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    Once Upon a Time... : pourquoi ce serait le dernier film parfait pour Quentin Tarantino

    "Once Upon a Time... in Hollywood", mélancolique et crépusculaire, ne pourrait il pas être le dernier film de Quentin Tarantino ?

    Sony Pictures

    Depuis longtemps, Quentin Tarantino répète qu'il fera dix films. Et puis s'en va. Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Jackie Brown, Kill Bill, Boulevard de la mort, Inglourious Basterds, Django Unchained, Les Huit salopards, Once Upon a Time... in Hollywood. Et de neuf. On pourrait arguer que Kill Bill est un diptyque, mais l'intéressé l'a suffisamment répété, il compte pour un film et un seul. D'ailleurs, la bande-annonce de Once Upon a Time l'annonçait, il s'agit du "9e film de Quentin Tarantino". Le réalisateur n'en aurait donc pas encore fini. Pourtant, lorsque la salle se rallume après le générique, on a la vive impression que Once Upon a Time... in Hollywood pourrait être le dernier film de l'enfant terrible du cinéma américain, le plus naturellement du monde, tant il s'agit d'une œuvre crépusculaire.

    On peut voir Once Upon a Time comme le troisième volet de la trilogie historique de Tarantino, après Inglourious Basterds et Django Unchained, et c'est aussi un film qui s'inscrit tout à fait dans la continuité des Huit salopards, dans lequel le réalisateur, souvent dans l'autocitation, portait un regard désabusé sur l'Amérique tout en questionnant son propre cinéma. Si Once Upon a Time est indiscutablement tarantisnesque, il est toutefois un objet inhabituel dans sa filmographie, dépouillé notamment d'un élément fondateur son oeuvre : les joutes verbales, devenues une marque de fabrique, du diner de Reservoir Dogs à la diligence des Huit salopards. En se débarrassant du langage et en le reléguant au second plan, le cinéaste se met à nu et laisse aux sentiments la place de se déployer dans les silences. Comme si chaque dialogue de chaque film menait au silence contemplatif et mélancolique du dernier plan de celui-ci.

    2019 Sony Pictures Entertainment Deutschland GmbH

    Les dernières minutes de Once Upon a Time synthétisent à la perfection ce qui fait le cinéma de Tarantino : la tension entre violence et comédie, qui produit le rythme singulier de ses films, provoque ici une émotion nouvelle et toute particulière, qui tient à l'authenticité. Once Upon a Time est l'œuvre d'un homme qui éprouve les limites de son fantasme et par-là même livre son film le plus personnel : Tarantino donne vie à son jardin d'Eden, en ayant une conscience aiguë du fait qu'il ne s'agit que d'une version fantasmée d'un âge d'or sur le point de s'achever. "Tout est vrai", disait Han Solo à Chewbacca dans Le Réveil de la Force. À l'inverse, Once Upon a Time est un cri du cœur qui hurle que "tout est faux". Dans Once Upon a Time, Tarantino commente. Tout est faux, c'est pour cela que tout est permis.

    Lui qui n'a de cesse, jusqu'à l'agacement, d'expliquer en interview qu'il ne cautionne pas la violence, mais que dans la fiction elle est - entre autres - cathartique, oppose plus fort que jamais la violence de la vie à la violence cinématographique dans Once Upon a Time, film testamentaire d'une densité remarquable qui expliquerait, une bonne fois pour toutes, que le cinéma, ce n'est pas la vie. Ce qui reste, ce qui bouleverse, c'est le dernier plan de Once Upon a Time, pas seulement pour ce qu'il raconte, mais aussi car c'est la première fois que le cinéaste manifeste une telle lucidité et une telle conscience de soi. La caméra est fixe, le temps est suspendu. Que dit Tarantino ici ? Avec mélancolie, que s'il était démiurge et qu'il écrivait l'histoire, il l'écrirait ainsi, mais qu'à la fin, le cinéma n'est que du cinéma et que sa magie est éphémère.

    Dans l'univers alternatif de Quentin Tarantino, Sharon Tate n'est pas morte ; mais après la séance, la vie reprend son cours. Le Hollywood de 1969 est mort, Sharon Tate est morte, mais le temps d'un film, ils étaient là. La nostalgie a toujours été une composante essentielle du cinéma de Tarantino et c'est précisément sa dimension mélancolique qui confère ici au film sa profondeur si saisissante. Tout est là, dans ce plan, dans ce final, dans ce film : le cinéaste, sans filtre, mais sans esprit de sérieux, presque endeuillé, déclare son amour au cinéma, à la télévision et au divertissement, à ses souvenirs et à ce petit monde qu'il a créé, les balayant d'un regard tendre. Peut-être y aura-t-il d'autres films, d'autres histoires à raconter, et Quentin Tarantino n'est certainement ni mort, ni enterré, mais dans Once Upon a Time... in Hollywood, l'enfant terrible atteint des sommets et touche à une forme de petite mort en nous emmenant au bout du conte. 

    La bande-annonce de Once Upon a Time... in Hollywood :

     

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