Organe issu du CNC visant à classifier les films et leurs bandes-annonces selon l'âge du public autorisé pour l'exploitation en salle, la Commission de classification des œuvres cinématographiques peut en outre recommander l'interdiction totale d'un film ou préconiser des avertissements sur le contenu ou la particularité d'une œuvre. De nature consultative, son avis est requis par le ministre de la Culture en préalable à l'octroi d'un visa d'exploitation.
Les cas qui nous intéressent ici sont les oeuvres qui sont interdites aux moins de 16 ans, AVEC avertissement. Cette interdiction assortie de la mention a logiquement frappé le film Pleasure, sorti le 20 octobre dernier. Ou encore le très violent The Sadness, en salles depuis le 6 juillet.
The Sadness
Pouvait-il en être autrement pour ce film qui s’est fait une réputation de long métrage quasi-insoutenable dans les divers festivals par lesquels il est passé ? Dont Locarno ou encore Gérardmer, où certains spectateurs pris de malaise ont dû être évacués. Même s’il frôle la complaisance sans jamais tomber dedans, l’opus signé Robert Jabbaz ne se refuse rien, et surtout pas d’aller très (trop ?) loin pour raconter cette histoire de virus qui fait ressortir le pire de l’âme humaine chez ses infectés. Si l’on a coutume de dire qu’il faut avoir le cœur bien accroché dès qu’il s’agit d’horreur, c’est vraiment le cas pour The Sadness. Et ça, la Commission de Classification l’a bien compris.
Pleasure
AVERTISSEMENT : Plusieurs scènes de violences et d’agressions sexuelles sont susceptibles de troubler gravement le public.
C'est après un second visionnage que la commission a proposé une interdiction aux mineurs de moins de seize ans assortie de l’avertissement en question. Passé par Cannes puis le Festival de Deauville avec succès, à mi chemin entre la fiction et le documentaire, Pleasure nous plonge dans les coulisses de l'industrie pornographique autour d'une jeune suédoise de 20 ans venue faire carrière dans le X à Los Angeles. Parvenir à communiquer sur le film n'est d'ailleurs pas de tout repos pour son distributeur, The Jokers Film, comme ils nous l'ont récemment confié.
The raid 2
AVERTISSEMENT : Certaines scènes de ce film sont de nature à heurter un jeune public.
Manifestement, The Raid 2 est bien plus qu'un simple film de baston. D'une durée de 2h30, cette suite ultraviolente d'un premier opus déjà bien chargé est au croisement entre le film de mafia et le simple "actioner" assorti d'arts martiaux. La bande-annonce promettait déjà beaucoup de sensations fortes. Le film tient largement ses promesses.
Funny Games
AVERTISSEMENT : Ce film peut placer les spectateurs dans une position insoutenable face à la description sans complaisance de l'angoisse et de la souffrance.
Les festivaliers de Cannes 1997 se souviennent encore de ce film choc signé Michael Haneke. L’histoire de cette famille séquestrée par deux jeunes sadiques a laissé une trace indélébile dans la mémoire des cinéphiles. Funny Games a donc fait l’objet d’une mesure d’interdiction aux moins de 16 ans, assortie d’un avertissement, malgré la relative pudeur de sa mise en scène. En 2007, le film a été remaké aux Etats-Unis plan par plan par Haneke lui-même. Pourtant, Funny Games US a simplement été interdit aux moins de 16 ans. Etonnant, non ?
Hostel
AVERTISSEMENT : De nombreuses images, d'une grande violence, peuvent impressionner les spectateurs.
On pouvait s’attendre à ce que ce film signé Eli Roth fasse l’objet d’une classification particulière. L’affiche, la bande-annonce, le bouche-à-oreille… tout nous promettait un festival de violence et de gore ! Le résultat n’a déçu personne. Hostel est instantanément devenu une figure de proue du genre «Torture Porn», qui fait la joie des cinéphages en quête de sensations fortes. Au programme : séquestration, sadisme, torture, horreur… La totale.
Irréversible
AVERTISSEMENT : Deux scènes très dures peuvent heurter la sensibilité de certains spectateurs.
Le film le plus sulfureux du festival de Cannes 2002 n’a pas échappé à l’œil vigilant des membres de la commission de classification. Pour sa longue scène de viol particulièrement éprouvante et le carnage dans une boîte de nuit homosexuelle, Irréversible écope d’une interdiction logique aux moins de 16 ans, avec un avertissement supplémentaire pour prévenir tout spectateur de la dureté du film.
J'ai rencontré le Diable
AVERTISSEMENT : Ce film comporte des scènes très violentes et sanglantes qui sont susceptibles de heurter la sensibilité de certains spectateurs.
La traque implacable d’un sérial killer de Séoul par un agent des services secrets s’avère beaucoup plus sanglante que prévue. En quête de vengeance, le héros dont la femme a été victime du tueur va aussi devenir monstrueux. Les sévices détaillés qu’il inflige au bourreau, devenu victime, propulsent le film dans les hautes sphères de l’ultraviolence. En découle cette classification si rarement attribuée.
Martyrs
AVERTISSEMENT : Ce film inflige des images extrêmement éprouvantes exposant le supplice d’une jeune femme. Sa vision comme son interprétation requièrent des spectateurs préparés et distanciés.
Interdit aux moins de dix-huit ans en première instance, Martyrs a dû repousser sa sortie en salle de plusieurs mois pour s’offrir la chance d’un recours auprès de la ministre de la culture (Christine Albanel, alors). Après un second visionnage en séance plénière, la Commission de Classification a finalement décidé de revoir son avis à la baisse, à la grande satisfaction des producteurs et du distributeur du film.
Saw 4
AVERTISSEMENT : Ce film comporte des scènes de très grande violence particulièrement éprouvantes.
A l’exception de Saw 3 - seul film interdit en France aux moins de 18 ans pour sa violence – les épisodes de la saga «Saw» sont interdits aux moins de 16 ans. Seuls deux d’entre eux sont assortis d’un avertissement : Saw 4 et Saw, chapitre final (le septième de la série). Avec Hostel 1 & 2, les différents épisodes de Saw ont installé les codes du genre «Torture Porn», une sous-catégorie très radicale du film d’horreur centrée sur le calvaire enduré par les personnages principaux.
Schizophrenia
AVERTISSEMENT : Certaines scènes de ce film peuvent heurter gravement la sensibilité des spectateurs même adultes.
Difficile de rester de marbre devant la violence de cet OVNI du cinéma. A peine sorti de prison, un tueur sadique n’a qu’une idée : récidiver. Il pénètre donc dans la première maison qu’il voit et zigouille cruellement toute la famille qui y vit. Pour couronner la réputation du film, Gaspar Noé (le réalisateur du controversé Irréversible) a souvent déclaré que Schizophrenia était son film favori. Une information qui fait office d’avertissement en soi.
Frontière(s)
AVERTISSEMENT : Ce film accumule des scènes de boucherie particulièrement réalistes et éprouvantes.
L’équipe d’Europacorp qui distribuait le film ne s’attendait sans doute pas à une classification aussi restrictive pour Frontière(s). Elle a donc tourné l’avertissement qui accompagnait l’interdiction aux moins de 16 ans en sa faveur. Sur les affiches du film, on pouvait lire, inscrit en immenses caractères : « CE FILM ACCUMULE DES SCENES DE BOUCHERIE PARTICULIEREMENT REALISTES ET EPROUVANTES ». Une mesure restrictive est donc devenue un argument de promotion pour ce film très gore. Malin.
Wolf Creek
AVERTISSEMENT : Cette classification est justifiée par le climat continu d'angoisse et de sadisme du film et des scènes de torture difficilement soutenables.
De tous les films précédemment cités, Wolf Creek est peut-être le moins impressionnant dans ce qu’il propose au spectateur. Mais sa qualité de « film inspiré d’une histoire vraie » porte le propos plus loin dans le sordide. La mésaventure de ces trois touristes perdus en Australie et capturés par un routier est d’une barbarie saisissante. Difficile de ne pas penser que, parfois, la réalité dépasse la fiction.