Le poids du mensonge
La seconde partie de Big Little Lies reprend là où nous avions laissé nos héroïnes deux ans plus tôt. Un été s'est écoulé depuis la mort de Perry (Alexander Skarsgård), déclarée comme accidentelle par le groupe à la police. Alors que Madeline (Reese Witherspoon), Celeste (Nicole Kidman), Jane (Shailene Woodley), Renata (Laura Dern), et Bonnie (Zoë Kravitz) se retrouvent à Monterey pour la rentrée des classes, tout semble leur réussir à nouveau, maintien des apparences oblige dans une ville où la réussite socio-professionnelle prime sur tout le reste. Madeline mène désormais une carrière d'agent immobilier, Jane a trouvé du travail au sein de l'aquarium de la ville et flirte avec un de ses collègues, et Renata est une business woman en pleine ascension. Celeste, quant à elle, lutte pour se reconstruire et remettre sa vie de famille sur les rails après la mort de son mari violent. Seule Bonnie semble s'être murée dans le silence et la solitude après le drame qui les a liées. Souvent utilisée en transition, l'image menaçante du fracas des vagues de l'océan sur la côte californienne indique que le bonheur précaire des héroïnes s'apprête à voler en éclats.
Tandis que la première saison se déroulait en crescendo vers le drame, grâce au suspense créé par les séquences d'interrogatoire du FBI en flashforward, la saison 2 expose les conséquences directes du mensonge qui unit les "Monterey Five", comme elles sont désormais surnommées par les habitants suspicieux. Madeline, dans le déni de ce qui s'est passé, reproche à Bonnie de se renfermer sur elle-même et d'attirer les soupçons de son entourage. Contrainte de mentir au sujet de la mort de Perry, qu'elle a provoquée accidentellement en voulant protéger Celeste, ce mensonge dévore la jeune femme et finit par contaminer tout le groupe.
Tour à tour, chacune est déstabilisée par un élément perturbateur : le principal étant Marie-Louise, la mère de Perry (Meryl Streep), venue épauler Celeste et ses deux enfants durant leur deuil. Bien vite, son apparente douceur se révèle menaçante, alors qu'elle soupçonne Celeste et son amie Madeline de lui cacher la vérité sur la mort de son fils adoré. Pendant ce temps, l'agent du FBI chargée de l'enquête sur Perry continue à les observer de loin, et il se murmure que l'investigation serait toujours en cours. Grande thématique de la série, les conséquences des mensonges des adultes vont bien vite se répercuter sur leur progéniture. Rien n'échappe aux enfants, et ne dit-on pas que la vérité sort de leur bouche ? En résumé, les "Monterey Five" sont loin d'être à l'abri, comme le souligne le titre de l'épisode, "What have They Done" (Mais qu'ont-elles fait ?)
Une partition féminine
Adaptation du roman éponyme de Liane Moriarty, Big Little Lies prolonge l'histoire originale avec cette deuxième partie inédite, qui continue à dépeindre la satire d'une classe sociale élitiste et bourgeoise repliée sur elle-même, symptôme des travers de l'Amérique actuelle. Chaque actrice reprend ses marques avec naturel et simplicité, au point de nous faire oublier que chacune est une star hollywoodienne à elle seule tant elles conjuguent leur talent au service de la série. Reese Witherspoon est toujours aussi volubile et touchante, Nicole Kidman continue de livrer une performance délicate et sensible, et Laura Dern se lâche complètement pour notre plus grand plaisir, en s'octroyant des répliques plus savoureuses les unes que les autres. Zoë Kravitz, toute en retenue, donne beaucoup de profondeur à son personnage qui avait tendance à nous agacer par son irréprochabilité en saison 1. Enfin, guest star de cette saison 2, Meryl Streep, glaçante, est passée maître dans l'art du ton passif-agressif. Dans le rôle d'une mère inconsolable prête à en découdre avec Madeline et sa bande, l'actrice multi-oscarisée se font avec un naturel déconcertant dans l'univers de la série.
Une partition chorale sublimée par une direction artistique envoûtante et oppressante, faites de gros plans et de caméra portée. Il y a également du nouveau derrière cette caméra, puisque c'est la talentueuse britannique Andrea Arnold (Fish Tank, American Honey, I Love Dick) qui reprend les manettes de la réalisation, sous la direction du showrunner David E. Kelley (Ally Mc Beal, The Practice) et de Jean-Marc Vallée, producteur exécutif, qui avait su donner son ton si particulier à Big Littles Lies en saison 1.
Il nous tarde de découvrir la suite de ce premier épisode, qui s'inscrit avec habileté dans la continuité directe de la première partie. On replonge avec délectation dans les intrigues de Monterey, comme si ces deux années d'attente s'étaient écoulées en un battement de cils.
Big Little Lies est diffusée chaque lundi à 21h en US+24 sur OCS City. Découvrez la bande-annonce :