Des débuts difficiles
Présentée comme une origin-story de Batman et de ses principaux ennemis, la série DC Comics Gotham fait ses grands débuts sur la chaîne FOX à l’automne 2013. Attendu de pied ferme par les fans de super-héros, le pilote génère pourtant des échos mitigés, suivi au fil des semaines par des retours globalement négatifs. La faute semble-t-il à un format épisodique (une enquête par semaine), qui fait très vite passer la série pour un feuilleton policier avec pour seule originalité de situer son action dans les rues de Gotham City.
Plutôt injuste, ce constat va toutefois s’effacer alors qu’une mythologie des personnages va peu à peu s’installer. Simple sous-fifre de la caïd du crime Fish Mooney, le Pingouin va alors s’imposer comme le futur méchant principal de la série, tandis que les relations d’Alfred et de Bruce Wayne ne vont pas décevoir les fans des deux protagonistes.
Puis, un certain nombre de personnages iconiques vont alors faire leur apparition : Edward Nygma va sombrer dans la folie, une jeune Poison Ivy sera au coeur d’une des enquêtes et un certain Jerome Valeska – à première vue parfaitement sain d’esprit – va se révéler être le Joker (ce que nous croyions du moins, avant que les saisons suivantes nous révèlent finalement que c’est son frère jumeau qui deviendra le terrifiant clown).
A trop vouloir satisfaire l’appétit des fans, la série s’est parfois précipité dans l’abondance de références et de personnages. Introduit dès la première saison, Harvey Dent – le futur Double-Face – va ainsi disparaître subitement, probablement parce qu’il aurait été beaucoup trop tôt pour que son alter-ego maléfique puisse apparaître.
En définitive, si la série a eu du mal à démarrer, c’est probablement parce qu’elle ne savait pas quel ton adopter : une série policière inspirée de l’univers de Batman ? Une authentique origin-story de l’univers DC Comics ? Quelle incarnation du Chevalier Noir suivre ? Mais finalement, c’est grâce à son noyau de fans inconditionnels que la série a su se libérer de ces contraintes, pour adopter un ton beaucoup plus libre, quitte à frôler parfois le ridicule (le duo Nygma / Oswald).
Gotham s’arrête, Batman begins
Renouvelée pour une cinquième et dernière saison, Gotham n’avait donc plus rien à perdre, et douze épisodes étaient amplement suffisant pour relever le défi de mener chacune des intrigues vers leur point de départ dans la mythologie Batman : Jeremiah devient le Joker, Gordon est nommé commissaire, Barbara Kean met au monde Barbara Lee (future Batgirl), et Bruce Wayne quitte Gotham City pour mieux revenir dix ans plus tard sous les traits du Chevalier Noir.
On le savait dès le début : la série s’achèverait par l’arrivée de Batman, le gardien protecteur né le soir où Thomas et Martha Wayne ont été abattus en pleine rue par une vulgaire malfaiteur. Depuis ce meurtre, Bruce s’est mu de jeune orphelin milliardaire à soldat pour la paix, tandis que le crime a continué à gangrener les rues de la ville avec l’arrivée de nouveaux villains : Mr. Freeze, l'Epouvantail, Bane…
En cela, Gotham a parfaitement tenu ses promesses d’origin-story. L’autre qualité de la série aura été de trouver son ton propre : alors que beaucoup d’incarnations de Batman ont vu le jour au cinéma et à la télévision, Gotham a décidé de s’inspirer de toutes. Ainsi, son final rend à la fois hommage au Batman Begins de Christopher Nolan (Batman atterit sur le toit d’une limousine pour en extirper ses occupants), Batman le défi de Tim Burton (l’introduction de la nouvelle Catwoman qui rappelle une mythique scène de danse de l’incarnation signée Michelle Pfeiffer) et même à la kitschissime série des années 60 (le duo bouffi-bouffon Nygma / Osward et leur sous-marin).
Une nouvelle ère de l’univers DC à la télévision ?
Et si la fin de Gotham, suivie dans quelques mois par l’arrêt définitif d’Arrow, marquait la fin d’une ère pour l’univers DC Comics à la télévision ? Avec le lancement l’an passé de la plate-forme DC Universe (inaccessible en France), tout laisse en effet à penser que les prochaines séries du label seront diffusées exclusivement sur ce média, rejoignant ainsi au catalogue les séries Titans (disponible chez nous sur Netflix), Doom Patrol et Swamp Thing.
N’oublions cependant pas de signaler qu’une nouvelle origin-story verra prochainement le jour sur la chaîne câblée Epix : intitulée Pennyworth, cette nouvelle production retracera la jeunesse du majordome Alfred, ses premières années en Angleterre, son parcours militaire, jusqu’à – on l’imagine – son embauche par le couple Wayne pour l’entretien de leur manoir et l’éducation de leur fils Bruce. Attendue pour le 28 juillet prochain, la série ne dispose toutefois pas encore de date de diffusion française.