’étais bien entouré sur ce film et j’avais bien travaillé en amont, donc je n’étais pas stressé et je me sentais prêt quand on faisait appel à moi.
Étant donné que vous êtes à l’origine du projet, est-ce que vous avez eu votre mot à dire sur les autres comédiens ? Muriel Robin, notamment, c’était votre choix ?
Non, on m’a simplement montré les options, les choix. Et forcément lorsqu’on m’a évoqué Muriel j’étais ravi. Mais c’est vrai que ce n’est pas de mon ressort de savoir ce qui est bon ou n’est pas bon, je n’ai pas cette prétention là. Donc j’ai lassé faire mais quand on m’a dit que Muriel était intéressée j’étais enchanté. Ces dernières années elle a eu plusieurs rôles très forts à la télé, elle a mis tout le monde d’accord avec ça. Et au-delà de ça sa carrière est incroyable. Je n’avais pas la pression mais je me suis dit "J’ai intérêt à être vraiment prêt quand je vais arriver en face d’elle". J’avais vu Jacqueline Sauvage et je savais qu’il fallait que j’aie les reins solides pour jouer face à elle.
Est-ce que vous appréhendez un peu les retours du public suite à la diffusion du téléfilm lundi ?
Toujours, forcément. Je vais être focus sur les audiences dès mardi matin, pour savoir si beaucoup de gens ont regardé le téléfilm. Mais ce qui est déjà incroyable c’est que j’ai battu tous mes records en postant le teaser sur mon Facebook il y a une semaine de ça. L’engouement autour de la bande-annonce est fou. Il y a eu 2,5 millions de vues sur YouTube. J’ai l’impression que les yeux sont rivés sur ce film et je suis super content de savoir que ça intéresse les gens et que ça attise la curiosité. Et ensuite j’espère que ça plaira au public, que mes premiers pas seront convaincants pour les téléspectateurs et pour les gens du métier. Et que ça pourra déboucher sur d’autres jolis projets.
Ce premier téléfilm vous a donc conforté dans l’idée de continuer dans la comédie et de renouveler l’expérience ?
J’ai vu le téléfilm il y a seulement dix jours et je suis assez critique sur moi, donc évidemment tout est perfectible. Mais en le regardant j’étais satisfait de ce que je voyais. Je me suis dit "Ça ne fait pas le mec qui surjoue". Je trouve que je suis bien dans le rôle que j’ai à jouer, je ne trouve pas que ça fasse tache. C’est mon avis, bien sûr, mais en tout cas moi je n’ai pas trouvé ça décourageant de me voir à l'écran. Comme je le disais, je suis très dur avec moi. Quand je me vois sur scène et que je foire quelque chose je suis le premier à dire que c’était naze, que je n’ai pas aimé telle ou telle chose, et je pense que j’ai eu la même vision critique avec ce film. Bien sûr il y a quelques petites choses sur lesquelles je me suis dit "Je n’aurais peut-être pas dû le faire comme ça", mais dans l’ensemble je trouve que je n’ai pas à rougir de ma prestation. Dès le tournage j’ai eu envie de renouveler l’expérience et en le voyant je me suis dit "J’ai envie de continuer à explorer des rôles, des expressions, des sentiments à l’écran".
Vous avez déjà d’autres projets ? Avec TF1 peut-être encore une fois ?
Non, pas du tout, parce que j’ai ma tournée qui commence là dans quelques jours donc je suis bloqué jusqu’à l’été 2020 avec les festivals. Je ne serai pas disponible avant un an. Donc à moins que ce soit un petit rôle ou quelque chose de rapide à tourner en mai ou juin, lorsque j’aurai quelques créneaux, ça me paraît compliqué. Je vais être vraiment focus sur ma tournée durant un an. Et puis je veux vraiment pouvoir bosser mes prochains rôles, donc j’ai envie de prendre le temps.
Et dans l’absolu, une fois que votre tournée sera finie et que vous aurez plus de temps, est-ce qu’un rôle dans une série ça pourrait vous intéresser ?
Oui, complètement. Tout dépend du projet. L’avantage que j’ai c’est que je ne suis pas pressé. Pour beaucoup de comédiens, le cinéma et la télé c’est leur gagne-pain, ils ne peuvent parfois pas trop se permettre d’attendre longtemps et de choisir ce qu’ils veulent faire. Mais moi j’ai la chance d’avoir ma carrière de chanteur donc je ne suis pas pressé. Franchement, si une série me plaît, je serai partant. J’aime beaucoup les séries. Je regarde surtout des séries assez fun, qui se regardent facilement, comme Ballers ou Entourage. Je ne suis pas très Game of Thrones, c’est trop dur à regarder, mais en tant que comédien ça doit être une expérience exceptionnelle.
Il y a quelques années vous aviez un projet de film sur le monde du foot. C’est tombé à l’eau finalement ?
Oui, car en réfléchissant je me suis rendu compte que ce n’était pas forcément de cette manière que j’avais envie de me lancer. Si ça avait été un deuxième ou troisième film et que j’avais déjà fait mes preuves avant, ça aurait été plus facile je pense. Mais en l’occurrence je n’avais pas envie de commencer avec un rôle comme ça. Je trouvais que c’était trop évident. "Matt Pokora qui joue un sportif, un mec jeune". Ce n’est pas très loin de celui que je suis vraiment. J’ai joué au foot jusqu’à 18 ans à un haut niveau, c’était trop proche de ma vie. Peut-être pour un autre projet un peu plus tard, mais pour l’instant je suis davantage intéressé par le genre de rôle que j’ai joué dans Le Premier oublié. Un mec lambda, avec ses failles, ses blessures. Un rôle avec plus de texture.
Vous débutez samedi une grande tournée, qui passera notamment par Paris en novembre. Qu’est-ce que vous pouvez dire sur ce show qui s’annonce visiblement assez énorme ?
J’ai pensé ce spectacle en mode grosse production hollywoodienne, dès le teaser dévoilé il y a un an à peu près. J’ai traité ce concert comme un film de science-fiction, qui rappelle un univers entre Stargate et les Avengers. C’est un peu ce qui m’a inspiré. Durant mon année "off média", je regardais un peu tout ce qui se passait, et il y a eu cet engouement Marvel autour de Thor, Black Panther, Avengers, et je voyais que ça battait tous les records. Je me suis dit que les gens avaient envie de s’évader, de se retrouver dans quelque chose qui les éloigne de la réalité. C’est sûrement ce dont les gens ont envie aujourd’hui. J’ai donc eu l’idée de faire un album où tout tournerait autour de la science-fiction, du premier clip, "Les Planètes", qui se passe dans un futur plus ou moins proche, à la tournée. Tout le traitement de l’image et de la mise en scène du concert a été inspiré par cet univers. Avec des tenues un peu folles, une immense scène, des écrans géants, de la pyrotechnie, des danseurs que j’appelle les Avengers car ils ont chacun leur spécialité et sont chacun talentueux dans leur domaine. On a vraiment construit ça comme un film. Il y a des visuels très forts. C’est un spectacle qui va être très visuel.
La bande-annonce du téléfilm Le Premier oublié, diffusé lundi à 21h sur TF1 :