Le documentaire Diego Maradona, présenté lors du dernier Festival de Cannes et qui sort ce mercredi dans les salles hexagonales, revient sur le destin hors du commun du légendaire footballeur argentin, et en particulier sur ses intenses années à Naples. Véritable génie sur les terrains, considéré comme un dieu en dehors, le charismatique numéro 10 aura connu des années fastes mais aussi des heures bien plus sombres.
Rencontre avec le réalisateur Asif Kapadia (Senna, Amy) pour évoquer ce documentaire qui dresse le portrait d'un homme aussi fort que fragile et vulnérable, aussi génial et fou que drôle et émouvant.
AlloCiné : Vous souvenez-vous du jour où vous avez découvert Diego Maradona pour la toute première fois ?
Asif Kapadia : Mon premier souvenir, ce sont les personnes gravitant autour de lui et qui faisaient tout pour que ce jeune joueur soit le meilleur joueur du monde. Ce devait être à l'époque de la Coupe du Monde 1982. Tout le monde disait qu'il était génial, qu'il allait être un joueur incroyable. Mais quand il est arrivé au Mondial, il n'était pas très bon. A cette époque, Maradona, c'était un peu un échec. Et cette année, c'est le Brésil qui était brillant. Tout le monde était amoureux du Brésil en 82 et Diego, lui, avait déçu. Puis je n'ai plus vraiment entendu parler de lui jusqu'à la Coupe du Monde suivante, en 1986. Il gagne la compétition avec l'Argentine, il bat l'Angleterre. C'est vraiment là qu'on s'est dit : "OK, ce type est le meilleur joueur du monde !"
Pourquoi avoir décidé de faire un documentaire sur lui en particulier ?
Je ne voulais pas juste faire un documentaire sur quelqu'un qui soit bon dans quelque chose. Il fallait qu'il y ait autre chose à laquelle s'accrocher. Je me rappelle avoir lu un livre sur Diego quand j'étais étudiant en cinéma, en 1998 ou 1999. Un ouvrage qui montrait ce "quelque chose", dans lequel je découvrais pour la première fois combien il était issu d'un milieu modeste, qui montrait tout ce qu'il avait accompli durant sa carrière, avec toutes les galères qu'il avait dû traverser.
Mais bon, à l'époque, je faisais des courts métrages, et je n'imaginais pas du tout faire un film sur Maradona, c'était irréaliste. Et puis je me serais plutôt vu faire des drames, et pas des documentaires. Quand on y pense... (il fait une pause) Passer mon enfance, assis dans un sofa, à regarder du sport, de la Formule 1 et du foot, m'a permis de faire deux films ! (rires)
Il y a beaucoup de choses chez Maradona. C'est un génie, il est un peu fou, mais il y a aussi de la mélancolie et de la tristesse chez lui, on dirait souvent un enfant...
Tout à fait, Diego est quelqu'un de très vulnérable, on voit en lui l'enfant perdu, quelque chose de doux qui fait qu'on s'y attache. Mais il y a également de l'égo, celui d'un homme qui avance grâce à son courage et ses actions. Tout est mélangé en un seul homme, qui fait des choses superbes mais aussi horribles. Mais c'est le même type. C'est l'idée du film avec cette opposition entre Diego et Maradona. C'est un seul homme qui a deux personnes différentes en lui.
Qui préférez-vous : l'homme Diego ou le joueur Maradona ?
J'ai rencontré les deux versions, mais je pense que je préfère Diego. Maradona est le joueur de foot, avec tout l'égo que cela implique, mais Diego est l'homme réel. Quoi qu'il en soit, c'est vraiment un personnage incroyable, complexe. Un héros, un dieu, un combattant, un gangster, un type très bon, mais qui a également un côté très sombre. Et c'est une star de cinéma !
La bande-annonce de "Diego Maradona" :