Plus qu’un simple interprète, Jean-Pierre Leaud aura été pour François Truffaut une véritable muse, mais également un alter-ego grâce à la série des Antoine Doinel, un cycle en 5 films consacrés à un même personnage aux divers stades de sa vie sentimentale. Une collaboration iconique dans l’Histoire du cinéma qui débute donc en 1959 avec Les 400 Coups, la première réalisation du cinéaste, qui marque au passage la naissance des films de la Nouvelle Vague par la "bande des Cahiers du cinéma" (Truffaut, Godard, Chabrol, Rohmer et Rivette).
Réaliser un film autobiographique n’est pas un exercice simple, et pour parvenir à ses fins, il est essentiel de trouver l’interprète idéal pour s’incarner sur le grand écran. Un vaste casting est donc passé auprès de tous les jeunes garçons de l’époque, et la perle rare est finalement trouvée en la personne de Jean-Pierre Leaud. Il faut dire que dès ces essais, le comédien herbe crève l’écran avec une prestation impressionnante, servie par un charisme incontestable et un irrésistible sens de la répartie : un héros du cinéma français est alors né.
Un coup d’essai, mais surtout un coup de maître, puisque Les 400 Coups vaudra à François Truffaut le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1959, tandis que Jean-Pierre Leaud sera quant à lui intronisé égérie de la Nouvelle Vague ; tout au long de leur carrière, les deux hommes se retrouveront, aussi bien dans le cadre du cycle Doinel (Antoine et Colette, Baisers volés, Domicile Conjugal, L’Amour en fuite) que pour d’autres film tout autant marquants (La Nuit américaine, Les Deux anglaises et le continent).
Les 60 ans des 400 Coups sont donc l’occasion de célébrer de nouveau cette formidable collaboration, mais aussi de se souvenir que le cycle Doinel restera à jamais inachevé, le sixième volet n’ayant pu être tourné avant la mort de Truffaut, le 21 octobre 1984 à l’âge de 52 ans.