C'est quoi, le folk horror ?
Le folk horror, sous-genre du cinéma d'horreur, qui pourrait se traduire par "horreur folklorique", est un genre un peu nébuleux. La locution "folk horror" a été pour la première fois employée en 2004 par le réalisateur britannique Piers Haggard lors d'une interview pour parler de son film La Nuit des maléfices, sorti en 1971. En 2010, Mark Gatiss la reprend pour déigner tout un sous-genre dans sa série documentaire en trois parties réalisée pour la BBC A History of Horror.
C'est en Grande-Bretagne que le folk horror connaît son âge d'or au cinéma entre la fin des années 1960 et le milieu des années 1970, avant de connaître un nouvel essor ces dernières années. Il se caractérise par des références aux traditions païennes européennes et on retrouve dans les films appartenant à ce sous-genre une imagerie évoquant des rituels sataniques, des divinités de la nature, des sacrifices, de la sorcellerie.
Souvent, l'action se déroule dans un village isolé, dans la forêt, dans la nature ; dans des endroits reculés et des milieux ruraux où les habitants se livrent à la nuit tombée à des rites païens sanglants. S'il est difficile de définir le folk horror et d'en poser précisément les limites, le film le plus emblématique reste à ce jour The Wicker Man. Ainsi, on peut dire que plus un film rappelle The Wicker Man, plus il est susceptible d'appartenir au genre.
Pour se préparer à Midsommar, ou pour s'en remettre, retour sur dix films emblématiques du folk horror, de Rendez-vous avec la peur au Bon apôtre.
Rendez-vous avec la peur (1957)
Si l'on excepte le documentaire horrifique muet La Sorcellerie à travers les âges, qui étudie la nature de la sorcellerie et du satanisme au cours de l'histoire, qui est le premier film à contenir une imagerie propre au folk horror, Rendez-vous avec la peur de Jacques Tourneur est l'un des premiers films représentatifs du genre. Le docteur John Holden, un savant américain, s'y rend à Londres afin d'enquêter sur la mort de son collègue, le professeur Harrington. Ce dernier lui a fait part de ses soupçons concernant le Dr Karswell, qu'il pensait lié à des forces démoniaques. Holden se rend vite compte que ces doutes n'étaient pas anodins...
Le Grand inquisiteur (1968)
Sorti en 1968, Le Grand inquisiteur est le premier film de la "unholy trinity", la "trinité impie" du folk horror. Il raconte les exploits meurtriers de Matthew Hopkins - incarné par Vincent Price -, chasseur de sorcières ayant vécu au XVIIe siècle, et qui s'autoproclamait "chasseur de sorcières en chef" et prétendait avoir été nommé par le Parlement pour traquer les femmes soupçonnées de sorcellerie durant la Première Révolution anglaise. Un remake, réalisé par John Hillcoat, est actuellement en pré-production.
Les Vierges de Satan (1968)
Dans Les Vierges de Satan, le duc de Richleau (Christopher Lee, qu'on retrouvera dans The Wicker Man en 1973), expert en démonologie, soupçonne son ami Simon et sa nièce Tanith d'être tombés sous la coupe d’une secte de satanistes. Il réussit alors à arracher le jeune homme de leurs griffes, mais pas Tanith, qui reste sous l'emprise du chef. Pour la sauver, le duc va devoir recourir à la magie blanche et se battre dans un combat à mort contre le mal.
La Nuit des maléfices (1971)
La Nuit des maléfices est le second titre de la "trilogie impie" du folk horror. Dans un petit village d'Angleterre, au XVIIIe siècle, un jeune homme du nom de Ralph Gower affirme avoir vu la marque du Diable, symbolisée par un crâne humain déformé recouverte d'une étrange fourrure, dans un champ qu'il labourait, mais le juge du comté, cartésien, n'y prête pas attention car les restes du cadavre ont disparu. Rapidement, des événements anormaux se produisent dans la bourgade, les villageois sombrent dans la démence. Face à un tel chaos, le juge comprend qu'il faudra abattre une bête démoniaque responsable de cette folie pour mettre un terme à ce cauchemar.
The Wicker Man (1973)
Le Dieu d'osier, que l'on connaît davantage sous son titre original, The Wicker Man, avec Christopher Lee, est le troisième film de la "trilogie impie" et si on ne devait retenir qu'une référence en matière de folk horror, ce serait celle-ci. Sur une île de la Manche où d'ordinaire rien ne se passe, des disparitions d'enfants finissent par alerter la police. L'enquête met au jour des évènements étranges. La population semble se livrer à des cérémonies d'un autre âge. Le film a eu droit à son remake en 2006 avec Nicolas Cage, mais mieux vaut l'oublier.
Les Démons du maïs (1984)
Adapté d'une nouvelle de Stephen King publiée dans le recueil Danse macabre en 1978, Les Démons du maïs raconte l'histoire d'un jeune garçon qui entraîne tous les enfants de son village à massacrer les adultes. Un jeune couple marié de passage dans le Nebraska percute en voiture d'un jeune hommevisiblement poignardé avant la collision. Lorsqu'ils rejoignent le village de Gatlin, ses seuls habitants sont une bande d'enfants psychotiques déterminés à les exterminer...
Le Projet Blair Witch (1999)
En octobre 1994, trois jeunes cinéastes disparaissent dans la forêt de Black Hill, alors qu'ils tournent un reportage sur la sorcellerie. Un an plus tard, on a retrouvé le film de leur enquête. Le Projet Blair Witch est un faux documentaire qui suit leur itinéraire éprouvant dans la forêt et rend compte des événements terrifiants qui s'y sont deroulés. Quand on pense au folk horror, Blair Witch ne vient pas immédiatement à l'esprit, pourtant il s'incrit tout à fait dans le genre.
Kill List (2011)
A sa sortie en 2011, Kill List, du cinéaste britannique Ben Wheatley, surprend car son synopsis ne laisse pas particulièrement présager un basculement dans le folk horror : meurtri dans sa chair et son esprit au cours d’une mission, Jay, ancien soldat devenu tueur à gages, se retrouve contraint d’accepter un contrat sous la pression de son partenaire Gal et de sa femme, Shen. Jay et Gal reçoivent de leur étrange client une liste de personnes à éliminer. À mesure qu’ils s’enfoncent dans l’univers sombre et inquiétant de leur mission, Jay recommence à perdre pied et plonge irrémédiablement au cœur des ténèbres.
The Witch (2015)
Avec The Witch, en 2015, Robert Eggers revient aux origines du folk horror et en propose une relecture soignée. Le film se passe en 1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation, menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres… et à soupçonner leur fille aînée de sorcellerie.
Le Bon apôtre (2018)
Retour aux sources du genre également our Gareth Evans en 2018. Sorti sur Netflix, The Apostle (Le Bon apôtre en français) raconte l'enquête d'un vagabond, en 1900, sur une île isolée, pour retrouver sa soeur, kidnappée par une dangereuse secte. Prédicateur mégalomane, rituels satanique, adoration de la nature...Tout y est.