Entre Matthew Vaughn et les X-Men, ce qui devait être une belle histoire d'amour a finalement tourné à la série de rendez-vous manqués : au milieu des années 2000, le réalisateur est appelé à la rescousse pour remplacer Bryan Singer, qui a préféré aller ressusciter Superman que diriger L'Affrontement final. Mais sa vision, crépusculaire et voulue proche d'Impitoyable dans le ton, est trop sombre pour les producteurs qui optent pour Brett Ratner lorsque le metteur en scène claque la porte. Sa deuxième chance sera cependant la bonne et il signe, avec Le Commencement (First Class en VO), un excellent prequel en forme de film d'espionnage sur fond de Guerre Froide qui revient sur la rencontre entre Charles Xavier et Erik Lensherr, futur Magneto.
Sorti en 2011, le long métrage ne rapporte que 353,6 millions de dollars dans le monde mais la Fox propose à Matthew Vaughn et ses interprètes, James McAvoy et Michael Fassbender en tête, de rempiler pour Days of Future Past, dont le réalisateur se détournera finalement au profit de Kingsman, ne voulant pas diriger de suite. Du moins le pensait-on à l'époque, car le principal intéressé révèle aujourd'hui que son départ est lié à des divergences de point de vue avec la Fox et qu'il voulait réaliser un opus intermédiaire avant de boucler sa trilogie avec l'adaptation du run de Chris Claremont et John Byrne : "L'une des raisons pour lesquelles je n'ai pas continué, c'est qu'ils ne m'ont pas écouté", explique-t-il à Comingsoon dans le cadre de la promotion de Rocketman, dont il est producteur.
Hollywood ne comprend pas la notion de rythme
"Mon plan était d'avoir Le Commencement, puis un second film avec un Wolverine rajeuni dans les années 70 pour continuer de développer ces personnages, ma version des X-Men, pour que vous puissiez mieux les connaître. Et mon final devait être Days of Future Past. Ce devait être mon épisode 3, celui où tu réunis tout le monde… car qu'y a-t-il de plus gros que de réunir [Ian] McKellen, Michael [Fassbender], [Patrick] Stewart et James [McAvoy] ? Quand j'ai terminé une version prête à filmer de Days of Future Past, je me suis dit 'Ce serait amusant de caster Tom Hardy ou quelqu'un d'autre en Wolverine jeune et de rassembler tout le monde à la fin.' Mais quand la Fox a lu Days of Future Past, c'était plutôt 'Oh c'est trop bien ! Nous devons le faire maintenant !'"
"Je leur ai alors dit 'Et que faites-vous ensuite ? Croyez-moi, vous ne pouvez aller nulle part.' Et puis ils ont fait Apocalypse, et c'est… Tourné dans ce sens, ça aurait été meilleur. Hollywood ne comprend pas la notion de rythme. Leurs producteurs conduisent à 160 km/h en regardant dans le rétroviseur et se demandent pourquoi ils se sont crashés." Outre le fait que bon nombre des blockbusters actuels donnent effectivement l'impression d'aller trop vite, ces propos expliquent plusieurs choses, à commencer par la disparition de plusieurs des personnages du Commencement, notamment ceux joués par Caleb Landry Jones et Zoë Kravitz, dont nous apprenons la mort au détour d'un document qui apparaît de manière furtive.
Crédité en tant que co-auteur de l'histoire aux côtés de Jane Goldman et Simon Kinberg (qui signe le scénario mis en scène par Bryan Singer), Matthew Vaughn voit Days of Future Past devenir le plus gros succès de la saga dans les salles mondiales (747,8 millions de billets verts)… et constate qu'il avait raison face aux critiques reçues par Apocalypse, l'un des opus les moins aimés de toute la franchise. Dark Phoenix, qui adapte à nouveau l'arc narratif au cœur de L'Affrontement final, parviendra-t-il à rectifier le tir ? Réponse à partir du 5 juin.